Lorsque la monnaie est corrompue, le système le devient aussi – et, progressivement, les individus qui le composent cèdent à leur tour.
Avec la folie entourant l’impeachment de Donald Trump, peu de gens l’ont remarqué…
… Mais lundi, les autorités américaines ont annoncé des mesures budgétaires se montant à 1 400 Mds$ – qui viendront ensuite ajouter quelque 1 700 Mds$ de dépenses supplémentaires sur les 10 prochaines années.
En d’autres termes, le Congrès se déchire peut-être autour du processus de destitution, mais il n’a aucun mal à faire ami-ami lorsqu’il s’agit de dépenser plus et de faire faillite…
On ne peut pas éternellement dépenser plus qu’on ne gagne
Du début de ce siècle à la semaine dernière, la dette fédérale américaine a quadruplé. Elle était de moins de 6 000 Mds$ en 1999. Elle dépasse désormais les 23 000 Mds$. Aucun pays… nulle part… à aucun moment… n’a jamais pu éternellement dépenser plus qu’il ne perçoit.
Mais la faillite nationale n’est pas seulement une question d’argent. C’est bien pire. Ces milliards de dollars empruntés (en grande partie miraculeusement matérialisés à partir de rien grâce aux taux ultra-bas de la Réserve fédérale et ses programmes d’assouplissement quantitatif) ont transformé les institutions américaines en marigot graisseux.
Le Congrès, par exemple, préside actuellement à la tromperie solennelle d’une « destitution ». Mais au lieu de la procédure judiciaire digne demandée par la Constitution, où les membres évaluent sérieusement les preuves avant de rendre leur verdict, toute l’affaire s’est transformée en un numéro de clowns partisans.
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, nous arrivons au cœur de la question. Nous l’évitons depuis longtemps. Elle était trop complexe… trop subtile. Nous n’avions pas le temps d’y réfléchir pleinement… ou de comprendre comment les points se correspondent.
Voici la question : lorsque la monnaie tourne mal, comment se fait-il que le reste tourne mal aussi ?
Pourquoi les Etats-Unis, pourquoi maintenant ?
Dans les cas extrêmes, c’est évident. L’hyperinflation, par exemple, détruit l’économie, poussant les gens au désespoir.
Au Venezuela, on ne comptait que 50 kidnappings par an avant que Chávez prenne le pouvoir. A présent, alors que l’inflation atteint le million de pourcents par an, les vols et les enlèvements se produisent « tout le temps ». Le gouvernement ne suit même plus les statistiques.
Mais pourquoi aux Etats-Unis ? Pourquoi maintenant ?
Pourquoi le Pentagone mettrait-il ses soldats – sans parler des finances de la nation – en danger pour mener des guerres n’ayant aucun sens ?
Pourquoi la presse se transformerait-elle en défenseur inconditionnel du Deep State, sans jamais remettre sérieusement en question les conflits inutiles à l’étranger… et les déficits inconsidérés à domicile ?
Pourquoi le parti républicain abandonnerait-il les principes de gouvernement limité et de budgets équilibrés qui l’ont guidé pendant 150 ans ?
Argent mal gagné
Bien entendu, les réponses sont nombreuses – et fuyantes. Mais nous savons que l’argent qu’on n’a pas gagné corrompt les gens individuellement.
Les enfants des riches comme des pauvres s’en trouvent souvent ruinés. Les gagnants de la loterie en viennent fréquemment à regretter le jour où ils ont touché le gros lot. De vastes sommes corrompent les jeunes héros du sport et les stars de la télévision. Est-il surprenant que cela corrompe aussi des sociétés entières ?
Comment ?
L’argent marque les relations entre les gens. L’un est maître ; l’autre est serviteur. L’un est producteur ; l’autre est consommateur. L’un est débiteur… l’autre est créditeur.
Imaginons que vous passez une journée à fabriquer un tabouret, pour lequel on vous paie 50 $. Cet argent récompense votre effort… et mesure la nouvelle richesse que vous avez créée.
Vous pouvez épargner cette richesse… la transférer… ou la transmettre aux futures générations. Vous l’avez gagnée. Et elle vous donne 50 $ d’avance sur les gens qui n’ont rien engrangé ce jour-là. A présent, si l’on suppose que le taux en vigueur est de 50 $ par jour, avec cet argent, vous pouvez « acheter » une journée de travail de quelqu’un d’autre.
Le rythme auquel la race humaine s’enrichit… le rythme de l’innovation technologique… les politiques de taux d’intérêt de la Fed – rien de tout cela n’est pertinent. Ce qui compte, ce sont les 50 $ et leur reflet fidèle de qui doit quoi à qui.
Si rien ne change, vous devriez pouvoir acheter un tabouret pour 50 $ des années après.
En revanche, si le progrès technologique divise par deux le temps nécessaire pour fabriquer un tabouret, vous devriez pouvoir acheter deux tabourets. Si la productivité a doublé, un fabricant de tabourets devrait pouvoir en produire deux fois autant en une seule journée. Mais la relation de base entre vous et les autres reste inchangée.
Floués par le système
C’est là que les « prix-temps » – une théorie développée par les économistes Gale Pooley et Marian Tupy – entrent vraiment dans la danse. Vous passez une journée à produire. Vous devriez désormais pouvoir acheter une journée du temps de quelqu’un d’autre – qui est désormais (après le doublement de la productivité) égale à deux tabourets.
George Gilder (qui a écrit l’un des meilleurs livres sur l’argent jamais publiés, The Scandal of Money), Pooley, Tupy… et les autres… ont raison. Le temps est l’indicateur suprême. Les autorités peuvent augmenter la masse monétaire, mais elles sont incapables d’ajouter ne serait-ce qu’une seconde à nos journées.
De sorte que si quelqu’un vous doit une journée de travail aujourd’hui, cette personne vous devra cette même journée dans 20 ans.
Maintenant, imaginez que les autorités donnent 50 $ à tout le monde (revenu universel) ? Ou qu’elles décrètent que le prix d’un tabouret est de 100 $ pièce (contrôle de prix) ? Imaginez qu’elles vous facturent 1 $ par an pour conserver vos 50 $ en banque (taux négatifs) ? Ou qu’elles affirment que le prix des tabourets devrait augmenter de 2% par an (cible d’inflation) ?
Imaginez encore qu’elles « impriment » de l’argent et ne fabriquent pas le moindre tabouret. La masse monétaire grimpe… mais pas la production. Les prix augmentent… de sorte que les 50 $ que vous avez gagnés perdent constamment de leur valeur.
Si vous aviez gagné vos 50 $ en 1971, par exemple, ils ne vaudraient qu’un dollar aujourd’hui. Au lieu de vous donner une bonne journée de travail, que vous auriez gagnée de plein droit en fabriquant le tabouret, vous ne recevriez que 10 minutes.
Ne vous sentiriez-vous pas floué ? N’auriez-vous pas le sentiment que quelque chose ne va pas dans « le système » qui vous a trompé… qu’il a permis à d’autres de resquiller…
… Et que vous avez donc le droit de tricher, vous aussi ?
Réponse en 2020… et excellentes fêtes de fin d’année d’ici là !