La Chronique Agora

LIBOR, banques centrales, secteur bancaire : les falsifications sont sans bornes

▪ « Les marchés sont tellement falsifiés par les autorités que je n’ai pas d’idées significatives à vous offrir ».

C’est ce qu’a grincé Bob Janjuah, stratégiste investissements chez Nomura International, il y a cinq mois. Depuis, les initiés ont accéléré leurs falsifications, tandis que de nouvelles révélations sur des falsifications passées ont été mises au jour.

« Nos autorités semblent si unidimensionnelles, si court-termistes et si vides de courage ou d’idées que j’en reste stupéfait », a déclaré Janjuah en février dernier. « Il semble désormais évident qu’en réaction à la crise financière qui sévit depuis cinq ans et plus, on nous dit de recommencer ces mêmes décisions politiques [que celles qui ont échoué]. La crise a été causée par des banquiers centraux qui ont mal évalué le coût du capital, ce qui a causé une mauvaise allocation de ce même capital, menée par la dette/effet de levier, et qui a fini par se révéler être une terrible bulle d’actifs qui a ensuite éclaté, détruisant les vies et la subsistance de dizaines de millions de personnes relativement innocentes ».

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Lorsque M. Janjuah a émis ces commentaires il y a quelques mois, la Banque centrale européenne (BCE) avait tout juste commencé à truquer les marchés du crédit souverain européens en fournissant des renflouages de centaines de milliards d’euros aux banques centrales d’Espagne, d’Italie et autres.

▪ Et si on parlait du LIBOR ?
Et bien entendu, quand Janjuah s’est plaint que les marchés étaient falsifiés, il n’avait pas la moindre idée que les décideurs avaient déjà truqué les taux LIBOR — le fondement même des marchés mondiaux du crédit.

Le LIBOR, qui signifie London Interbank Offered Rate peut sembler un obscur acronyme financier sans signification pour la plupart des gens. Mais il se trouve que cet obscur acronyme-là détermine le prix de milliers de milliards de dollars de lignes de crédit et de produits dérivés du crédit.

Truquer le LIBOR revient donc un peu à truquer le nord magnétique… ou son équivalent moderne, le GPS. Toutes les boussoles du monde indiqueraient une tromperie. Plus important, votre avion pour Paris pourrait atterrir à Tripoli. D’ailleurs même s’il atterrissait à Lyon, vous seriez ennuyé.

L’idée est que vous ne sauriez jamais avec certitude où vous arriveriez. Et si l’on ne peut être certain de l’endroit où l’on atterrit, pourquoi décoller ? Ou, pour reformuler la question, qui achèterait un billet d’avion pour « quelque part » ?

Exactement : personne. C’est à peu près le même nombre de personnes que celles qui participeraient de leur plein gré à un marché financier truqué. Truquer les marchés est une fraude destructrice. Truquer un marché aussi influent que le LIBOR, c’est une fraude aux proportions épiques.

Selon de récents articles de presse, seules trois des 16 banques établissant le LIBOR ont admis — ou quelque peu admis — le fait d’avoir mis en ligne des taux LIBOR frauduleux entre 2005 et 2008. Mais très peu de cuisines crasseuses ne contiennent que trois cafards.

Il y a de bonnes chances pour que, à mesure que les diverses enquêtes suivent leur cours, nous découvrions que le nombre de banques ayant participé au truquage du LIBOR se monte à plus de trois, mais probablement à moins de 16… sauf si l’on y inclut aussi des banques centrales comme la Réserve fédérale et la Banque d’Angleterre.

Eh oui — vous êtes bien assis ? — certaines banques centrales auraient approuvé le truquage du LIBOR, comme nous le verrons ensemble dès mercredi.

 

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