Les systèmes de sécurité sociale des Etats-providence sont à bout de souffle. Le rapport entre cotisants et bénéficiaires ne cesse de chuter.
« Je pense que la plus grande menace intérieure pour le pays sont ces 21 000 milliards de dollars de dette pesant sur l’Amérique et les futures générations ».
– Howard Schultz, PDG sortant de Starbucks, sur CNBC le 5 juin 2018
Oh oh…
L’Etat-providence, qui représente 40% des dépenses fédérales américaines, est en train de faire faillite. Le Wall Street Journal :
« La Sécurité sociale devrait puiser dans ses réserves cette année ».
Qu’y a-t-il exactement dans ces réserves ?
Des bons du Trésor américain : que pourrait-il y avoir d’autre ?
En d’autres termes, les retraites des Américains dépendent désormais de la vente de bons du Trésor… des reconnaissances de dette provenant du plus profond trou de dettes au monde… et dont la plus grande banque centrale au monde, la Fed, se débarrasse actuellement.
Le gouvernement fédéral américain vend lui aussi ces mêmes reconnaissances de dettes – en quantité record. Les déficits doivent être couverts par l’emprunt (la vente d’obligations). Et sur l’exercice fiscal 2019, les autorités US devront en vendre pour 1 200 milliards de dollars.
La fin de l’Etat-providence ?
Parallèlement, les entreprises américaines ont quelque 7 000 milliards de dollars de dette arrivant à maturité sur les sept prochaines années. Elles devront les « rouler »… en émettant de nouveaux emprunts. Qui va acheter toutes ces dettes ? A quel prix ?
Nous reviendrons à ces questions un autre jour.
Medicare, le système de santé américain, a l’air un peu fatigué lui aussi. Sa « cagnotte » devrait être vide d’ici 2026 – trois ans plus tôt que la précédente estimation.
Et voici le chiffre important, selon le Fiscal Times : 2,2.
C’est le ratio travailleurs/bénéficiaires de la Sécurité sociale. En 1968, quand l’Amérique était vraiment grande, il y avait environ cinq travailleurs pour chaque bénéficiaire. D’ici 2035, ce ratio aura chuté à 2,2 travailleurs pour chaque bénéficiaire.
[NDLR : Ne vous y trompez pas – la situation française est tout aussi grave… Chez nous, il n’y a déjà que 2,2 actifs pour 1 retraité et il faut que l’Etat emprunte pour financer ses prestations sociales (maladie, vieillesse). Découvrez un rapport complet sur la situation de notre pays, ainsi que des solutions pour sécuriser votre retraite, en cliquant ici.]
Nous savons ce que vous vous dites. 2035, c’est dans longtemps. Cela donne au Congrès et au gouvernement assez de temps pour corriger n’importe quel problème, non ?
Le gouvernement fédéral consomme désormais environ un quart de la production nationale… et dirige, contrôle ou influence fortement un autre quart. Comment décide-t-il quand dépenser… et quand réduire son train de vie ?
Si tout fonctionne comme nous l’avons appris en éducation civique, inutile de s’inquiéter.
Si leurs finances commencent à prendre l’eau, nos représentants élus – qui sont tous des parangons de vertu et d’intelligence, aux Etats-Unis comme en France – agiront pour rétablir la situation.
Ce sont des gens futés. Nombre d’entre eux sont diplômés en droit. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, ils tailleront leurs crayons, resserreront les dépenses, augmenteront les impôts et feront le ménage chez eux.
L’armée est l’autre sangsue des finances fédérales
Les troupes américaines sont désormais engagées dans des dizaines de pays différents.
Du Niger à Nimportou, pas un passereau ne tombe sans avoir été victime d’un drone US. Obama a multiplié les frappes par 10 par rapport à Bush, même si les rapports suggéraient que 90% des victimes n’étaient pas des cibles.
De son côté, Trump les a quintuplées à nouveau. Il a également donné la permission à la CIA de se lancer elle aussi dans le business du meurtre-par-drone.
Selon les manuels, tout cela est strictement illégal. Les autorités ne sont pas censées tuer qui que ce soit hors du cadre prévu par la loi.
Quant à la guerre… pour paraphraser Voltaire, tuer est illégal sauf lorsqu’on le fait en masse et au son du clairon. Aux Etats-Unis, avant de faire sonner le clairon, les représentants du peuple sont censés délibérer… débattre… prudemment et solennellement peser le pour et le contre.
Ils sont censés mettre en balance les pertes et les bénéfices… le grave avertissement de George Washington résonnant à leurs oreilles – « évitez les imbroglios à l’étranger » – avant de mettre en danger des vies américaines ou le Trésor national.
Evidemment, cela ne fonctionne pas exactement comme l’avaient imaginé les Pères fondateurs.
Tout de même, si les dépenses ou l’armée dépassent trop les limites, nous pouvons toujours compter sur « le système » pour corriger les choses… non ?
Et même si le système ne fonctionne plus exactement comme par le passé, nous pouvons toujours compter sur le bon sens élémentaire de nos politiciens en matière de justice et d’injustice, de bien et de mal, de vérité et de mensonge pour… peut-être, quand toutes les autres options ont été épuisées… faire ce qu’il faut. N’est-ce pas ?
Bref, nous pouvons dormir du sommeil du juste, confiant dans le fait que nos autorités éclairées veillent au grain.
Mais si les autorités s’étaient retournées contre nous ? Si le système était déséquilibré ? Si la séparation des pouvoirs n’était plus étanche ? Si la majorité n’avait pas le dernier mot… tandis les droits de la minorité n’étaient pas respectés ?
Si le gouvernement « par et pour le peuple » avait été détourné par une minorité servant ses propres intérêts ? Si ces initiés en profitaient… alors même que ce n’est pas le cas de la grande masse des citoyens ? Et si ce n’était pas un accident ; si ces initiés devenaient plus forts et plus riches… à nos dépens ?
Et si on ne pouvait mettre fin ni aux dépenses nationales… ni aux mésaventures militaires – parce que ce n’est pas dans les intérêts des initiés de le faire ?
Et là, nous vous laissons avec un mot important : le jargon. Les lois dans les livres ne changent peut-être pas. La Constitution est toujours dans sa cage de verre. Le Congrès se rassemble toujours. Les élections continuent d’être tenues. Mais le « jargon » politique évolue… et plus rien n’est pareil.