La Chronique Agora

Le Père Noël n’existe pas et autres faits brutaux

Dans la vie, tout est affaire de cycle – et aux bonnes nouvelles succèdent les déceptions. C’est inévitable, et cela le restera…

Il ne faudrait pas dire aux enfants que le Père Noël n’existe pas. Et certains faits sont trop brutaux même pour des adultes.

Le fait que les choses baissent en plus de grimper… et qu’elles peuvent empirer en plus de s’améliorer… est d’une évidence aveuglante pour quiconque a plus de 55 ans. Mais ce sera un rude choc pour les investisseurs actuels.

Idem pour l’idée que nous examinons aujourd’hui : dans une vie humaine, on traverse des saisons difficiles, en plus de saisons agréables.

La vie est cyclique. Ce n’est pas toujours en avant et vers le haut. Il y a des schémas récurrents. Des gelées en plus des brises tièdes. Des nuages en plus du soleil.

La science et la technologie se développent peut-être tout au long de l’année. Mais en matière d’amour, de politique, de guerre et d’argent, nous fleurissons en été… et nous nous flétrissons chaque hiver.

Rien à voir avec le Yucatán

Le Nicaragua ne ressemble en rien à la péninsule du Yucatán, où nous avons passé ces derniers jours. Ici au Nicaragua, c’est sec. Là-bas dans le Yucatán, c’est humide. Ici, c’est montagneux. Là-bas, c’est plat. Ici, c’est calme et retiré. Là-bas, c’est bondé, moderne et en plein boom. Ici, nous sommes sur le Pacifique ; là-bas, sur l’Atlantique. Ici, c’est pauvre. Là-bas, c’est relativement riche et prospère.

Il y a aussi des saisons ici. Durant les mois d’été, il pleut. En hiver, c’est sec. A cette époque de l’année, le vent souffle la poussière sur les routes et les feuilles mortes s’accumulent sur le sol.

Nous sommes sorti de l’aéroport à 22h. De jour, nous aurions dû nous frayer un chemin dans les embouteillages, avant de nous retrouver inévitablement pris au piège derrière un camion, se traînant dans la montée d’une colline à 15 km/h tout en rotant une fumée noire par son pot d’échappement.

Mais la nuit dernière, la route était quasiment vide. Après une heure environ sur l’autoroute panaméricaine, nous avons quitté le macadam pour emprunter un raccourci – une route de terre. Là aussi, normalement, nous aurions dû traverser des nuages de poussière soulevés par d’autres voitures et camions.

Mais étant donné l’absence de trafic, c’est notre propre poussière qui tourbillonnait derrière nous, pour venir se poser sur les uniformes scolaires lavés de frais et suspendus à des cordes à linge au bord de la route.

Tant le Yucatán au Mexique que la côte Pacifique du Nicaragua attirent de plus en plus de retraités américains. Cette tendance – comme la Floride avant elle – pourrait durer encore longtemps.

Rendez-vous avec le destin

Les cycles prennent du temps. Le cycle du crédit, par exemple, peut durer toute une vie. La dernière fois que les taux d’intérêt étaient si bas, c’était autour de notre naissance – à la fin des années 1940.

Un cycle boursier complet est lui aussi étonnamment long. Mais il faut les examiner en termes d’ancienne monnaie – le dollar adossé à l’or – pour les voir clairement.

Le dernier plus bas majeur a eu lieu en 1980. A l’époque, il ne fallait qu’1,30 once d’or (soit environ 700 $ au taux légal) pour acheter les 30 actions du Dow Jones.

Vingt ans plus tard, le marché haussier avait suivi son cours, atteignant un pic de plus de 40 onces d’or en 2000. C’était l’apogée des actions US. Elles n‘avaient encore jamais atteint un tel sommet… et ne l’ont plus fait depuis. Par ailleurs, on n’a toujours pas atteint de nouveau plus bas, 40 ans après le dernier plancher.

Les investisseurs et la presse financière applaudissent chaque mouvement du marché. « Le Dow à 30 000 », clament-ils. Mais pour revenir à son niveau réel de 1999 – à 42 onces d’or pour acheter le Dow – il devrait grimper jusqu’à 67 000 points.

Alors même que les actions augmentent en nouveaux dollars nominaux, l’or grimpe plus encore, les laissant toujours plus loin derrière. Nous sommes d’avis que ce schéma va continuer lui aussi… et lorsque le Dow trouvera enfin son plus bas – son rendez-vous avec le destin – il sera sous les cinq onces d’or.

La fin d’un empire

Selon Sir John Glubb, le cycle impérial dure 250 ans.

Peut-être que oui, peut-être que non. Mais l’empire américain semblait réellement sur le déclin après 1999. Et une fois que le cycle s’est inversé, personne ne peut y faire grand’chose.

C’est là aussi un schéma récurrent dans l’Histoire : qu’on le veuille ou non, les empires meurent. Tous sans exception.

Ces derniers jours, nous examinons les nombreuses promesses du XXIème siècle qui ne se sont pas réalisées.

Les dot.com ont implosé en mars 2000.

La Révolution de l’information nous a enterrés sous une montagne de données.

Le marché boursier a pris le chemin de la baisse… et, en termes réels, n’est toujours qu’à la moitié de son niveau de 1999.

La mission – quelle qu’elle soit – n’est toujours pas accomplie en Irak.

La guerre en Afghanistan est devenue la plus longue jamais enregistrée. Cela fait 75 ans que l’armée américaine n’a pas remporté une guerre.

Les nouvelles technologies n’ont pas produit de nouveau boom.

Les mesures les plus agressives jamais prises par la Réserve fédérale (suite à la crise de 2008-2009) n’ont engendré que la reprise la plus faible jamais enregistrée.

L’élection de Barack Obama a échoué à remédier aux divisions raciales qui affectent les Etats-Unis.

La réduction d’impôts de Donald Trump n’a pas augmenté la croissance.

Tesla n’est toujours pas profitable, comme de nombreuses autres licornes.

Les guerres commerciales de Trump n’ont pas généré d’amélioration appréciable du secteur industriel américain.

L’équipe de football américain de Baltimore, les Ravens, n’a pas gagné le Super Bowl en 2020.

Les saisons se succèdent, en d’autres termes… même pour les empires. Les déceptions s’accumulent. Et MAGA n’a jamais eu la moindre chance.

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