La Chronique Agora

Méditations sur un anniversaire

C’est la toute fin de l’été, et Bill Bonner en profite pour faire un point sur les événements vécus en 72 années d’existence : peu de choses dépassent l’étrangeté de la situation actuelle…

L’été s’en est allé.

Pour nous, cela fait aussi un anniversaire de plus : 72 fois que nous voyons la rosée de la fin de l’été alourdir les feuilles.

Cela fait aussi 18 fois que l’élection présidentielle nationale accapare l’attention du public, comme un ivrogne envahissant lors d’un cocktail.

Cela marque aussi un cycle complet pour les taux d’intérêts : ils ont atteint un plancher cyclique à la fin des années 1940. Un peu plus de 70 ans plus tard, ils semblent avoir atteint un nouveau plancher historique.

Une profonde inspiration

Nous sommes né après une poussée d’hystérie, qui s’est terminée de manière rapide et catégorique lorsque les Etats-Unis ont largué la bombe atomique sur deux villes japonaises.

A l’époque, le monde était épuisé par deux guerres mondiales en 30 ans… et en avait assez des « -ismes » – communisme, socialisme, nazisme, totalitarisme. Il était prêt à prendre une profonde inspiration et à revenir à la normale.

Qui plus est, « la bombe » n’a pas tardé à se retrouver entre les mains des Soviétiques ; le prix à payer pour aller leur chercher noise semblait soudain trop élevé. Il était temps de se calmer et de se remettre au travail.

De temps en temps, les gens perdent la tête. Dans les années 1930, c’est l’Europe et le Japon qui avaient attrapé la fièvre guerrière, tandis que les Etats-Unis étaient restés à peu près vaccinés. Cette fois-ci, ce sera peut-être le contraire.

D’étranges événements

Les anniversaires nous mettent dans une humeur méditative. Nous essayons de nous rappeler ce qu’étaient les choses « avant »… et nous nous demandons, ont-elles autant changé ? Ou bien est-ce nous qui avons évolué ?

De toutes les choses que nous avons vues lors de nos 72 saisons de grippes, les événements des six derniers mois sont à coup sûr parmi les plus étranges. Jamais l’économie n’avait été verrouillée pour tenter d’empêcher la propagation d’un virus.

Et jamais encore un gouvernement n’avait tenté de compenser les dégâts en distribuant autant d’argent gratuit (qu’il a « imprimé » tout spécialement pour l’occasion) – notamment en payant de nombreuses personnes plus qu’elles ne gagnaient en travaillant.

Cette année, le gouvernement fédéral américain dépensera deux dollar pour chaque dollar collecté en impôts – une première. Son déficit atteindra près de 20% du PIB – une autre première.

De toute notre existence, nous ne nous rappelons qu’une seule fois où un président a paniqué si complètement et cédé à de si mauvais conseils. C’était il y a 49 ans… lorsque Richard Nixon a brièvement imposé des contrôles de prix/salaires et a imposé de manière permanente un dollar factice (non appuyé sur l’or).

C’est là le plus proche équivalent de la proclamation faite il y a quelques jours par Donald Trump, annonçant qu’à partir de maintenant, il fixerait lui-même les termes de baux de location… informant ainsi les locataires qu’ils n’avaient plus besoin de payer leur loyer – jusqu’à après les élections.

Le gain politique est évident : on trouve jusqu’à 40 millions de locataires qui sont des électeurs potentiels… contre une poignée seulement de propriétaires bailleurs.

Les dommages à long terme sont incalculables. Les propriétaires ont généralement des dépenses eux aussi – notamment des crédits immobiliers. S’ils ne peuvent pas récupérer leurs loyers, ils ne peuvent pas payer leurs mensualités.

Suite à quoi, les banques encaissent des pertes… et ainsi de suite en remontant la chaîne alimentaire financière. Les pertes ne disparaissent pas… elles sont simplement transférées d’un endroit à un autre.

Combien de locataires ayant du mal à joindre les deux bouts pourront rattraper quatre mois de loyers impayés en décembre ? Combien préféreront déménager à la cloche de bois ?

Des dommages encore plus profonds

Les dommages les plus profonds sont ceux infligés au système lui-même. La libre entreprise dépend de deux choses : les droits de propriété et les contrats privés. Les conservateurs pensaient autrefois que la véritable tâche du gouvernement consistait à protéger les premiers et à assurer que les seconds étaient respectés.

Si on peut annuler des contrats privés gagnant-gagnant parce que le taux de chômage est supérieur à 8%… ou parce qu’un virus est lâché… où s’arrêtera-t-on ?

Quel contrat est sûr ? Qui voudra investir, sachant qu’un gouvernement rusé pourrait ruiner le projet avec un seul décret présidentiel ?

Que pourrait-il se passer d’autre ?

Hystérie collective

A présent, l’été touche à sa fin – et pour la plupart des gens, les choses ne semblent pas avoir changé. La situation est pourtant très différente. L’hystérie règne toujours – surtout aux Etats-Unis.

A gauche, des fous sont certains que nous sommes tous des pécheurs, qui ne peuvent se racheter qu’en déboulonnant des statues et en réécrivant l’Histoire.

A droite, des insensés espèrent maintenir les « valeurs conservatrices » avec des milices armées, des agitateurs de drapeaux et des restrictions sur les importations chinoises.

La vraie source du succès des Etats-Unis a déjà disparu, cependant. Le gouvernement ne fait même plus semblant de respecter ses limites, et l’économie est désormais gérée par les autorités elles-mêmes – des bureaucrates.

Et tous sont d’accord, à gauche comme à droite : quel que soit le pétrin économique dans lequel nous nous sommes fourrés… l’impression monétaire permettra d’en sortir.

A suivre…

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