La Chronique Agora

Trump assume le dilemme de « l’inflation ou la mort »

On ne peut pas vraiment réduire les dépenses sans s’attaquer aux grands programmes de dépenses. Aucun des deux candidats aux élections américaines n’est disposé à le faire. Et le Congrès a fait preuve d’encore moins de courage : il réduira les impôts… mais pas les dépenses.

Voici les dernières nouvelles. Bloomberg :

« Trump menace maintenant d’imposer des droits de douane de 100%… à moins que vous n’utilisiez le dollar qu’il est déterminé à déprécier.  

Donald Trump s’est engagé samedi à faire en sorte qu’il soit trop coûteux pour les pays d’abandonner l’utilisation du dollar américain, ajoutant un nouveau pilier à sa plateforme tarifaire. ‘Si vous abandonnez le dollar, vous ne ferez pas d’affaires avec les Etats-Unis, car nous imposerons des droits de douane de 100 % sur vos marchandises’, a déclaré le candidat républicain à la présidence lors d’un rassemblement dans l’Etat du Wisconsin. Cette déclaration fait suite à des mois de discussions entre M. Trump et ses conseillers économiques sur les moyens de pénaliser les alliés ou les adversaires qui cherchent à s’engager activement dans le commerce bilatéral dans des monnaies autres que le dollar. »

Trump est le premier homme politique américain à révéler cette partie de l’escroquerie. L’idée est de gonfler la valeur du dollar américain, mais aussi de piéger les étrangers pour qu’ils utilisent la monnaie qui se déprécie.

C’est soit l’inflation soit la mort. L’économie américaine est peut-être un zombie grotesque dont la dette croît trois fois plus vite que le PIB. Mais aucun des deux partis politiques n’a le courage de lui planter un pieu dans le coeur. Il y aura donc de l’inflation.

Et Donald Trump menace d’aggraver la situation.

Comme nous le savons, l’augmentation de la dette nationale entraîne également une hausse du coût du service de la dette (les intérêts). Déjà supérieur à 1 000 milliards de dollars par an, le gouvernement fédéral doit alors emprunter plus d’argent pour le payer. Et cela les conduit (hélas) à « imprimer » de l’argent.

Lors de sa campagne en 2016, M. Trump a proposé d’aider à résoudre ce problème non seulement en équilibrant le budget, mais aussi en remboursant la dette nationale. Bien entendu, cela ne s’est pas produit. Au lieu de cela, ses quatre années à la Maison-Blanche ont vu la dette passer de 20 000 milliards de dollars à 28 000 milliards de dollars, soit une augmentation de 40%.

Aujourd’hui, il se présente à nouveau aux élections… et promet d’autres merveilles. Le Washington Post rapporte :  

« M. Trump s’engage à rendre permanentes les mesures de sa première loi fiscale, ce qui pourrait alourdir la dette de 4 000 milliards de dollars supplémentaires. Bon nombre de ces dispositions fiscales doivent expirer l’année prochaine. Plusieurs autres projets soutenus par M. Trump, notamment l’élimination des taxes sur les pourboires et une nouvelle réduction du taux d’imposition des sociétés, porteraient le total de ses projets de réduction d’impôts à plus de 6 000 milliards de dollars, voire à 7 000 milliards de dollars, selon des experts budgétaires non partisans.   

Bloomberg News a estimé le coût à 10 000 milliards de dollars ; ce chiffre inclut un crédit d’impôt de 5 000 dollars par enfant demandé par le sénateur JD Vance (R-Ohio), le colistier de M. Trump, que ce dernier n’a pas approuvé… » 

Il faut reconnaître le mérite de M. Trump. Qui d’autre aurait les cojones de suggérer d’ajouter 7 000 milliards de dollars à la dette nationale ? Mais attendez. Il affirme que cette fois-ci, il compensera les réductions d’impôts par des réductions de dépenses. Le Post poursuit :

« Dans un discours prononcé jeudi à l’Economic Club de New York, M. Trump a promis des ‘milliers de milliards’ de dollars de réduction des dépenses grâce à une nouvelle commission gouvernementale… qui permettrait d’économiser ‘des milliers de milliards de dollars – des milliers de milliards’. C’est énorme. Pour le même service que celui que nous avons actuellement. ‘Nous allons recevoir beaucoup d’argent. Nous allons travailler sur la dette nationale’, a déclaré M. Trump. ‘Nous devons la réduire…’ » 

Ha. Ha. Ces gens sont-ils nés hier ? Ou pensent-ils que nous sommes nés hier ? Bien sûr, il y a des milliers de milliards qui pourraient être réduits dans les dépenses fédérales. Mais chacun de ces dollars, comme de la viande crue jetée à une meute de hyènes, sera dirigé vers quelqu’un qui a les dents acérées.

L’équipe de Trump prétend qu’elle va éliminer le « gaspillage ». Mais il n’y a pas de « gaspillage » à Washington. Chaque centime permet d’acheter de l’influence, et l’influence achète Washington.

M. Trump affirme également qu’il ne touchera pas à la Sécurité sociale, à Medicare, aux prestations des anciens combattants ou à l’armée. Mais…

« D’un point de vue purement mathématique, si vous parlez de réduire des milliers de milliards de dépenses, vous parlez de réduire Medicare, la sécurité sociale ou les prestations aux anciens combattants. Il n’y a pas d’autre moyen de faire fonctionner ce calcul », a déclaré Bharat Ramamurti, qui a été directeur adjoint du Conseil économique national de la Maison-Blanche sous la présidence de M. Biden.

Et voilà.

On l’a. L’inflation. La fin de l’empire. La fin du dollar. Un Etat en faillite. Tout est là. On ne peut pas vraiment réduire les dépenses sans s’attaquer aux grands programmes de dépenses. Aucun des deux candidats n’est disposé à le faire. Et le Congrès a fait preuve d’encore moins de courage : il réduira les impôts… mais pas les dépenses.

Et si réduire les impôts vous aide à être élu, et ne pas réduire les dépenses vous aide à être élu, alors les personnes qui sont élues sont beaucoup plus susceptibles de réduire les impôts que les dépenses. Et les déficits, la planche à billets et l’inflation sont bien plus susceptibles d’être la voie à suivre qu’un budget responsable.

La dernière proposition de M. Trump n’est qu’un moyen de faire supporter aux étrangers une partie des pertes.

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