La Chronique Agora

Ciel, une capitaliste !

Les riches ne sont pas les seuls boucs-émissaires des Etats-Unis – les Chinois en font eux aussi partie. Et c’est une mascarade…

Comme on pouvait s’y attendre, Bernie Sanders perd du terrain dans la campagne électorale américaine.

Pour conserver ses chances, il doit se différencier d’Elizabeth Warren, qui est plus jeune, plus énergique et a plus ou moins les mêmes idées idiotes.

Il le fait en s’en prenant aux riches encore plus agressivement que Mme Warren.

Mme Warren augmenterait l’impôt sur la fortune à 62% ; Bernie, lui, frapperait les milliardaires d’une taxe de 97,5% – disons-le tout net, les malheureux en seraient réduits à faire les poubelles pour survivre !

Pseudo-capitalisme

Nous verrons dans un instant en quoi cela est lié à un autre bouc-émissaire américain : les Chinois.

Avant cela, en réaction à notre idée, il y a quelques jours, que « les riches » deviendraient les boucs-émissaires lors de la saison imminente de misère générale, notre vieil ami Doug Casey avait un commentaire à ajouter :

 « La haine des riches, cependant, est quelque peu compréhensible. Pourquoi ? Parce que bon nombre d’entre eux se sont incroyablement enrichis en devenant des compères et en truquant le système politique. La majeure partie de leur argent a été gagné par le vol, non la production. »

C’est-à-dire qu’ils ont fait fortune grâce à la politique et aux manipulations de la Réserve fédérale, non par le biais du capitalisme honnête.

Bernie Sanders, un millionnaire, ne voit pourtant pas la différence. Il se contente donc d’indiquer clairement qu’il n’en fait pas partie. Et comme pour suggérer qu’on ne pourrait pas en dire autant de sa concurrente, il a déclaré que Mme Warren était « capitaliste jusqu’aux os ».

Nous frissonnons et tremblons. Une capitaliste est parmi nous ! Et elle se présente à la plus haute fonction !

Malheur ! Une socialiste serait parfaitement à sa place. Un nationaliste ? Pas de problème. Une végétalienne ? Un fondamentaliste ? Une écologiste ? Un travesti ? Un kidnappeur transgenre ? Le système pourrait s’arranger de n’importe qui…

… Mais pas d’un vrai capitaliste. Quelle plaie à Washington ! Quelle malédiction sur le Capitole ! Canicule et mildiou sur tout DC et sa banlieue !

Un vrai capitaliste assainirait le marigot… et menacerait l’édifice branlant du Deep State et de la fausse monnaie.

« Je n’en suis pas un », a rassuré Bernie.

Mais Mme Warren n’est pas plus capitaliste que lui. Ni M. Trump. Aucun n’est prêt à laisser libre cours au libre-échange et aux accords gagnant-gagnant. Ils préfèrent garder le fouet à la main et le capitalisme aux fers.

Ils se proposent de le guider avec des politiques monétaires crétines… et d’en diriger les récompenses là où ils souhaitent qu’elles ailleurs. En d’autres termes, ils veulent une économie gérée par le gouvernement, où ils peuvent dicter qui obtient quoi.

Cela nous mène à notre sujet du jour – la guerre commerciale avec la Chine… 

Menaces et maïs

Tout le monde, aux Etats-Unis, semble penser que les Chinois trichent : ils manipulent leur devise, volent la propriété intellectuelle et sont trop durs avec leurs minorités musulmanes.

Dans une économie capitaliste, toutefois, les entreprises et les consommateurs peuvent décider par eux-mêmes s’ils veulent acheter/investir/commercer en Chine.

Si vos homologues – étrangers ou nationaux – ne se conduisent pas d’une manière qui vous convient, le choix est simple : soit vous les prenez comme ils sont, soit vous ne traitez avec eux. Inutile d’en faire une affaire d’Etat.

Avec le capitalisme, on fait du mieux qu’on peut sans faire intervenir les gros bras. Mais voilà qu’arrivent Le Donald et son « immense sagesse inégalée », et les menottes se resserrent.

Le président des Etats-Unis pense que c’est à lui de décider qui fait affaire avec qui… et en quels termes.

Ses négociateurs, par exemple, affirment avoir contraint les Chinois à acheter 40 Mds$ de produits agricoles américains (les Chinois n’ont pas confirmé).

Quoi ? Les agriculteurs américains sont-ils si mauvais concurrents qu’ils ne peuvent pas se tenir sur leurs deux pieds et marchander honnêtement ? Ont-ils besoin de faire des menaces douanières pour vendre leur maïs ?

Les Chinois sont coincés eux aussi

Il a été annoncé que ces achats alimentaires faisaient partie de la phase 1 de l’accord (les Chinois n’ont pas confirmé cela non plus). Cela permet à Donald de réduire ses taxes douanières… peut-être temporairement, peut-être définitivement.

Les Chinois doivent eux aussi vouloir mettre fin à la guerre commerciale. Notre propre envoyé en Chine – Tom Dyson – rapporte avoir vu des autoroutes vides, des trains vides, des hôtels vides, des restaurants vides, des immeubles vides et des villes dépeuplées.

Très probablement, l’économie chinoise, gérée par le gouvernement, a investi bien trop d’argent dans bien trop d’infrastructures… et est désormais endettée à hauteur de 40 000 Mds$.

Elle ne peut soutenir sa dette qu’en vendant des choses – et elle ne veut pas d’une sale guerre commerciale pour lui mettre des bâtons dans les roues.

Côté américain, M. Trump doit faire face à une élection. Il veut entrer en campagne avec une économie en pleine forme et des marchés en hausse. Moins que cela remettrait son génie en question… et donnerait un avantage à Mme Warren.

M. Trump, n’étant pas idiot, sait qu’il doit conclure un accord avec les Chinois. Par conséquent, quoi qu’il arrive, il trouvera quelque chose. Il proclamera une grande victoire… avec de nouvelles négociations, bien entendu.

« Je pense que nous aurons un accord », a déclaré Steve Mnuchin, secrétaire au Trésor US, sur CNBC. « Nous ferons ce qu’il faut.

Nous sommes du même avis.

L’équipe Trump, aux abois, voulant arriver à un accord… n’importe quel accord… acceptera une série d’intentions vagues… et le commerce reviendra là où il en était avant les débuts de la guerre commerciale.

Les investisseurs pousseront un soupir de soulagement. Les actions rebondiront.

Sauf que les Etats-Unis ont désormais 25 000 Mds$ de dettes supplémentaires par rapport à la précédente crise. Aucun accord commercial n’empêchera le châtiment qui attend son économie… ou son marché boursier.

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