La Chronique Agora

Guerre commerciale, taux, et scandales : Trump frappe tout azimut

Résurgence macabre des guerres commerciales, menaces tarifaires, coup de pression inédit sur la Fed… et un scandale explosif – miraculeusement volatilisé – qui révèle à quel point l’empire américain glisse vers la décadence.

La semaine dernière a apporté plus que son lot habituel de surprises. Ce fut une semaine invraisemblable, et nous avons pu assister au premier miracle accompli par une personnalité publique depuis que Moïse a séparé les eaux de la mer Rouge.

On croyait que les guerres commerciales avaient trouvé le repos dans leurs tombes. Mais la semaine dernière, elles sont revenues d’entre les morts, sinistres et terrifiantes.

Après l’abandon du programme de droits de douane « réciproques », le principal économiste charlatan de l’administration, Peter Navarro, avait promis « 90 accords en 90 jours ». Les négociateurs se sont donc mis à l’ouvrage. Mais après trois mois, seulement trois accords avaient vu le jour. L’un avec le Royaume-Uni – avec lequel les Etats-Unis affichaient un excédent commercial – et les deux autres, avec la Chine et le Vietnam, paraissent douteux et ont peu de chances de tenir la route.

Peut-être frustré par l’absence de progrès, le président américain s’en est d’abord pris au Japon et à la Corée. The Irish Star rapporte :

« Donald Trump relance la guerre commerciale mondiale en imposant des droits de douane spectaculaires de 25 % au Japon et à la Corée du Sud. »

Les tirs de barrage tarifaires se sont ensuite enchaînés si rapidement que la presse peinait à suivre. USA Today :

« Le président Donald Trump menace d’appliquer des droits de douane pouvant atteindre 200 % sur les produits pharmaceutiques et a imposé des droits de 50 % sur les importations de cuivre, propulsant le cours du métal à un sommet historique. »

Puis, selon CBS :

« Trump menace le Canada de droits de douane de 35 %. »

Et NBC :

« Trump promet de frapper l’Union européenne et le Mexique avec des droits de douane de 30 %. »

Mais la plus étrange des menaces tarifaires n’avait rien à voir avec le commerce : elle touchait à la politique intérieure d’un autre pays.

Fait inédit dans l’histoire de la « guerre commerciale » : le président américain utilise désormais la menace des tarifs pour influer sur la politique interne de nations souveraines. CNN rapporte :

« Trump menace le Brésil de droits de douane de 50 % s’il ne met pas fin au procès de la ‘chasse aux sorcières’ de Bolsonaro. »

Au milieu de ces salves tarifaires, une autre surprise est apparue. En mai dernier, le président réclamait déjà une baisse de 1 % du taux directeur de la Fed. Mercredi dernier, cette exigence a triplé.

« Notre taux directeur est trop élevé d’AU MOINS 3 points. Ce ‘retard’ coûte aux Etats-Unis 360 milliards de dollars par point, PAR AN, en coûts de refinancement. Pas d’inflation, les entreprises affluent en Amérique. Le pays le plus désirable du monde ! BAISSEZ LES TAUX !!! » a publié Trump sur Truth Social.

Autrement dit, le président affirme qu’une baisse des taux de trois points – soit 3 % – permettrait aux Etats-Unis d’économiser plus de mille milliards de dollars en intérêts. Soit. Mais si l’on réduit ainsi le rendement des bons du Trésor, qui voudrait encore les acheter ? Personne !

La Fed devrait alors « imprimer » de l’argent, et les obligations américaines comme le dollar s’effondreraient – précipitant les Etats-Unis dans une crise du crédit, un chaos et la récession tant redoutée.

Mais, aussi spectaculaire fut-il de s’en prendre à l’économie avec des barrières douanières et des taux d’intérêt artificiels, le plus étonnant restait encore à venir.

Nous n’en parlons que parce que cela suggère que l’empire est vraiment entré dans une phase sombre et décadente, typique d’une puissance en déclin.

Pam Bondi, procureure générale du pays, a affirmé il y a quelques semaines avoir reçu sur son bureau le dossier criminel le plus explosif de l’histoire américaine. Il s’agissait, selon ses propres mots, d’une « liste de clients » d’un pédophile notoire, liste qui désignait certains des hommes les plus riches et influents du monde – Bill Clinton, Bill Gates, le prince Andrew et même son vieil ami, Donald Trump.

Nous ignorons ce que Mme Bondi pense des soucoupes volantes ou de l’Immaculée Conception, mais quand elle nous dit qu’un tel document était « sur son bureau », on pourrait croire qu’elle le protègerait comme la prunelle de ses yeux. Et pourtant, à la fin de la semaine dernière, elle affirmait qu’elle n’avait jamais eu ce dossier et qu’elle ne comptait pas le chercher… parce qu’il n’a jamais existé.

Un miracle : tout s’est évaporé !

En logique, on appelle cela le principe de non-contradiction : une chose ne peut être vraie et fausse à la fois ; elle ne peut pas être là et ne pas être là.

Que contenait donc ce qui était « sur son bureau » ? Peut-être n’était-ce pas un document susceptible d’incriminer les plus grandes fortunes du pays, mais simplement sa liste de courses – deux laitues et un pack de six.

N’importe qui pourrait confondre… Une note capable de ruiner des réputations et de mettre à nu l’élite internationale avec une liste d’aliments à acheter. Difficile donc d’en vouloir à Mme Bondi.

D’ailleurs, la presse n’a pas jugé utile de savoir qui figurait sur cette liste ; c’est, paraît-il, une affaire de politique intérieure. Donald Trump, lui, a tweeté :

« Que se passe-t-il avec mes ‘garçons’ et, parfois, mes ‘filles’ ? Ils s’en prennent tous à la procureure générale Pam Bondi, qui fait un TRAVAIL FANTASTIQUE ! »

Et pourtant, pendant ce temps, Ghislaine Maxwell tourne en rond derrière un grillage, dans une prison fédérale en Floride. Si elle purge sa peine comme prévu, elle fera encore environ 6 500 tours de piste avant sa libération. Son crime : trafic sexuel de mineures.

La question à laquelle cette « liste » était censée répondre est simple : vers qui ces filles étaient-elles dirigées ? Qui se trouvait à l’autre bout de la chaîne ?

Ni la presse ni l’Etat profond – aujourd’hui dirigé par Bondi, Patel et consorts – ne veulent le dire. Mais si ces clients n’ont jamais existé, pourquoi Mme Maxwell (fille de Robert Maxwell, soupçonné d’être un espion israélien) tourne-t-elle en rond, jour après jour, sur cette piste de Tallahassee ?

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