Par Bill Bonner (*)
En Amérique Latine, un investisseur a le vent en poupe. Les devises de la région grimpent ; idem pour le prix de la nourriture. La plupart de ces pays sont des exportateurs nets — de bananes et d’autres matières premières agricoles, mais souvent de métaux également. Comme la Chine et des exportateurs pétroliers, ils accumulent les réserves de dollars et observent leurs propres devises grimper par rapport au billet vert. Plusieurs d’entre eux ont dû intervenir sur les marchés des changes non pas pour protéger leurs devises locales… mais pour les empêcher de monter.
Cependant, rien ne semble pouvoir calmer l’appétit croissant de la planète. Il y a de plus en plus de gens dans le monde ; la plupart d’entre eux s’enrichissent. Naturellement, ils s’attendent à avoir un peu plus de beurre dans leurs épinards… et un peu plus de viande dans leur soupe. Mais d’où est-ce que cela viendra ? On peut imprimer autant de dollars ou d’euros qu’on le veut. Ajoutez un zéro, et vous avez multiplié la masse monétaire par dix. Mais à quel rythme peut-on augmenter la production alimentaire ? Où trouver des terres à cultiver ? De l’eau ? Selon certains analystes, le monde a déjà dépassé son pic de production alimentaire.
Pour chaque acre que l’on met en service, disent-ils, on retire une acre. Aux Etats-Unis, par exemples, les agriculteurs sont en train de changer ; ils produisent de moins en moins de céréales destinées à l’alimentation, et de plus de plus de céréales — du maïs, en particulier — pour les biocarburants.
30% de la récolte de l’été dernier ont ainsi été consacrés aux réservoirs à essence plutôt qu’aux estomacs. Dans d’autres endroits du monde, en particulier la Chine, les terres agricoles sont annexées pour le développement urbain, ou détruites par la pollution, la sécheresse ou la surexploitation. Les prix des exploitations sont à des niveaux record… et pourraient grimper encore. Les stocks de maïs frôlent leurs plus bas de ces 33 dernières années… tandis que les stocks de blé approchent un creux de 60 ans.
Quel meilleur moment pour investir dans l’un des principaux producteurs alimentaires de la planète ? déclare le légendaire investisseur britannique Jim Slater. Dans la lettre Investors’ Chronicle, Slater déclare : "le Brésil possède en abondance les quatre plus grandes matières premières dont le monde a besoin" — qu’il identifie comme l’eau, les terres arables, l’énergie et la richesse minérale. Le Brésil, souligne-t-il, possède 90% plus d’eau récupérable que son rival le plus proche.
C’est le plus grand exportateur au monde de soja, de bœuf, de poulet, de jus d’orange et de sucre. Sa principale compagnie pétrolière a récemment trouvé un immense gisement. "Avant longtemps", prédit Slater, "le Brésil sera un exportateur net de pétrole". Enfin, le pays est également un gigantesque producteur de minerai de fer, de quartz, de minerai de chrome, de diamants industriels, d’or, de nickel, d’étain, de bauxite, d’uranium et de platine.
Vendez les gringos ; achetez les Latinos.
Meilleures salutations,
Bill Bonner
Pour la Chronique Agora
(*) Bill Bonner est le fondateur et président d’Agora Publishing, maison-mère des Publications Agora aux Etats-Unis. Auteur de la lettre e-mail quotidienne The Daily Reckoning (450 000 lecteurs), il intervient dans La Chronique Agora, directement inspirée du Daily Reckoning. Il est également l’auteur des livres "L’inéluctable faillite de l’économie américaine" et "L’Empire des Dettes".