Un conte de désespoirs et sur la classe oubliée des travailleurs américains…
« Je vends mon âme, travaille toute la journée,
Fais des heures supplémentaires pour un salaire de merde
Pour que je puisse être assis là et gâcher ma vie
Rentrer chez moi et noyer mes problèmes
C’est une sacré honte ce que le monde est devenu
Pour des gens comme moi et des gens comme vous
J’aimerais pouvoir juste me réveiller et que ce soit faux
Mais c’est vrai, oh ça l’est
Habitant du nouveau monde
Avec une vieille âme
Ces riches hommes au nord de Richmond
Dieu sait qu’ils veulent juste avoir un contrôle total
Ils veulent savoir ce que vous pensez, ce que vous faites
Et ils ne pensent pas que vous savez, mais je sais que c’est le cas
Parce que votre dollar ne vaut rien et est taxé sans limites
A cause des riches hommes au nord de Richmond »
~ Oliver Anthony
Avant toute chose, une alerte de dernière minute : notre légendaire Indice de la Catastrophe s’est soudainement et décisivement tourné vers la baisse – plus qu’en 2020. Pour rappel, la dernière fois que ce signal s’est déclenché, en novembre 2021, il a précédé de peu le krach de début 2022. Est-ce que cela signifie quelque chose cette fois encore, nous ne le savons pas… mais nous allons nous pencher sur la question.
Aujourd’hui, intéressons-nous plutôt aux « riches hommes au nord de Richmond » aux Etats-Unis.
De plus en plus insupportables
La Virginie était par le passé un Etat « sudiste ». Mais aujourd’hui, au nord de Richmond, sa capitale, se trouve le rouge, blanc et bleu du gouvernement fédéral américain… étendant son emprise depuis Fredericksburg… avec le complexe militaro-industriel et d’espionnage concentré autour des banlieues nord de Washington DC.
Les riches hommes du nord de Richmond sont une race fabuleuse de super-gagnants. Après avoir maîtrisé le Sud, ils se sont déployés – au Nicaragua… à Panama… à Cuba… aux Philippines… en France… et ils ont continué le mouvement jusqu’à avoir des troupes tout autour du monde. Ils ont construit des usines dont sortaient voitures et chars d’assaut. Ils ont construit de grandes villes – New York, Gary, San Francisco. Ils ont produit des films, chanté des chansons et se sont enrichis.
En 1913, ils ont mis en place le système de la Réserve fédérale… et l’IRS, l’agence qui collecte les impôts. Puis, en 1971, ils ont changé le dollar pour s’enrichir encore plus facilement. Et, au fil du temps, ils sont devenus de plus en plus insupportables.
Pourquoi des soldats américains campent-ils toujours en Corée du Sud, au Japon, en Allemagne – ou même au Niger et dans le golfe de Guinée – pourriez-vous demander. Pourquoi le président des Etats-Unis, sur sa seule décision, peut nous dire avec qui nous avons le droit ou non de commercer ? Pourquoi ne pouvons-nous pas dire ce que nous pensons vraiment sans être « annulé » (« canceled ») ou inculpé pour « crime de haine » ? C’est parce que les riches hommes au nord de Richmond « veulent juste avoir un contrôle total ».
Ils ont créé l’empire américain, avec ses 33 000 Mds$ de dette… ses 200 000 pages de régulations… ses lobbyistes, ses politiciens, ses arnaqueurs, ses voyons et ses incapables… ses guerres perpétuellement perdues… sa vaste et maladroite bureaucratie… ses experts incompétents… ses programmes de cadeaux… ses budgets déséquilibrés… ses théories farfelues… et ses vaines campagnes contre les drogues, la pauvreté et la liberté d’expression.
« Un salaire de m*rde »
Pour la plupart des gens, le gouvernement fédéral est un poids terrible, une escroquerie et une honte. Mais il fonctionne bien pour les gens au nord de Richmond. Cela se voit dans tous les grands immeubles de bureaux scintillants qui bordent les routes de la région, et dans les « McMansions » de McLean ou Falls Church.
