La Chronique Agora

Patatras ! La récession est sur nous (2/2)

Les prévisionnistes promettent miracles et reprise en « V »… mais compte tenu des incertitudes et de la « compétence » des gouvernements mondiaux, mieux vaut se préparer au pire.

Qu’on le veuille ou non, il y aura un avant et un après. Les économies développées ne sortiront pas de cette crise comme elles y sont entrées, comme nous l’avons vu hier. Il n’y aura pas de reprise en « V ». Ce n’est même pas une crise, c’est un changement de modèle, ce qui implique qu’il va falloir trouver rapidement le suivant.

Je doute que les équipes politiques actuelles, sous-développées cognitivement, soient capables de penser et mettre en œuvre un nouveau modèle. Il faudra nécessairement un changement total des équipes en place qui devront être remplacées par des personnes non formatées, capables de penser les choses autrement.

Les prévisionnistes en piste

Je sais que beaucoup d’entre vous ont du mal à se retrouver dans ce qui se passe en Bourse et ont beaucoup de questions sur leurs actifs. Je vais tenter d’y répondre.

Ces derniers temps, les grands de la finance US nous présentent tous leur profil de croissance pour l’année. Pourquoi diable cela provoque-t-il chez moi de longues crises d’hilarité ?

JP Morgan Chase révise ses prévisions de croissance :

– T1 = -4%

– T2 = -14%

– T3 = +8%

– T4 = +4%

Ce qui fait un total de -1,5% sur l’année (faut que ça reste raisonnable tout de même) et un chômage de 5,25% en fin d’année.

Goldman Sachs :

– T1 = -6%

– T2 = -24%

– T3 = +12%

– T4 = +10%

Sur l’ensemble de l’année -3,8%, un taux de chômage à 9%.

Pas mieux en Europe !

Les prévisionnistes de la Commission européenne y vont aussi de leur petit tableau avec une décroissance de 4,2%.

Sur les deux premières prévisions vous constatez l’écart au T2 entre -14% et -24%. Ce n’est plus de l’estimation à la cuillère, mais à la pelleteuse.

Là n’est pas réellement le problème. Ce qui m’amuse le plus, ce sont les prévisions de reprise aux T3 et T4. La plupart des analystes sont incapables de prévoir un autre profil qu’une classique reprise plus ou moins en V pour qu’au final sur l’année on termine par une récession mais pas pire que celles qu’on a déjà connues.

Il faut que cela ait l’air fort sans l’être trop, une sorte de ventre mou de l’économie !

Réfléchissons un peu

Cette crise ne ressemble en rien aux précédentes, on ne sait pas quand la production pourra repartir.

On ne sait rien des destructions d’outils qu’il y aura. On ne sait pas combien de morts il y aura. On ne sait pas combien d’épargne va se volatiliser. On ne sait pas combien de personnes vont se retrouver sans emploi, sans ressources. On ne sait pas combien de banques et d’assureurs vont faire faillite. On ne sait pas combien de pays feront faillite. On ne sait pas si l’euro résistera… et ils nous sortent des taux de reprise de 8% ou 12%.

Je me remets à avoir un fou rire !

La reprise risque d’être extrêmement poussive et non instantanée. C’est la structure même des différents agents économiques qui est touchée dans des proportions inconnues, le système bancaire va être touché. L’épargne va être liquidée. Les Etats surendettés ne pourront pas intervenir comme ils l’ont fait en 2008 et 2009.

Bien sûr, les gouvernements ont annoncé des mesures de soutien à l’économie promettant de l’argent sous des formes diverses. Je ne doute pas, les élections approchant, que Donald Trump envoie un chèque de 1 000 $ à chaque Américain dans la population active, d’autant qu’ils l’ont déjà fait.

Les Américains étant des doryphores, ils vont les dépenser en une semaine. Et après ? Après, ils vont se prendre des trillions de dettes supplémentaires pour quinze ans.

En France en revanche, je doute que l’exécution soit à la hauteur des annonces. Il est facile d’annoncer des milliards, il est plus difficile de faire en sorte que ceux qui en ont besoin les aient rapidement.

Ce que je viens d’écrire n’est pas gratuit, c’est basé sur la réalité. Lors de catastrophes naturelles, les ministres se précipitent pour annoncer des aides d’urgence qui souvent, plusieurs années plus tard, ne sont pas arrivées.

Quoi qu’il en soit, tous ces milliards viendront augmenter la dette et provoqueront au final une destruction de la monnaie.

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