La Chronique Agora

Jusqu’à ce que ça casse

La Fed n’a jamais rien à proposer… Ni magie, ni génie, ni bon sens.

La semaine dernière, nous avons eu la confirmation que l’inflation n’est pas près de refluer. Aujourd’hui, nous vous expliquons pourquoi. Marketwatch :

Selon les chiffres publiés vendredi, les prix à la production ont augmenté de 0,3% aux États-Unis en novembre, alors que les économistes interrogés par le Wall Street Journal tablaient sur une hausse de 0,2%. La hausse des prix à la production sur les douze derniers mois s’est repliée à 7,4%, contre une progression de 8,1% en rythme annuel en octobre, après avoir atteint un pic de 11,7% en mars dernier.

Les chiffres, supérieurs aux prévisions, indiquent que les pressions inflationnistes ont ralenti moins vite que ce qu’avaient prévu les analystes pour le mois de novembre.

Présageant une accélération de l’inflation dans les prochains mois, les prix des biens de consommation finis ont augmenté de 16%, enregistrant leur plus forte hausse depuis 48 ans.

Trois crises majeures

Mais le problème avec une ‘mer de mensonges’, c’est qu’elle finit tôt ou tard par faire des remous. Les navires font naufrage.

La Fed a répandu le mensonge qu’elle pouvait manipuler l’économie et nous rendre tous plus riches. Elle a prétendu qu’elle « adoucissait » le cycle économique. Plus de bulles. Plus de crises.

Mais grâce à la Fed, nous avons eu trois à trois bulles majeures au cours des 22 dernières années. Et trois crises majeures. Nous sommes toujours dans la troisième.

La Fed n’avait rien à proposer… Ni magie, ni génie, ni bon sens. Elle s’est contentée d’imprimer de l’argent et de le distribuer à ses amis de Wall Street et au gouvernement. Tant que l’argent coulait à flot, elle pouvait refinancer la vieille dette avec de la nouvelle dette, moins chère, et l’économie paraissait stable et saine.

Mais le fait est que l’économie s’affaiblissait et devenait plus vulnérable à l’inflation. La dette, publique et privée, a été multipliée par plus de 60 000 Mrd$ depuis le début du siècle.

Qui paiera l’ardoise ? Les mêmes que ceux qui paieront plus chers tous les biens et services. Les mêmes que ceux qui voient leurs revenus s’éroder depuis 20 mois et qui perdront leur emploi à la prochaine récession.

Et cette fois, la Fed ne volera pas à leur secours.

Pour la première fois depuis 40 ans, les dirigeants politiques américains sont confrontés à un problème qui ne disparaîtra pas : l’inflation.

C’est la grande différence entre la période 1982-2020 et la période actuelle.

La Fed ne peut plus soutenir le marché et l’économie avec des taux d’intérêt toujours plus bas. Ce n’est pas un détail. C’est fondamental pour comprendre ce qui nous attend.

Doper la demande

Pour faire court, le gouvernement, les entreprises et les ménages ne pourront plus refinancer leur dette à des taux plus bas. Au contraire, les taux d’intérêt vont augmenter. Et de nombreux emprunteurs ne pourront plus du tout refinancer leur dette. Voici ce que nous dit MarketWatch sur le marché de la dette :

Les taux obligataires américains ont augmenté vendredi dernier : le taux à dix ans a connu sa plus forte progression des cinq dernières semaines après la publication de chiffres indiquant que l’inflation a été plus forte que prévu en novembre.

Le taux des bons du Trésor à 10 ans a augmenté de 7,5 points de base pour s’établir à 3,567%, contre 3,492% le jeudi après-midi. Il a progressé de 6,5% points de base cette semaine, enregistrant sa plus forte progression hebdomadaire depuis la période close au 4 novembre.

La cause directe de cette inflation réside dans les dépenses excessives que le gouvernement fédéral a réalisées durant la pandémie de Covid et dans la propension de la Fed à prêter de l’argent à des taux bien trop faibles. Et quand bien même la Fed a commencé un « cycle de resserrement », son taux directeur reste INFÉRIEUR de 370 points de base au taux d’inflation.

Les législateurs ne font rien pour arranger les choses. Les dépenses budgétaires devraient atteindre 5900 Mrd$ en 2023, ce qui représente plus de 25% du PIB. Cela devrait se traduire par un déficit de 1000 Mrd$, qui augmentera sûrement lorsque la récession commencera à frapper.

Tous ces facteurs concourent à doper la ‘demande’. Ils donnent aux consommateurs (ou au gouvernement du moins) plus d’argent pour acheter des biens et des services, ce qui pousse les prix à la hausse.

Mais un prix se composent de deux versants : l’offre et la demande. Du côté de l’offre, les injections d’argent du gouvernement fédéral contribuent à gonfler la masse monétaire. Mais du côté de l’offre, il y a rochers dangereux qui éventrent la mer de mensonges. L’offre de biens et de services dépend de l’emploi, de l’investissement, de l’innovation, des transports, de l’énergie et de nombreux autres intrants. Lorsque ces intrants sont plus difficiles à obtenir, distordus par des signaux de prix bidons, ou tout simplement plus coûteux, les prix des biens et des services augmentent.

Les biens et services réels sont produits principalement par les gens de la classe moyenne travaillant dans le secteur privé. Ils conduisent des poids-lourds, tiennent la comptabilité, font tourner les usines et font en sorte que le travail soit fait.

Mais la classe moyenne travaille de moins en moins. Le taux de participation à l’emploi n’a cessé de baisser depuis le début du siècle. Il y a désormais près de 100 millions d’adultes qui ne travaillent pas du tout.

Hallucinations de l’ère Covid

Pour ne rien arranger, ceux qui travaillent encore sont souvent gênés par des importuns.  Le secteur privé est dirigé par le secteur public. Or, l’objectif du secteur public n’est pas d’accroître la production, mais de la freiner.

Par exemple, durant la pandémie de Covid, le secteur public a mis à l’arrêt la majeure partie du secteur privé. Les usines ont été fermées. Les restaurants et les bars également. Les avions ont été immobilisés au sol. Les goulets d’étranglement et la mauvaise gestion des stocks imputables aux hallucinations de l’ère Covid ont fortement érodé l’offre.

Mais cette érosion de la production n’est rien comparée à l’érosion due à la multiplication et à l’accumulation implacables des lois et des règlements.  Toujours plus de restrictions, d’avocats, de comptables, d’administrateurs…

Et tous prennent un malin plaisir à secouer le bateau.

Chaque jour, le Wall Street Journal apporte de nouveaux exemples.

« La FTC saisit la justice pour faire capoter le contrat Activision » titrait le quotidien

Vendredi dernier.

Puis, dans un encart à gauche :

« Les pressions se multiplient pour que la Fed renforce son contrôle sur les principaux pôles du secteur des cryptomonnaies… »

S’en est ensuivi une autre annonce le jeudi :

« Le législateur fédéral a infligé un camouflet à Boeing, proposant un projet de loi de défense qui ne prévoit pas d’exemptions… » blablabla.

Bien sûr, ce n’est que la partie immergée de l’iceberg. Il existe des milliers de règles inutiles, de directives et de diktats qui rendent la production plus coûteuse.

Donc autant vous prévenir, ce n’est pas demain la veille que l’inflation retombera à 2%, le taux visé par la Fed. Il y a fort à parier que l’inflation sera tenace et qu’elle obligera la Fed à poursuivre la remontée des taux d’intérêt, jusqu’à ce que casse.

 

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