Le déclin de l’empire américain a-t-il vraiment commencé en l’an 2000 ? Bill Bonner est à la recherche de preuves…
Cette semaine, en plein « nouveau normal », nous essayons de nous rappeler à quoi ressemblait « l’ancien normal ». Etait-ce vraiment mieux… ou bien c’est nous ?
Nous nous sommes rappelé ce que devaient être les choses lorsque nous sommes né. Evidemment, le monde était bien différent à l’époque.
Mais est-ce que les mêmes principes… la même gravité… et la même Constitution s’appliquent encore ? La grâce, le charme, l’esprit, la civilité… ou la grossièreté, la crétinerie et la cruauté – les choix ne sont-ils pas les mêmes ?
D’après nos calculs, la vie aux Etats-Unis semblait plus ou moins civilisée jusqu’à la fin du XXème siècle. Ensuite, plusieurs thèmes assez vilains sont venus occuper le devant de la scène :
L’arrogance de gens qui se pensaient « exceptionnels », au-delà du bien et du mal… et non soumis aux mêmes règles que les autres…
… La dégénérescence d’un empire – qui dépensait trop… jouait les gros bras… accordait une place démesurée à la défense…
… La disparition des vrais « conservateurs »…
… L’inévitable échec d’un système de (fausse) monnaie papier ; aucun n’a jamais survécu à un cycle du crédit complet…
… La déception de la technologie. Dans les années 1960, nous imaginions le XXIème siècle comme une merveille de liberté, de voitures volantes et de machines de science-fiction. A la place, nous sommes à la merci d’un virus… prisonniers de nos iPhones et de nos téléconférences… avec par-dessus le marché un PIB en chute libre…
… Et la corruption de la démocratie en démagogie, avec du pain et des jeux… des foules et des messies… des clowns et des bateleurs.
Le XXIème siècle ? Un flop total !
Au bon vieux temps
Tentons de nous rappeler comment c’était à la fin des années 1990, avant le début du nouveau siècle, maintenant.
L’économie américaine était solide… si solide que les recettes fiscales suffisaient largement à financer les usines à gaz de l’équipe Clinton.
La dette américaine nationale baissait – en partie parce que certains républicains étaient restés conservateurs… et capables de bloquer les dépenses.
Les Etats-Unis avaient des troupes partout dans le monde. Mais nous ne nous rappelons qu’un seul engagement important et honteux – au Kosovo.
Une procédure de destitution était engagée contre M. Clinton, et des batailles partisanes se livraient quotidiennement à Washington. Mais nous ne nous souvenons pas que les citoyens se soient sauté à la gorge.
Déclin général
Ensuite est arrivé l’an 2000… et tout a semblé commencer à décliner.
Premièrement, la bulle des dot.com a explosé… et le Nasdaq s’est effondré. Rien de particulièrement inhabituel ou sinistre à cela. C’est ainsi que les marchés fonctionnent. Ils corrigent les erreurs.
Mais l’avenir étendait son ombre : la nouvelle technologie nous décevrait… et les autorités aggraveraient une situation déjà mauvaise.
La Réserve fédérale avait déjà pris la mauvaise habitude de soutenir Wall Street. Elle fit passer son taux directeur de 6,5% à 1%. Cela mena à la bulle suivante, dans l’immobilier et la finance hypothécaire… qui explosa huit ans plus tard.
Parallèlement, l’administration Bush avait commis l’une des plus grosses gaffes de l’histoire américaine. Scandalisée par les attentats du 11 septembre, elle avait déclaré la guerre à une tactique militaire – le terrorisme. (Pourquoi pas ? Les autorités US étaient déjà « en guerre » contre la pauvreté, les drogues et le cancer.)
Ensuite, le gouvernement a attaqué un pays qui n’avait rien à voir avec le 11 septembre – l’Irak. La facture de ce désastre continue de s’allonger. L’université de Brown a publié les chiffres les plus récents la semaine dernière. Selon Business Insider :
« Au moins 37 millions de personnes ont été déplacées par ‘la guerre globale contre la terreur’ menée par les Etats-Unis, selon un nouveau rapport du projet Cost of War [‘Le coût de la guerre’, NDLR.], de l’université de Brown.
Le nombre de personnes déplacées pourrait atteindre les 59 millions, selon le rapport.
Ces déplacements ont causé ‘des dommages incalculables pour les individus, les familles, les villes, les cités, les régions et des pays entiers, socialement, émotionnellement et économiquement’, affirme le rapport. »
Le prix de la guerre contre la terreur, pour le gouvernement fédéral, se monte à plus de 6 400 Mds$ – et elle a tué plus de 800 000 personnes par la violence directe.
Un fossé croissant
Ensuite, durant la crise financière de 2008/2009, les autorités sont à nouveau entrées en mode panique. Cette fois-ci, elles ont organisé l’opération de secours financier la plus chère de l’Histoire – avec 3 600 Mds$ créés par la Réserve fédérale et injectés dans les prix des actifs.
Les prix des actions ont rebondi, et n’ont pas tardé à entrer en territoire de bulle. L’économie, cependant, était à la traîne, avec la reprise la plus faible jamais enregistrée.
Cela a creusé un fossé gigantesque entre le fantasme financiarisé de Wall Street et l’économie réelle.
Cela a également causé une division croissante – des inégalités – entre les 10% les plus riches, qui possèdent près de 90% des actifs financiers – et les autres 90%, qui dépendent de l’emploi réel pour gagner leur vie.
La Fed a affirmé que cet extraordinaire exercice d’impression monétaire et d’interventionnisme n’était que temporaire… et qu’elle ramènerait les choses à la « normale » dès la crise terminée.
Une crise sans fin
Sauf que la crise n’a jamais pris fin.
Avant même que la pandémie de coronavirus ne frappe cette année, la Fed faisait chauffer la planche à billets dans le cadre de son programme de « folie repo ». Dans les faits, elle imprimait l’argent nécessaire pour financer les déficits de l’administration Trump.
Ce qui nous amène à cette année – avec deux erreurs encore plus grosses… des déficits plus profonds… toujours plus d’impression monétaire… plus d’interventionnisme… plus de dettes…
… Et plus de désastres à venir.