Si Donald Trump est incapable de « rendre sa grandeur à l’Amérique »… et si une récession est en chemin… faut-il rester muet ? Faut-il rester sans rien faire ? Au nom de quoi ?
Alors qu’il était encore candidat à la présidence américaine, M. Trump a déclaré que le marché boursier était « une grosse bulle bien moche ». Il avait raison. Et puis… une fois en poste… il en a fait SA bulle… et a mis la pression sur la Fed pour qu’elle la rende encore plus grosse et encore plus moche.
Si vous vouliez vraiment « rendre sa grandeur à l’Amérique », vous voudriez un déficit qui ressemble plus à celui d’Eisenhower que celui d’Obama.
Eisenhower avait pris des mesures sérieuses pour contraindre le budget de 1960 à devenir un surplus de 301 millions de dollars. M. Trump n’est pas Eisenhower ; il a pris les 665 Mds$ du déficit d’Obama… et les a quasiment doublés… avant même que le coronavirus ne frappe !
Une immense déception
Le marigot, le Deep State, les lobbyistes, les parasites, les compères… tous se nourrissent à la même auge. Ainsi, si l’on veut sérieusement rendre sa grande à l’Amérique, la première – et quasiment la seule – chose que l’on puisse faire, c’est mettre tous ce petit monde à la diète.
Tout le reste – le mur, les guerres commerciales, l’impeachment et maintenant le Covid-19 – n’est qu’une distraction dangereuse et coûteuse.
En tant que chef de l’exécutif, vous pourriez exiger un budget équilibré, comme l’a fait Eisenhower. Si le Congrès n’obéissait pas, vous mettriez un veto à ses dépenses… le forçant à outrepasser vos instructions.
Le New York Times et le Washington Post pousseraient des cris d’orfraie ! Les lobbyistes hurleraient ! Paul Krugman, Larry Summers, Joseph Stiglitz – tous les grands noms de l’économie friseraient la crise d’apoplexie. Ce serait délicieux d’y assister.
Mais cela n’a pas eu lieu. A la place, M. Trump a poursuivi les politiques de W. Bush et d’Obama. Il a poussé la Fed à réduire les taux… et il a augmenté le déficit.
A présent, confronté au coronavirus… et à la perspective de perdre les prochaines élections… il offre de renflouer, subventionner et relancer quasiment tout.
Et donc, en réponse à nos lecteurs, nous ne détestons pas Donald Trump. Il est profondément ignorant et balourd. Il n’a apparemment ni classe ni principes. Mais par-dessus tout, il est une immense déception. Nous espérions qu’il changerait vraiment la donne.
Au lieu de cela, tout tourne autour de Trump. Il cherche la bagarre, bombe le torse, boude… et laisse les carriéristes du Deep State aux commandes. Il serait bien incapable de « rendre sa grandeur à l’Amérique » parce qu’il n’a jamais compris ce qui faisait la grandeur du pays.
Nous ne le « détestons » pas du tout. Nous le méprisons simplement… comme nous méprisons tous les autres empêcheurs de tourner en rond, beaux parleurs à la grosse tête et qui croient tout savoir.
Ceci dit, nous sommes pour le mépris équitable. Nous méprisons Hillary Clinton, Joe Biden, Bernie Sanders… et toute la compagnie de brasseurs de sottises.
Egalité des chances ?
Et qu’en est-il de l’affirmation de notre lecteur James C., hier, selon qui Trump a « égalisé les chances » ? Nous n’en voyons pas la preuve. Nous ne voyons pas non plus, considérant les manœuvres politiques de Trump, comment ce serait possible.
Les riches sont devenus plus riches durant les années Trump. La réductions d’impôts de 2017 l’a pratiquement garanti. Idem pour la bulle boursière de Trump, toujours plus grosse…
Les riches doivent leur récente fortune non pas à des augmentations du PIB – qui sont restées modestes, sous la barre des 3% – mais à la hausse du marché boursier. 84% des actions aux mains des Américains appartiennent aux 10% les plus riches. A mesure que les cours grimpent, en gros, leur richesse aussi.
Le Dow a grimpé de plus de 11 000 points à partir du jour où Trump a gagné l’élection – jusqu’à atteindre un sommet en janvier. Même maintenant, après le plongeon dû au confinement, les riches ont encore plus de 30% de gains.
Et les classes moyennes ? Leurs salaires n’ont que légèrement grimpé avant le virus… et maintenant – alors que de vastes pans de l’économie sont sous cloche – ils se sont effondrés.
Nous ne voyons pas comment on pourrait qualifier cela d’« égalisation des chances ». Une chose est sûre en tout cas, cela ne signifie absolument pas que « les classes moyennes s’en mettent plein les poches ».
Elles perdaient du terrain, par rapport aux riches, avant que le virus ne frappe. A présent, elles perdent du terrain en termes absolus également.
Le malheur des autres
Mais l’accusation la plus curieuse de James est la dernière. Pense-t-il vraiment que nous aurions dû nous taire au lieu d’avertir : « Récession ! Récession ! Récession » ? Pense-t-il que nous ne devrions pas vendre les actions si nous anticipons leur baisse ?
Attendez un peu. James pense aussi que nous faisons des profits en achetant des actions et en « gagnant de l’argent sur le malheur des autres ». Comment est-ce possible ?
Si un homme veut désespérément vendre sa maison, faut-il ne PAS l’acheter ? En quoi est-ce que ça l’aiderait ?
James pense-t-il que les malheurs des autres seront soulagés si nous ne voyons PAS leurs malheurs arriver, si nous ne les prévenons PAS et si nous n’achetons PAS d’actions au plus bas d’un marché baissier ?
Est-ce qu’ils iraient mieux – les sans-abri, les pauvres, les sans-emploi – si nous les rejoignions dans leur malheur ?
Nous avons du mal à comprendre le raisonnement de James. Mais peut-être a-t-il raison ; peut-être que tous nos critiques ont raison. On ne sait jamais. Beaucoup de gens pensent que Krugman, Stiglitz et Bernanke sont des génies aussi. Ainsi que Trump.
Nous nous sommes trompés sur beaucoup de choses, au fil des ans. Peut-être que nous nous trompons encore.
Peut-être aussi que ce n’est qu’une question de temps avant que James se voie attribuer le prix Nobel d’économie… ou au minimum un fauteuil au conseil de la Réserve fédérale…
… Tandis que nous fouillons les poubelles de Buenos Aires à la recherche d’un croûton de pain rassis.