La Chronique Agora

Avec ou sans Trump

Même si Donald Trump n’était plus aux commandes de la Maison Blanche, les Etats-Unis ne retrouveraient pas le chemin de la grandeur.

Question d’un de nos lecteurs :

« Je lis vos chroniques depuis quelques temps maintenant. J’apprécie généralement votre esprit et votre sagesse. Mais l’une des plus récentes me donne à réfléchir. […] J’aurai bientôt 89 ans et mes revenus dépendent entièrement des fonds de pension. Si je vous comprends bien, la majorité de cela pourrait bientôt disparaître dans le gosier d’un gouvernement fédéral toujours plus affamé. Est-ce que je vivrai assez longtemps pour le voir ? »

Notre réponse : probablement pas…

La semaine dernière, nous avons vu que le marigot a inondé le capitalisme américain de réglementations, de corruption et de copinage… le laissant ainsi à la traîne des trois grandes économies mondiales.

Cette semaine, nous examinons l’autre cause majeure du déclin américain.

Un avant-goût : notre lecteur peut se détendre. Il faut du temps pour construire une excellente économie – et il faut du temps pour en détruire une.

Qui ira à pied ?

En attendant, le combat pour le contrôle du Deep State le plus puissant au monde se poursuit à Washington. Les démocrates espèrent affaiblir M. Trump en démontrant qu’il est incompétent et corrompu. Les républicains se rallient à leur champion imparfait, pour le meilleur ou pour le pire, et jurent de mettre fin aux attaques qui pétaradent dans les tranchées du Sénat.

La bataille de l’impeachment – tout comme l’élection qui se profile – ne concerne pas la direction que prend le pays, mais qui ira en voiture et qui ira à pied.

Dans la mesure où les politiques de Donald Trump ont un sens, elles mettent les riches sur roues et favorisent le complexe militaro-industriel sur la rive sud du Potomac.

Les démocrates sont également en faveur des riches… mais prétendent aimer les minorités, les femmes, les pauvres, et ainsi de suite. Ils affirment que leurs dépenses sauveront la planète… répareront les maux de ce monde… et mettront probablement de l’ordre dans le prochain.

Lions et agneaux

Quelle importance, de toute façon ?

M. Trump n’était pas à la Maison Blanche pendant les 229 premières années de la république américaine ; la vie se passait à peu près bien. Qu’il reste ou parte à présent ne fera probablement pas grande différence.

En revanche, nous prédisons qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents… des jeunes hommes lanceront des pierres… des vieillards auront des cauchemars… et l’agneau sera dévoré par le lion… lorsque le pays fera faillite.

Mais personne ne s’en inquiète. La presse n’en parle pas. Les économistes pensent pouvoir l’éviter. Et M. Trump est d’avis que la solution consiste à baisser les taux. Voici ce que disait le président américain mardi dernier :

 « Lors de ma réunion avec Jay Powell ce matin, j’ai protesté contre le fait que notre Taux de la Fed est trop élevé par rapport aux taux d’intérêts d’autres pays concurrents. En fait, nos taux devraient être plus bas que tous les autres (nous sommes les US). Un Dollar trop fort nuit à l’industrie & à la croissance ! »

Un boom sans substance

Le taux directeur de la Réserve fédérale a atteint jusqu’à 20% en 1980. Il a chuté durant les 39 ans qui suivirent, jusqu’à 1,75% actuellement. Si des taux plus bas aidaient vraiment au développement d’une économie, on pourrait penser que les Etats-Unis connaîtraient un boom sans précédent.

Ce n’est pas le cas. Sur les 20 dernières années, les Etats-Unis se sont développés plus lentement que les économies chinoise et européenne. Qui plus est, le taux de croissance du PIB diminue depuis longtemps. Il était de 4% en moyenne environ dans les années 1960… et chute plus ou moins régulièrement depuis.

Lorsque les taux d’intérêt ont grimpé dans les années 1970, les taux de croissance du PIB ont continué de baisser. Ensuite, les taux ont nettement diminué… sans pour autant parvenir à inverser la tendance. La croissance du PIB a continué à ralentir, enregistrant en moyenne seulement 1,7% sur les 12 dernières années.

Vous voyez donc que des taux d’intérêts plus élevés ne sont pas la cause d’un ralentissement de la croissance. De même, des taux plus bas ne sont pas la solution. Au lieu de cela, les deux choses qui ont coïncidé – et probablement causé – le ralentissement de la croissance sont 1) un accroissement de la politique (un marigot plus profond… comme nous l’avons démontré la semaine dernière) et 2) plus de dette.

Demain, nous examinerons la dette…

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