La Chronique Agora

Une société sans monnaie honnête ne peut pas être libre

Bottom view of the famous Statue of Liberty, icon of freedom and of the United States

L’histoire montre que le déclin des empires commence rarement par la politique. Il débute par la monnaie.

Tout ce dont nous disposons, c’est le passé. L’avenir, lui, n’est pas encore écrit. Nous ne pouvons donc que tenter de mettre en regard ce que nous savons du passé avec les tendances actuelles.

Or, l’une des tendances les plus atypiques observées cette semaine concerne la « démocratie ». Les gros titres affirment qu’elle serait en danger.

Reuters rapporte :

« Les Américains s’inquiètent pour la démocratie en raison des luttes autour du gerrymandering, selon un sondage Reuters/Ipsos. »

Demos.org :

« Démocratie, tu es en danger. »

Chicago Tribune :

« Pete Buttigieg affirme que la démocratie est ‘en danger’ alors que les républicains envisagent un redécoupage électoral à l’occasion du recensement. »

Mais, malgré toutes ces lamentations… Les Etats-Unis n’ont jamais été conçus comme une démocratie. Et une démocratie, quoi qu’il en soit, n’est pas une forme de gouvernement stable. Dès l’instant où les renards trouvent un moyen de voter pour s’offrir un carré d’agneau au dîner, les moutons sont condamnés.

Une république n’est guère plus pérenne. La France en a connu cinq depuis 1789… chacune poursuivant un idéal de perfection avant de se solder par un échec retentissant.

Quel que soit le nom qu’on lui donne, l’élite et ceux qui la dirigent s’emploient toujours aux mêmes objectifs :

  1. s’approprier toujours plus de richesse et de pouvoir ;
  2. apaiser les masses à coups de mensonges, de pain et de divertissement.

Comment expliquer autrement la dernière « guerre » avec le Venezuela ?

Et voici un autre exemple. Newsweek rapporte :

« Les chèques ‘Warrior Dividend’ de Donald Trump coûteront plus de 2,5 milliards de dollars.

Le président Donald Trump a annoncé son intention d’émettre des chèques de 1 776 dollars à destination des membres des forces armées américaines. »

Bien sûr, il ne s’agit en rien d’un « dividende ». Il n’existe aucune source de revenus susceptible de produire un rendement réel. Il s’agit simplement d’emprunter davantage et de dépenser davantage pour s’assurer le soutien du lumpenprolétariat.

Beaucoup a déjà été écrit sur ce processus. Les autorités fédérales dépensent trop. Puis, elles font faillite.

Mais l’argent lui-même reçoit rarement l’attention qu’il mérite. Presque tous les épisodes de déclin impérial s’accompagnent d’un déclin monétaire, qui se manifeste par l’inflation, la corruption et/ou la faillite. Pourtant, le mécanisme réel – le mal profond – demeure largement invisible.

Une monnaie authentique permet aux individus de rester honnêtes et libres. Parce qu’il mesure fidèlement les relations essentielles : entre une livre de jambon et une livre de beurre ; entre une heure de travail et une heure de salaire ; entre le capitaliste et le travailleur ; entre le créancier et le débiteur.

Sans argent réel et sans marchés libres, il n’existe aucun moyen de savoir où l’on se situe… ni même si l’on avance ou si l’on recule.

Chaque calcul individuel – acheter des haricots ou de la viande, embaucher quelqu’un ou faire le travail soi-même, être emprunteur ou prêteur – repose sur une unité de mesure réelle. Ni trop élevée. Ni trop basse. Simplement honnête.

Proverbes explique :

« L’Eternel a en horreur les poids truqués, et les balances faussées sont une injustice. »

Les Etats-Unis ont bénéficié d’un argent réel pendant près de 200 ans. Un argent adossé à l’or. Et, durant cette période, les prix à la consommation sont restés globalement stables.

Au cours de ces deux premiers siècles, les Etats-Unis sont devenus la nation la plus puissante du monde. Et leur gouvernement n’avait accumulé qu’environ 4 000 milliards de dollars de dette totale. Au cours des 54 années suivantes, cette dette a été multipliée par huit, avec 1 000 milliards de dollars supplémentaires ajoutés au cours des deux derniers mois et demi.

La monnaie née après 1971, instaurée par l’administration Nixon et saluée à l’époque par la quasi-totalité des économistes, était fondamentalement malhonnête.

Le marché boursier, par exemple, a progressivement cessé de refléter la valeur réelle des grandes entreprises américaines. Les investisseurs ont renoncé à estimer la valeur des bénéfices futurs de chaque entreprise, actualisés à un taux d’intérêt réel.

Et comment auraient-ils pu le faire, puisqu’ils ignoraient eux-mêmes ce qu’était le taux d’intérêt réel ?

A la place, ils ont commencé à dilapider le capital en pariant sur les décisions de taux de la Fed, sur les manœuvres politiques, et en spéculant à fort effet de levier sur les actions mèmes, les jetons et les crypto-monnaies.

En rendant artificiellement le crédit plus abondant, la Fed a faussé l’ensemble de l’économie et tous ceux qui y participent. Elle a détourné les individus de l’épargne pour les pousser vers l’endettement. Or, les deux démarches n’ont rien de comparable.

L’épargnant se projette vers l’avenir, vers ses revenus futurs. Il est naturellement conservateur, maître de lui-même et soucieux de préserver ce qu’il a gagné. L’emprunteur, en revanche, profondément endetté, devient l’esclave du secteur du crédit. Il dépend du gouvernement pour maintenir des taux bas et redoute l’avenir… le moment où il faudra rembourser. Plus il accumule de dettes, plus il sombre dans le désespoir.

Bientôt, il ne possède plus aucune richesse réelle – seulement des obligations de paiement mensuelles, libellées en unités variables.

Et dès lors, quel type de gouvernement a-t-il réellement ? Une démocratie ? Une république ?

Oubliez cela ! Il est prisonnier d’un système qu’il ne peut ni comprendre ni maîtriser. Il peut se donner l’illusion de s’autogouverner, mais il est gouverné. Il n’est pas le dirigeant.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile