La Chronique Agora

Parti pour durer

Coronavirus et récession – dans les deux cas, on n’est pas tiré d’affaire. La présidentielle américaine vient encore compliquer tout cela…

La semaine dernière, nous nous sommes intéressé à l’élection présidentielle américaine. Nous y reviendrons dans une minute. Avant cela, deux actualités claires et perturbantes :

Premièrement, le coronavirus est parti pour durer.

Deuxièmement, la récession aussi.

Retarder l’inévitable ?

Concernant le Covid-19, il peut être retardé… mais il ne peut être vaincu. Le chef de cabinet de Donald Trump, Mark Meadows, il y a quelques jours :

« … Les Etats-Unis ne vont pas contrôler la pandémie… »

En Europe, on reconfine de partout – France en tête.

Ici, en Argentine, nous vivons avec certaines des restrictions les plus strictes au monde. Le résultat ? Environ la même chose qu’aux Etats-Unis : plus de 600 morts par million de personnes.

Nous n’avons pas l’habitude de donner des conseils aux autorités publiques. Mais si nous étions aux commandes, nous serions clairs avec les gens : le gouvernement ne les protégera pas du coronavirus.

S’ils sont âgés ou obèses, les gens devraient prendre leurs propres précautions. Les autres devraient vivre leur vie, et ne pas laisser le virus peser sur leur existence.

En d’autres termes, la plupart des gens devraient vaincre le coronavirus exactement comme ils ont vaincu la grippe de Hong Kong – en l’attrapant… et en guérissant. Suite à quoi les anciens pourraient eux aussi vivre leur vie.

Dépression en vue

En attendant, la récession due au confinement est probablement en train de se muer en dépression. CNBC nous en parle :

« En septembre, le chômage longue durée – les personnes sans emploi depuis 27 semaines ou plus – est passé à 2,4 millions [aux Etats-Unis], le chiffre le plus élevé à ce jour dans la récession provoquée par la pandémie de coronavirus, selon le Bureau américain des statistiques de l’emploi.

Près de 800 000 Américains sans emploi sont passés dans la catégorie ‘chômeurs de longue durée’ entre août et septembre, la plus grande augmentation jamais enregistrée d’un mois sur l’autre, selon Michele Evermore, analyste senior au National Employment Law Project. »

Maintenant que nous avons allumé les lumières, regardons l’élection.

Une alternative

Joe « l’endormi » Biden a de bonnes chances de l’emporter.

Hélas, avec le Covid-19 encore en activité… l’économie qui glisse sur la pente de la dépression… le vieil homme va se réveiller et se lancer dans une frénésie d’activisme crétin.

Il va exiger plus de dépenses gouvernementales, financées par plus d’argent « de la planche à billets »… ce qui accélérerait la glissade des Etats-Unis vers un désastre social, politique et économique.

La bonne nouvelle, c’est qu’il pourrait y avoir une issue alternative. Rien ne réussit mieux que l’échec.

Si Biden gagne, les tristes sires du parti républicain partiront en traînant des pieds… mélancoliques… ôtant leurs casquettes MAGA… retirant leurs panneaux Trump/Pence…

… Et maudissant le jour où ils ont laissé leur parti se faire kidnapper par une star de la téléréalité qui a passé la majeure partie de sa vie d’adulte en tant que démocrate.

Peut-être qu’alors ils prendront un livre sur leur étagère, et l’époussèteront… La Route de la servitude, de Friedrich Hayek, par exemple. Ou peut-être The Revolution, de Ron Paul. (Nous recommandons modestement notre propre Gagner ou Perdre, qui offre une explication simple et nouvelle du « conservatisme ».)

Ils pourraient même – incroyable ! – lire la Constitution américaine… bien qu’elle soit d’un radicalisme choquant.

Qui sait, ils pourraient redécouvrir les vertus de leur credo politique.

Ensuite, ils se mettront peut-être au travail…

Ils pourraient mettre des bâtons dans les roues dans les plans dépensiers des démocrates… et retarder le rendez-vous de l’Amérique avec le désastre.

Une opposition féroce et déterminée

Nous rappelons aux lecteurs que les meilleurs gouvernements américains ont eu des présidents faibles et une opposition forte.

Quand George Bush père a quitté son office et que Bill Clinton a pris sa suite en 1992, la dette « nationale » était à 66% du PIB. Huit ans plus tard, elle avait été réduite à 57% seulement.

Selon nos calculs, la puissance, de l’influence et la richesse américaines atteignaient alors leur apogée.

De ce point de vue, on peut repenser aux années Clinton avec nostalgie. Mais était-ce parce que Clinton le démocrate était plus prudent, plus raisonnable… plus conservateur ?

Bien sûr que non. C’est parce qu’il était confronté à une opposition féroce et déterminée – les conservateurs du parti républicain – qui, soit par principe, soit par commodité, se sont battus bec et ongles pour l’empêcher de dépenser de l’argent.

Prêts à ruiner le pays

Ensuite, lorsque leur propre parti est arrivé au pouvoir, les républicains ont tout oublié du conservatisme et sont devenus de gros dépensiers… prêts à améliorer la planète et ruiner le pays.

En 2001 sont arrivés à la Maison Blanche Bush le jeune et Dick « les déficits n’ont pas d’importance » Cheney. Ils ont ajouté plus de 20 points de pourcentage au ratio dette/PIB… le portant à près de 80%.

A Bush a succédé le démocrate Obama, qui a fait encore plus de dégâts. De 80%, le ratio dette/PIB est passé à 107% en 2016.

Les conservateurs qui restaient se sont battus. Mais ils étaient trop nombreux à avoir goûté au fruit défendu. Durant la crise de 2008-2009, ils ont cédé ; tous ou presque se sont prosternés devant les sottises au sujet de la « relance ».

En 2016, le pouvoir est revenu aux mains des républicains. A ce moment-là, les conservateurs étaient tous éteints. Trump a injecté 8 000 Mds$ en quatre ans, portant le ratio (au deuxième trimestre 2020) à 146%.

Sur les deux dernières décennies, le PIB US a doublé, passant de 10 000 Mds$ à 20 000 Mds$. La dette fédérale, en revanche, a grimpé de 6 000 Mds$ à près de 29 000 Mds$ – plus de trois fois plus – grâce aux efforts combinés des républicains et des démocrates.

Nouvelle saison

A présent, nous voilà tout proches d’un changement politique de plus. Les électeurs choisiront une nouvelle équipe de personnages. Mais le spectacle va continuer… la 21ème saison de l’épopée : Déclin et chute de l’Empire américain

… avec en vedette George W. Bush, Obama, Trump… Cheney, Mnuchin, Greenspan, Yellen, Powell… désormais Biden, Harris… et qui sait qui encore ?

Ce sera un triomphe majeur pour la démocratie. Elle aura réussi à remplacer un lourdaud à grande gueule par un politicard usé…

… Tout en gardant le cap vers la catastrophe absolue.

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