La Chronique Agora

Coronavirus, la nouvelle religion

Coronavirus, économie, même combat : les autorités semblent prêtes à croire des mythes de plus en plus extraordinaires – et tant pis pour la réalité.

Nous sommes arrivé à Buenos Aires. Les restaurants sont ouverts, en majeure partie… et la vie semble normale… en majeure partie. Lorsque nous sommes arrivé en ville – à environ 11h du soir – les gens étaient encore assis aux terrasses des cafés.

Tout le monde ou presque respecte les règles de la nouvelle foi. Les gens se couvrent le visage. En entrant dans un restaurant, ils tendent les mains, paumes vers le haut – comme s’ils allaient recevoir l’hostie consacrée – pour être désinfectés. Tous les dieux ne sont pas égaux, cependant. Certains sont des imposteurs.

Pour l’instant, le dieu de la « science », invoqué pour nous protéger du Covid-19, n’a pas été franchement convaincant. Il est peut-être traverser la Mer Rouge à pied sec… mais il n’a pas pu arrêter le virus.

Fantasmes nocifs

Et qu’en est-il du dieu de « l’économie » ? Voilà une canaille, à coup sûr.

Les principes de cette foi sont clairement ridicules :

… Ils (les économistes qui gèrent les banques centrales) peuvent gonfler la masse monétaire – en imprimant de plus en plus d’argent – sans causer d’augmentation des prix à la consommation…

… Le monde souffre d’un excès d’épargne, alors que les taux d’épargne sont proches de plus bas records dans pas mal de pays…

… Ils savent mieux que le marché libre à quel niveau les prix doivent être fixés…

… Ils savent de quels taux d’intérêts l’économie a besoin… et quel niveau d’inflation elle devrait avoir…

… Ils peuvent verrouiller une économie et remplacer la production réelle (la richesse réelle) par de la fausse monnaie.

Ces fantasmes ne sont pas inoffensifs. Ils encouragent les banquiers centraux de la planète à imprimer de plus en plus d’argent… jusqu’à ce que l’inflation finisse par exploser comme une bouteille de champagne. Qui alors remettra le bouchon en place ?

Personne…

L’« effet Chine »

Mais attendez… ce n’est pas tout…

Charles Goodhart et Manoj Pradhan, de la Banque des règlements internationaux (BRI), affirment que les taux d’inflation grimperaient rapidement même si les banquiers centraux n’étaient pas des imbéciles.

Ils disent que le déclin des taux d’inflation au XXIème siècle était causé par la mondialisation, non par les politiques de la Fed.

Ce qu’il s’est vraiment passé, disent-ils, c’est que la Chine a rejoint l’Organisation mondiale du commerce en 2001. Elle a apporté avec elle des centaines de millions de gens prêts à trimer pour moins que rien.

En dépit de la rhétorique du parti « communiste », les entrepreneurs et hommes d’affaires chinois étaient en réalité plus libres d’innover et de créer de la richesse que leurs concurrents aux Etats-Unis.

Cela – et l’augmentation de la production dans d’autres parties du monde – a mené à une immense augmentation de biens, ce qui a pesé sur les prix.

Inévitable inflation

Mais devinez quoi ? Il n’y a qu’une seule Chine. L’« effet Chine », c’était hier.

Et devinez quoi d’autre ? Partout dans le monde, la classe ouvrière vieillit… et prend sa retraite. Les taux de natalité baissent. Moins de travailleurs… plus de retraités.

Inévitablement, la production par personne chutera elle aussi. La demande reste élevée tandis que l’offre ralentit. Les prix vont grimper.

Les gouvernements – principalement élus par des personnes âgées – devront imprimer de l’argent pour tenir leurs engagements (allocations, retraites, etc.).

De quoi cela a-t-il l’air ? Selon Goodhart et Pradhan, cela devrait signifier un changement majeur… passant de la tendance taux d’intérêts bas/inflation basse de ces 40 dernières années… à une tendance taux d’intérêts élevés/inflation élevée durant les 40 prochaines.

Quatre décennies d’inflation relativement limitée ont produit une race de messieurs je-sais-tout qui croient à des choses absurdes et se prosternent devant des cinglés. Ils pensent pouvoir faire ce que personne n’a jamais réussi à faire – créer de la prospérité réelle avec de la fausse monnaie.

Quoi qu’il se passe, leur foi sera probablement mise à l’épreuve.

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