La France a beau avoir été épargnée par Standard & Poor’s, elle doit faire face à une série d’événements majeurs qui pourraient mettre à mal le pays.
On ne sait plus trop où donner de la tête en ce début de semaine… Entre Carlos Tavarès qui démissionne prématurément – et avec effet immédiat – de la présidence de Stellantis (pour cause de désaccord avec le conseil d’administration et John Elkann, le représentant des intérêts de la famille Agnelli) et Donald Trump qui menace de droits de douane de 100% tout pays qui tenterait de se dédollariser et de créer une monnaie concurrente du billet vert…
C’est évidemment le consommateur américain qui paierait le coût induit par ces surtaxes, sans parler des pénuries en tout genre. L’inflation exploserait aux Etats-Unis, les surtaxes ne rapporteraient bientôt plus rien les pays « punis » cessant d’exporter, ce qui ferait couler à pic l’économie US, illustrant la fable de l’arroseur arrosé.
Mais en ce qui nous concerne, citoyens et contribuables français – et même si Stellantis replonge vers 11,4 €, au plus bas depuis début juillet 2022 –, l’annonce qui a le plus d’importance, c’est celle de Marine Le Pen, qui serait donc déterminée (sauf revirement toujours possible) à voter la motion de censure déposée par LFI.
Le gouvernement de Michel Barnier est en passe de tomber.
Ce serait une première en plus de 62 ans, et seulement la deuxième occurrence dans l’histoire de la Ve République, avec l’énorme différence qu’Emmanuel Macron n’est pas de Gaulle, et qu’une très large majorité de Français serait heureuse de le voir démissionner.
Et ce n’est pas sa dernière apparition publique à Notre-Dame qui va lui rapporter quelques points de popularité, puisqu’il s’était engagé à ne pas faire de discours depuis l’intérieur de cette enceinte sacrée aux yeux des chrétiens.
Il aurait donc considéré que tant qu’elle n’est pas « inaugurée » par l’évêché, Notre-Dame n’est qu’un monument historique « en réfection » comme un autre, où il n’est pas interdit à un laïc de prendre la parole. Sauf qu’il avait annoncé qu’il ne le ferait pas.
En huit siècles d’Histoire, et quelques soient les circonstances (insurrection, révolution, occupation de Paris), aucun chef d’Etat, roi, empereur, chancelier intergalactique ou chef de la rébellion n’y a jamais posé une estrade (même toute petite) pour venir s’adresser aux caméras et s’offrir un moment de gloire « qui n’est pas donné à tout le monde ».
Maintenant, il n’est pas interdit de se demander s’il n’avait pas secrètement allumé un cierge en priant la grâce divine de convaincre Standard & Poor’s d’épargner à la France l’humiliation d’une dégradation de sa note de crédit.
Et il été exaucé, peut-être même au-delà de ses espoirs les plus démesurés : non seulement la note de la dette française est maintenue par Standard & Poor’s à « AA-« , mais l’agence s’abstient également d’assortir son évaluation d’une perspective négative pour la prochaine revue au printemps 2025 (contrairement à Fitch et Moody’s).
Est-ce que l’agence aurait fait preuve d’une telle mansuétude si elle avait anticipé une chute imminente du gouvernement Barnier ?
Est-ce que Michel Barnier n’aurait pas jeté de lui-même l’éponge, si « S&P » avait abaissé la note de la France à « A+ » (provoquant une tension sur nos OAT dès lundi, ce qui obligerait à revoir le PLF 2025 en incluant une hausse plus ou moins forte, mais représentant au minimum plusieurs centaines de millions d’euros, voire des milliards de coût supplémentaire pour le service de notre dette, c’est-à-dire les sommes dues à nos créanciers) ?
Est-ce que Marine Le Pen n’aurait pas été accusée – en cas de dégradation – de censurer le gouvernement au pire moment et de précipiter la dette française vers les abysses, dans un grand élan d’irresponsabilité politicienne ?
En revanche, ce qui semble assez plausible, c’est que les marchés obligataires avaient bien anticipé le maintien de notre note, puisque le spread OAT/Bund s’est réduit de 88 à 82 points en 48h, ce qui témoignait d’un certain sang-froid à la veille du week-end.
L’annonce de Standard & Poor’s avait en quelque sorte été saluée par avance, et nos OAT s’empressent de reperdre 2 points sur les Bunds, ce qui n’est pas cher payé vu le risque de chaos politique et institutionnel en France, sans parler d’une hypothèse ultime où le président – ayant retrouvé la foi, comme Paul Claudel, en sa toute-puissance derrière un pilier de Notre Dame – déciderait de se doter des pleins pouvoirs durant deux mois renouvelables en dégainant l’article 16… qui n’avait été utilisé qu’une seule fois, d’avril à septembre 1961 (putsch des généraux d’Alger).
La semaine passée s’est achevée sur une embellie généralisée de l’obligataire, de l’ordre de -18 points en moyenne en Europe et de -20 points aux Etats Unis. Les taux se détendent en Europe du fait de la morosité de nos économies, plombées par la faiblesse de la demande intérieure et la crainte de nouveaux droits de douane aux Etats-Unis.
Par ailleurs, les données concernant l’inflation en zone euro sont ressortis conformes aux prévisions, avec un taux brut à 2,3% en novembre (+2,00% en octobre), une hausse conforme aux attentes et compensée par un taux « core » qui se stabilise à 2,7%, contre 2,8% anticipé.
La prévision médiane d’inflation de la BCE pour les 12 prochains est rehaussée de +2,4 à + 2,5%, mais celle anticipée pour 2026 est maintenue stable, à 2,1% (c’est-à-dire à un niveau « proche de l’objectif central »).
La BCE dispose donc de toutes les bonnes raisons d’accélérer le rythme de ses baisses de taux, malgré une croissance des salaires qui reste soutenue dans certains pays… mais pas en Allemagne où les groupes automobiles, chimiques, sidérurgiques licencient en masse et négocient même des baisses de revenus, en plus de la quasi disparition des primes d’intéressement aux bénéfices (en chute libre).
En France, le putsch des actionnaires contre Carlos Tavarez sera présenté comme la sanction d’une gestion de « cost-killer », uniquement orientée vers la maximisation de la marge, ce qui évitera de remettre en cause et de dénoncer l’euthanasie du secteur automobile par le dogme suicidaire du tout électrique d’ici 2035, au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, à l’oeuvre depuis 150 ans.
Alors que la Pologne produit des batteries au charbon, que l’Allemagne se chauffe au charbon, les éoliennes sont à l’arrêt faute de vent, ce qui est plus fréquent en hiver qu’en été… du coup, nos « e-véhicules », dont les batteries perdent un tiers de leur autonomie par grand froid, roulent au charbon !
Hélas, aucune chance que la grosse commission européenne soit censurée ; elle vient d’être adoubée par le Parlement le plus corrompu et les plus soumis aux intérêts Etats-Uniens de l’Histoire… jusqu’à envisager d’aller faire la guerre à la Russie à la place de l’OTAN, en essorant encore plus impitoyablement le contribuable européen, pour le plus grand profit des marchands d’armes américains.