Démocrates et républicains se sont mis d’accord : toujours plus d’emprunt, toujours plus de dette, et au diable l’équilibre des budgets.
La semaine dernière, les républicains et les démocrates ont accepté de relever le plafond de la dette aux Etats-Unis.
Le gouvernement américain disposera de suffisamment de fonds pour les deux prochaines années, au-delà des élections de 2020. Coïncidence, non ?
Le Wall Street Journal écrit :
« Les négociateurs du Congrès et de la Maison Blanche sont parvenus à un accord visant à augmenter les dépenses fédérales et à relever le plafond d’emprunt du gouvernement, grâce à un compromis bipartite. Ils évitent ainsi une crise financière et repoussent le débat budgétaire au-delà des élections de 2020.
L’accord prévoit des dépenses de plus de 2 700 Mds$ sur deux ans […]. Il suspend le plafond de la dette jusqu’à la fin du mois de juillet 2021. Il augmente également les dépenses de près de 50 Mds$ au cours du prochain exercice par rapport aux niveaux actuels.
A défaut d’un accord, les lumières du Capitole se seraient éteintes le 1er octobre.
Le dernier blocage du gouvernement (décembre 2018 à janvier 2019) a duré 35 jours.
L’accord augmente les plafonds de dépenses d’environ 50 Mds$ cette année… et de 54 Mds$ supplémentaires la prochaine. »
Victoire des deux côtés
Le président a déclaré que l’accord était un véritable compromis qui allait permettre « une autre grande victoire à nos grands militaires et vétérans ! »
Nancy Pelosi et Chuck Schumer ont annoncé de leur côté :
« Avec cet accord, nous nous efforçons d’éviter une nouvelle fermeture du gouvernement, qui nuit tellement à la satisfaction des besoins du peuple américain et au respect de nos employés du secteur public. »
A chacun sa vérité – ou plutôt sa clientèle, n’est-ce pas ?
Le sénateur démocrate Patrick Leahy a déclaré : « L’accord évitera une catastrophe économique. » En outre, il inversera les « réductions insoutenables des dépenses discrétionnaires dans les secteurs hors défense ».
Le vrai sens du bipartisme américain
Feu Joe Sobran, célèbre journaliste et chroniqueur américain, avait qualifié les démocrates de « parti pervers », les républicains étant « le parti stupide ».
Ainsi, il a conclu que le « bipartisme » aboutissait à des résultats à la fois mauvais et stupides.
En vertu de l’accord qui vient d’être conclu, les républicains ont leurs armes. Les démocrates obtiennent leur beurre.
On a donc le beurre et les canons.
Le tout financé – si l’on ose dire, car le mot exact serait plutôt « non financé » – par le crédit et surtout la complaisance du reste du monde.
Aucun espoir de responsabilité fiscale, nous le suggérons depuis longtemps. C’est l’unilatéralisme total, irresponsable et cynique.
Nous nous attendons toujours à ce que les démocrates dépensent beaucoup, mais les républicains n’ont pas eu le moindre sursaut ; ils ont abandonné leurs principes de baisse des impôts et de limitation des déficits.
Les républicains ne le sont plus. Ils se sont détournés de leur ancienne religion fiscale, ils ont fait la paix avec le Big Government, le grand gouvernement… et ont été élus.
Les républicains vénèrent leur gourou Arthur Laffer, avec sa courbe célèbre. Maintenant, ils peuvent dépenser comme des démocrates sans rien prendre dans les poches des contribuables.
Les déficits ne comptent plus dans le nouveau catéchisme, on n’a même plus besoin d’attendre la TMM !
La dette publique des Etats-Unis dépasse les 22 400 Mds$… et augmente de jour en jour, de mois en mois.
La dette fédérale augmente actuellement trois fois plus vite que les revenus collectés
Pour maintenir simplement les niveaux d’endettement actuels, le CBO, le Comité budgétaire du Congrès US, estime que le Congrès devrait augmenter les recettes de 11% chaque année… tout en prévoyant simultanément de raboter le budget de dépenses de 10%.
Ecoutons la Brookings Institution :
« Les déficits fédéraux persistants et la dette fédérale croissante, utilisés pour financer la consommation ou les paiements de transfert, vont peser sur les investissements futurs ; réduire les perspectives de croissance économique ; rendre plus difficile la conduite de politiques courantes. Ils vont empêcher la prise en compte de nouvelles priorités majeures ou la gestion de la prochaine récession ou des urgences, et imposer des charges substantielles aux générations futures. »