Le déclin de l’empire américain, le dynamisme politique de Trump, et d’autres guerres impossibles à gagner…
Que savons-nous aujourd’hui, que nous ne savions pas l’année dernière à la même période ?
En ce qui concerne les marchés, 2023 nous a rappelé qu’il y a toujours des surprises. Qui aurait pu penser que les actions seraient entraînées à la hausse par l’un des plus marchés haussiers les plus importants de tous les temps… alors que, dans le même temps, les taux d’intérêt ont augmenté comme jamais auparavant ?
Et qui aurait pu prévoir une augmentation aussi importante du coût des emprunts, sans qu’il y ait de récession ? Une récession aurait dû se produire. Elle n’a pas eu lieu.
Mais il nous reste encore 2024 !
Nous avons également été surpris de constater que Donald Trump était resté aussi actif, sur le plan politique. Il était évident que l’élite du courant dominant voulait le nuire. Il était également évident qu’il allait être embourbé dans des batailles juridiques pour éviter la prison. Ce qui était moins évident, c’est qu’il était utile à de nombreux groupes différents.
Une grande partie de l’électorat le considère comme LE champion qui va perturber un système corrompu.
De nombreux démocrates pensaient qu’il était le seul candidat que Joe Biden pouvait battre.
Et puis, les individus les plus cyniques de l’élite voyaient en lui le parfait candidat faussement « réformateur », qui blufferait et fanfaronnerait pour la classe populaire, assise aux places les moins chères… mais laisserait la classe dirigeante dans ses loges d’honneur, sans la moindre entrave.
La mégapolitique
Tout cela a été surprenant, mais n’a pas d’impact sur nos perspectives fondamentales. Nous essayons toujours d’aller au-delà des mouvements du marché et des gros titres politiques. Ce que nous essayons de comprendre, ce sont les tendances profondes, qui à long terme déterminent le cours de l’Histoire. C’est ce que nous appelons la « mégapolitique ».
Sur les marchés, nous pensons que la tendance principale a changé. Certes, les cours des actions sont proches de leurs plus hauts niveaux historiques, mais pas lorsqu’elles sont corrigées de l’inflation. Et bien qu’il y ait toujours beaucoup d’événements inattendus et surprenants, la tendance principale reflète un mouvement plus fondamental.
De la hausse à la baisse, de la cupidité à la peur, de l’optimisme au désespoir, l’époque des bulles est révolue. C’est du moins ce que nous croyons. Oui, il y aura encore des bulles… mais nous ne pouvons plus dépendre du cycle du crédit ou de la Fed pour les soutenir.
Il existe des modèles pour tout. Lorsque vous écoutez un morceau de musique, par exemple, vous pouvez anticiper la mélodie même si vous ne l’avez jamais entendu auparavant. Les histoires ont un début et une fin, des héros et des méchants, des échecs moraux et des dénouements. Il existe deux modèles de base pour les êtres humains – l’homme et la femme – et chacun d’entre eux suit la même séquence de base : de la naissance à la mort, de la poussière à la poussière et des cendres aux cendres. Il n’y a pas d’exception.
Les taux d’intérêt suivent, eux aussi, des schémas. Les rendements ont atteint leur plus bas niveau historique en juillet 2020. Depuis lors, les rendements (et les taux d’intérêt) sont nettement plus élevés, même s’ils sont loin d’atteindre le niveau qu’ils atteindront très certainement un jour.
L’ombre au tableau
Pour remettre les choses en perspective, le cycle des taux d’intérêt – du plus haut au plus bas, et vice-versa – a commencé son dernier aller-retour à peu près à l’époque de notre naissance. Les taux ont augmenté pendant les 32 premières années… et baissé pendant les 40 années suivantes.
Vous pensez peut-être que le cycle actuel de hausse des taux d’intérêt prendra bientôt fin, car la Fed va commencer à réduire ses taux dans le courant de l’année. Mais au fond, au-delà des gros titres, quelque chose a changé. La Fed peut réduire les taux, mais l’inflation est maintenant bel et bien présente. L’augmentation de la masse monétaire entraîne désormais une hausse des prix à la consommation, et tout le monde le sait. Et lorsque la Fed reprendra son fandango de réduction des taux et d’impression de monnaie, l’inflation augmentera elle aussi. Il est donc peu probable que les taux réels, corrigés de l’inflation, retrouvent de notre vivant des niveaux aussi bas que ceux de juillet 2020.
Une autre évolution « mégapolitique » que nous observons est le déclin de l’empire américain. Peu importe ce que vous pensez ou ce que vous voulez, les empires ont aussi des cycles de vie. Et il nous semble que les Etats-Unis ont commencé à décliner vers 1999. Depuis lors, leurs guerres ont été des désastres, la croissance de leur PIB a été presque divisée par deux, leur politique est douteuse et leur dette a augmenté de 28 000 milliards de dollars.
Coûteux et ingagnables
L’élément le plus remarquable de cette liste d’échecs est probablement celui qui est le moins souvent mentionné : la dette. Qui aurait pu imaginer que les Etats-Unis, la nation la plus riche et la plus puissante du monde, n’auraient pas les moyens de payer leurs propres dépenses… et qu’ils devraient faire supporter aux générations futures des milliards de dollars de dettes ?
Le déclin d’un empire peut être géré avec grâce… ou avec honte. Soit l’empire se retire volontairement, soit il est chassé, soit il effectue une retraite rare et ordonnée. Ou bien il subit une déroute désastreuse.
La façon la plus élégante de gérer cette situation est de réduire fortement les dépenses, d’équilibrer le budget, d’abolir la Fed et de ramener les troupes à la maison – de peur qu’elles ne nous entraînent dans une nouvelle guerre coûteuse et impossible à gagner.
Les empires, cependant, sont comme des toxicomanes. Oui, cela fait aussi partie du schéma. Ils sont corrompus, incompétents et désespérément à la recherche de leur prochaine dose.