Mais, loin des centres de pouvoir, les choses ne sont pas aussi agréables. Les salaires réels, au sud de Richmond, n’ont pas augmenté de manière significative depuis 1975, il y a près de 50 ans. Et aujourd’hui, beaucoup d’Américains… si ce n’est pas la majorité… travaillent pour des « salaires de m*rde » qui les enfoncent de plus en plus dans la dette. Le montant total des encours de cartes de crédit a dépassé les 1 000 Mds$ pour la première fois à la mi-août. Et les taux d’intérêt ont augmenté au-delà des 20%. Que leur reste-t-il ? Comment paient-ils leur loyer ?
Voici quelques chiffres du Wall Street Journal :
« Les Etats-Unis connaissent une augmentation record du nombre de sans-abri cette année alors que la pandémie de Covid disparaît, selon une analyse des données provenant de l’ensemble du pays par le Wall Street Journal.
Les données depuis le début de l’année sont en hausse d’environ 11% par rapport à 2022, une brusque hausse qui représenterait de loin la plus grande augmentation depuis que le gouvernement a commencé à enregistrer ce genre de chiffre en 2007. La seconde plus importante hausse fut de 2,7% en 2019, en excluant les hausses artificiellement importantes de l’an dernier, causées par des interruptions liées à la pandémie dans les séries de données. »
Morts de désespoir
Et voici Joseph Stiglitz décrivant les vies sinistres de la moitié du pays :
« Les familles affichant les 50% de revenus les moins élevés détiennent à peine assez de réserves de cash pour faire face à une urgence. Les journaux sont remplis d’histoires de personnes pour lesquelles une panne de voiture ou un problème de santé les a lancés dans une spirale baissière dont ils ne se sont jamais remis.
[…] L’espérance de vie aux Etats-Unis, déjà exceptionnellement basse, fait face à un déclin soutenu. Et cela en dépit des progrès de la science médicale, dont beaucoup d’avancées sont réalisés dans ces mêmes Etats-Unis et qui sont facilement accessibles aux riches.
L’économiste Ann Case et le lauréat du Nobel d’économie 2015 Angus Deaton décrivent l’une des principales causes de la mortalité croissante – une augmentation de l’alcoolisme, des overdoses causées par des drogues et des suicides – comme des ‘morts de désespoir’ par ceux qui ont abandonné tout espoir. »
L’Associated Press ajoute à cela les derniers chiffres :
« Environ 49 500 personnes se sont suicidées l’an dernier aux Etats-Unis, soit le chiffre le plus élevé jamais enregistré, d’après des données publiées par le gouvernement.
Le centre de contrôle et de prévention des maladies, qui a publié ces chiffres, n’a pas encore calculé le taux de suicide pour l’année, mais les données disponibles suggèrent que les suicides sont plus communs aujourd’hui qu’à n’importe quel moment depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
‘Quelque chose ne va pas. Ce chiffre ne devrait pas augmenter’, a déclaré Christina Wilbur, une femme de Floride de 45 ans dont le fils s’est suicidé l’an dernier. »
Oui, quelque chose ne va pas. Une « puanteur bipartisane » provient des rives du Potomac, affirme le magazine Spectator, avec « assez de fautes à partager ».
Ou, comme Glenn Greenwald le présente :
« L’indicateur essentiel n’est plus celui de la gauche contre la droite. Il s’agit plutôt des anti-establishment contre les pro-establishment.
En pratique, pensez-vous que la perte de confiance dont ces institutions d’autorité ont souffert est valide ou non ? Pensez-vous qu’elles méritent le mépris dans lequel elles sont tenues par une large partie de la population ? Je pense qu’il est absolument justifié de les mépriser. […]
C’est la distinction fondamentale qui définit notre échiquier politique plus que les anciennes définitions de la gauche contre la droite. »
A suivre…