La Chronique Agora

Ce n’est pas Dieu, c’est l’être humain

Washington sur un dollar baillonné par une ficelle

Certaines choses se provoquent, d’autres arrivent, tout simplement. C’est le cas du vrai capitalisme qui n’est que la manifestation d’un ordre spontané.

La prêtre de l’église St James, à Mallow (c’était une femme, St James étant une paroisse de l’Eglise d’Irlande et non catholique-romaine), a prononcé un sermon intéressant pour le dimanche de Pâques.

Elle disait en substance que « Dieu fait ce qu’Il veut ». Elle conta l’histoire pascale bien connue des disciples recherchant le corps du Christ après qu’il a été descendu de la croix.

« C’était la chose la plus importante qui se soit produite dans l’histoire du monde — et pourtant, c’est un récit plein de confusion, de signes contradictoires et de faux départs. C’est une histoire très humaine ; on ne sait jamais ce qui se passe vraiment ».

Oui, nous pouvons faire en sorte que certaines choses se produisent. D’autres au contraire nous arrivent.

La gravité s’exerce quoi que nous fassions. Si nous voulons réparer le toit, en revanche, nous ferions mieux de sortir nos outils.

Dans un récent sondage mené par Gallup, plus de la moitié des millennials (c’est-à-dire les vingtenaires et trentenaires) ont déclaré avoir une opinion positive du socialisme.

Les autres semblent contents du capitalisme, à condition qu’il soit « réformé ». Même le Sunday Times dublinois a repris le thème dans un éditorial : « capitaliste, il est temps de te soigner toi-même ».

Le capitalisme est-il provoqué ?

Mais le capitalisme est-il une chose que l’on provoque, ou bien est-ce une chose qui nous arrive ? Et s’il tombe malade, peut-on le soigner ?

Nous avons vu la semaine dernière que la plus grosse vague de relance des États-Unis — 3 600 Mds$ d’assouplissement quantitatif, des taux d’intérêt réels négatifs pendant 10 ans et des déficits de 11 000 Mds$ — a engendré la plus faible reprise jamais enregistrée.

Les activistes voulaient une croissance plus rapide — mais ils ne pouvaient pas la provoquer. Le PIB se traînait à tout juste la moitié de son rythme des années 1950, 60 et 70. Les salaires stagnaient ou à peu près. Idem pour les bénéfices des entreprises avant impôts.

Les Japonais n’ont pas réussi non plus. La relance n’a pas eu plus d’effet sur l’archipel nippon que sur les Etats-Unis.

A ce jour, sur l’ensemble du XXIème siècle, la Banque du Japon (BoJ) a multiplié son bilan (relance monétaire, c’est-à-dire influant sur la masse monétaire du pays) par environ sept.

Sur la même période, les autorités japonaises ont augmenté la dette gouvernementale (relance budgétaire), la faisant passer de 100% du PIB à 250% — la plus grande augmentation jamais vue dans une économie majeure.

La BoJ a également stimulé directement le marché boursier en achetant pour 250 Mds$ d’ETF ; elle est aussi bien partie pour nationaliser la majeure partie des industries du pays en rachetant des actions avec l’argent qu’elle a elle-même imprimé.

Notez que personne ne sait où cela va mener.

Notez aussi que cette relance godzillesque n’a produit quasiment aucune croissance. Le PIB nominal du Japon a grimpé de moins de 6% au total sur ces 18 années.

Le dernier programme de relance aux États-Unis est l’accord avec la Chine — la fin supposée de la guerre commerciale sino-américaine –, dont on dit qu’il est imminent.

Est-ce que cela « stimulera » enfin l’économie comme annoncé ? Ou bien la croissance économique, tout comme le capitalisme qui la génère, ne donne pas prise aux gadgets, aux accords et à la relance ?

Toujours SDF

Nous allons laisser ces questions de côté pour l’instant, avant de vous donner, cependant, quelques nouvelles de la campagne irlandaise…

Nous sommes revenu en Irlande pour emménager dans notre maison nouvellement rénovée. Mais lors de notre visite, vendredi, nous avons trouvé des ouvriers en train de poser les portes et les fenêtres.

La cheminée n’avait pas été construite. Le carrelage n’avait pas été commandé. Les peintures étaient tout juste entamées.

Bill en inspecteur des travaux… non-finis

Nous étions censé emménager avant la fin du mois. Cela n’arrivera pas. Nous resterons vagabond, itinérant et sans domicile fixe au moins jusqu’à fin mai.

« Que s’est-il passé ? » avons-nous demandé.

« Vacances, pluie, boue, accidents, pannes, erreurs — les trucs habituels », a répondu le responsable des travaux.

« Ah… »

« La notion irlandaise du temps », a dit un ami. « De toute l’histoire de l’Irlande, aucun bâtiment n’a jamais été terminé à l’heure. Ce n’est pas de la faute de Dieu. C’est l’être humain ».

« Ah… »

Nous sommes revenu le samedi et nous sommes mis nous-même au travail. Un cottage abandonné se trouve sur la propriété. Les poutres ont pourri et près de la moitié du toit s’était déjà effondrée dans la maison.

Nous avons démoli le reste et évacué les débris. Nous prévoyons d’installer un nouveau toit de tôle le plus rapidement possible. Ainsi, nous aurons au moins un endroit où ranger nos outils.

Le cottage abandonné

Bill se prépare à travailler sur le vieux cottage

Lorsque le toit a été abattu, le mur de pierre au-dessus des fenêtres est parti avec. Les linteaux étaient pourris eux aussi.

Dimanche, après la messe de Pâques, nous avons remplacé les linteaux par du bois traité, mélangé de la chaux et du sable, et commencé à reconstruire la structure.

Le week-end prochain, nous allons pouvoir poser le rebord et commencer l’encadrement.

Enfin… s’il ne pleut pas.

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