Le début du troisième mandat présidentiel de Xi Jinping marque aussi le début d’une nouvelle ère pour le pays, et la fin de ses prétentions à la première place des économies du monde.
Le lundi 24 octobre, les actions chinoises cotées aux Etats-Unis ont perdu des dizaines de milliards de dollars en valeur boursière en une seule séance, plongeant à leur plus bas niveau depuis près de dix ans.
Il s’agit de la plus grande déroute des actions chinoises depuis la crise financière mondiale.
L’indice Nasdaq Golden Dragon China, qui suit des dizaines de sociétés chinoises cotées sur les Bourses américaines, a chuté de plus de 14% pour clôturer à son plus bas niveau depuis 2013 (et même de 21%, au pire de la séance). Si l’on compare cet indice à son plus haut, atteint en février 2021, il a chuté d’environ 73%.
Serait-ce une opportunité d’achat ?
Pas vraiment. Je dirais plutôt que cette dernière chute est un coup de semonce pour les investisseurs potentiels. (Et un coup dans la jambe pour ceux qui sont déjà positionnés.)
L’optimisme se dissipe
Bien que je n’aie pas recommandé une action chinoise individuelle depuis des années, j’ai toujours été optimiste quant à l’avenir économique du pays par le passé.
Malgré son gouvernement autoritaire, son adhésion aux principes du marché libre a provoqué un miracle économique. Des centaines de millions de citoyens sont passés de la pauvreté à la classe moyenne.
J’espérais qu’en se libéralisant économiquement, le pays commencerait à se libéraliser politiquement. Ce n’est manifestement pas le cas aujourd’hui : la Chine va dans la direction opposée. Et ce mouvement s’accélère.
En raison des récents développements politiques, je ne compte pas investir dans une entreprise basée en Chine. (Ou du moins, pas tant que le président Xi Jinping et sa joyeuse bande sont au pouvoir.)
Je n’achèterai pas Baidu, Tencent, JD.com, PetroChina ou même Alibaba. Et, si vous êtes malin, vous non plus.
Voici pourquoi…
Les ventes qu’ont subi les actions chinoises n’étaient pas liées à l’économie mondiale ou au marché américain. En effet, la plupart des actions ont terminé en hausse, durant la séance du lundi 24 octobre.
Ces ventes effrénées – qui ont commencé sur les marchés chinois et hongkongais et se sont étendues aux entreprises chinoises cotées aux Etats-Unis par la suite – étaient entièrement dues au fait que Xi a décidé d’étendre son contrôle sur le Parti communiste chinois.
Plus d’autocratie, moins de croissance
Il a décroché un troisième mandat présidentiel qui défie toutes les conventions.
En conséquence, de nombreuses actions chinoises de premier plan, dont Alibaba, ont chuté à des niveaux jamais vus depuis leur introduction en Bourse. Et il n’est pas difficile de comprendre pourquoi…
Les investisseurs étrangers ont dû endurer beaucoup de choses de la part des responsables du gouvernement chinois au cours des dernières années.
Ils ont menti et dissimulé les origines du Covid-19, faisant tout leur possible pour contrecarrer une enquête internationale.
Ils ont utilisé des vaccins inefficaces, fabriqués localement et ont instauré une politique « zéro Covid » qui a entraîné la fermeture d’usines et de villes entières.
Ils ont discriminé les entreprises publiques et privées tout en subventionnant les entreprises détenues ou contrôlées par l’Etat.
Ils ont priorisé l’idéologie communiste à la croissance économique.
Ils ont renoncé au pragmatisme des dirigeants chinois précédents, comme Deng Xiaoping, qui – sans être lui-même un parangon – était au moins dévoué aux politiques favorables aux entreprises, et à une plus grande prospérité.
Et – la goutte d’eau qui a fait déborder le vase – au cours du dernière Congrès du PCC, Xi a fait le ménage pour entamer son troisième mandat… et probablement le mandat de toute une vie.
Il a éliminé ses rivaux potentiels et les subordonnés qui pourraient être disposés à communiquer les résultats négatifs des politiques communistes.
A leur place, il a nommé une liste d’apparatchiks de haut rang du parti, connus pour leur soumission au chef suprême.
La quête de la Chine pour devenir la puissance économique dominante du monde n’est plus d’actualité.
Une économie de commandement et de contrôle – avec une domination de l’Etat et une corruption généralisée du gouvernement – n’a jamais fonctionné dans le passé. Pas en Chine. Et nulle part ailleurs. C’est pourquoi les inquiétudes des investisseurs est tout à fait rationnelle.
Y investir ou à éviter ?
Ce qui est moins rationnel, c’est que le plus grand gestionnaire de fonds du monde – BlackRock – a annoncé qu’il restait « neutre » sur les actions et obligations chinoises. C’est là que se situe le problème pour les investisseurs particuliers : les conflits d’intérêts massifs.
En tant que deuxième économie mondiale, la Chine offre un potentiel énorme aux organisations à but lucratif. Mais les entreprises ne peuvent pas fonctionner efficacement sans confiance. Et celle-ci fait cruellement défaut en Chine.
Les actions chinoises ont beaucoup chuté depuis le début de l’année dernière. Au moment où j’écris ces lignes, l’ETF iShares MSCI China (NASDAQ : MCHI) a perdu près de 60%.
Il y aura des rebonds – peut-être importants – dans les semaines et les mois à venir. Mais je m’attends à ce qu’ils soient de courte durée.
Les investisseurs lucides laisseront de côté les actions chinoises. Parce qu’un investissement réussi repose sur une gestion intelligente du risque.
Et investir votre capital durement gagné dans un pays dirigé par un autocrate corrompu et ses flagorneurs triés sur le volet n’est pas prudent.
Investir sur les marchés financiers chinois, en grande partie non réglementés, a toujours été un peu comme le far west. Mais, maintenant, le méchant est le shérif… et son pouvoir est incontrôlable.
Le capitalisme communiste – plutôt que d’évoluer vers quelque chose que les Occidentaux reconnaissent et comprennent – s’est révélé tel qu’il est réellement : l’oxymore ultime.