La Chronique Agora

Et les impôts de Donald Trump, alors ?

Avant qu’il ne soit atteint du Covid-19, Donald Trump faisait les gros titres pour une raison toute différente : sa feuille d’imposition…

La grande nouvelle de ces derniers jours – outre le fait que M. Trump était atteint du Covid-19 –, était que le président des Etats-Unis n’a guère payé d’impôts fédéraux, et ce depuis des années. En 2016 et 2017, par exemple, le milliardaire n’a payé que 750 $.

Aux yeux du public, Donald Trump s’est dépeint comme un homme très riche et qui a réussi. Pour le fisc, en revanche, il a tracé un portrait différent… qui tient plus de Francis Bacon que de Hans Holbein le Jeune.

C’est-à-dire qu’il s’est décrit comme un perdant… quelqu’un dont les pertes dépassent les gains… et qui, ainsi, d’une manière générale, n’a pas à payer d’impôts.

Les médias se sont immédiatement scindés en deux camps.

D’un côté, les partisans du président ont considéré qu’il s’agissait de fake news… ou bien étaient d’avis que cela flattait M. Trump – c’est une belle réussite, pour un homme aussi riche qu’il affirme l’être, de ne pas payer beaucoup d’impôts. « Bravo ! » ont-ils dit.

Dans l’autre camp, on a jugé que tout cela était vrai, et pensé que cela montrait non seulement que le président est une ordure anti-patriotique mais qu’en plus, son empire va très mal.

Nancy Pelosi est allée jusqu’à imaginer qu’un homme à la Maison Blanche avec autant de dettes personnelles représentait « une menace pour la sécurité nationale ».

Concernant cette dernière affirmation, Mme Pelosi exagère, c’est sûr. Les 400 millions de dollars de dettes garanties personnellement par le président le menacent peut-être lui, mais pas le pays.

Le roi de la dette

En ce qui nous concerne, nous n’abordons le sujet que pour revenir à une idée familière.

Dans les années 1990, M. Trump a fait une remarque restée célèbre, affirmant qu’il faisait partie des hommes les plus pauvres de la planète. Bon nombre d’entre eux n’ont rien, mais lui avait moins que rien – il était dans le rouge de 100 M$ !

Il y serait probablement resté… sans la Réserve fédérale.

C’est en effet à cette époque que la Fed a commencé à réduire le coût de l’emprunt pour M. Trump… et à gonfler la valeur de ses investissements.

Le taux directeur de la Fed était à près de 10% au début de 1989. Trois ans plus tard, il était sous les 3%. Cette gigantesque réduction du coût de financement a permis à Donald de revenir dans le vert.

C’est pour cela qu’il s’est lui-même baptisé « roi de la dette » et « fan des taux bas ». Il a constaté par lui-même ce que des taux artificiellement bas peuvent faire.

Une case en moins

Mais ceux que les dieux veulent détruire, ils commencent par les rendre fous. Les spéculateurs immobiliers ont probablement déjà une case en moins à l’origine. A peine ont-ils réussi un beau coup qu’ils empruntent plus encore… en quête d’un coup encore plus gros.

Alors que le nectar enivrant du crédit bon marché suintait de toutes les banques new-yorkaises, Trump s’est montré incapable de résister.

Le père du président a fait la fortune familiale dans le quartier de Queens, dans le monde rude et peu romantique de l’immobilier pour revenus moyens. Donald a fait la traversée jusqu’à Manhattan, à la recherche du prestige.

Si l’on en croit le New York Times, il a terminé avec un certain nombre de propriétés non profitables. Il a perdu 162 M$ rien qu’avec son golf-club de National Doral, à Miami. Son hôtel de Washington, ouvert depuis 2016 seulement, a enregistré des pertes jusqu’en 2018 à hauteur de 55,5 M$.

Ces pertes ont entamé ses finances à tel point qu’il n’a pas payé d’impôts fédéraux sur le revenu durant 10 des 15 dernières années.

Accro !

Cependant, donner du crédit bon marché aux gens, c’est un peu comme inviter un ami à partager votre dose d’héroïne. Il entre dans votre monde fantasmé… et aura peut-être du mal à en sortir.

Donald Trump est devenu accro il y a des années. Il en va de même pour une bonne partie de l’économie US. Tout le monde ou presque est devenu dépendant de la fausse monnaie et de taux directeurs inférieurs à l’indice d’inflation des prix à la consommation.

C’était le cas en janvier. A présent, début octobre, c’est devenu plus difficile – pour le président et pour la nation.

Parfois, tout ne se passe pas comme prévu. Lorsque le coronavirus est arrivé, l’empire de Donald – hôtels, casinos, complexes de loisirs – a pris le choc de plein fouet.

Dix-sept de ses parcours de golf ont fermé leurs portes. Le taux d’occupation des hôtels à New York a chuté, passant de 93% en août dernier à 38% seulement cette année.

Les parieurs sont désormais en ligne. Les golfeurs sont de retour sur les greens, mais ils ne se précipitent pas au bar.

Jusqu’où le trou de Donald va-t-il cette fois-ci ? Nous n’en savons rien. Ce n’est pas nos affaires.

Mais M. Trump a de la ressource… et de la veine. Il pourrait s’en sortir une fois encore.

Le trou américain, en revanche, est de 80 000 Mds$… et descend jusqu’en enfer.

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