La Chronique Agora

Les valeurs américaines, revisitées

Kennedy, Etats-Unis, politique

Voyageons dans les années 1950 et 1960… et dans un monde différent.

Nous revivons les années Kennedy.  Robert F. Kennedy Jr. nous a envoyé son livre American Values. Il nous fait voyager dans les années 1950 et 1960… et nous ramène à un monde différent.

Aujourd’hui, nous ne nous souvenons que très vaguement de cette époque. Mais ce dont nous nous souvenons, et M. Kennedy nous le rappelle dans son livre, c’est que c’était une période marquée par un optimisme sans précédent… et une forme de naïveté, à la limite de l’illusion. En 1963, « 85% des Américains, un pourcentage record, croyaient à l’idée qu’un gouvernement choisi par le peuple pouvait œuvrer pour le peuple ».

« Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous », a déclaré John F. Kennedy dans son discours d’investiture. « Demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays. »

Personne n’a ricané.

En repensant à ces mots, nous nous demandons s’il était vraiment possible de les prendre au sérieux.

Et que voulaient-ils dire ? Le gouvernement n’est-il pas censé servir « le peuple », et non l’inverse ? Comment les autorités fédérales, qui étaient censées être au service du peuple, sont-elles devenues leurs maîtres ?

Les meilleurs et les plus brillants

Ces années glorieuses ont été marquées par l’espoir et la foi. Le gouvernement américain avait gagné la Seconde Guerre mondiale et mis au point la bombe atomique ; il pouvait presque tout faire, y compris envoyer un homme sur la Lune. Les meilleurs et les plus brillants des jeunes Américains aspiraient à travailler pour le « service public ».

Aujourd’hui, nous nous rendons compte que les autorités peuvent faire beaucoup moins de choses que ce que nous pensions. Ils ont pu envoyer un homme sur la Lune… mais lorsqu’ils ont essayé d’arrêter les communistes au Vietnam ou les trafiquants de drogue dans leur propre pays, ils ont échoué lamentablement. Ils n’ont pas non plus réussi à relancer l’économie avec leur nouvelle monnaie non-adossée à l’or après 1971.

Au fil du temps, les échecs se sont multipliés. Les lois ont été rédigées par des lobbyistes et adoptées par le Congrès au profit de groupes particuliers, et non du « peuple ». La croissance du PIB a baissé, et non augmenté, malgré l’avènement des plus grandes avancées technologiques depuis des décennies. L’inflation a augmenté dans les années 1970. De 1975 à 2023, les salaires réels ont pratiquement stagné. Le Vietnam a été un échec. L’Irak a été un échec. L’Afghanistan a été un échec. La guerre contre la pauvreté a été un échec. Les voitures ne volent toujours pas. Le cancer tue toujours. La dette publique du pays s’élève à 32 000 Mds$ (environ 100 fois plus que lorsque JFK a été tué)… et s’accroît au rythme de plus de 2 000 Mds$ par an. Et notre espérance de vie diminue.

Dans nos chroniques, nous déplorons souvent le manque de cynisme des électeurs. Où étaient-ils depuis un demi-siècle ? N’ont-ils pas remarqué les promesses non tenues, les fraudes, la corruption et les échecs ?

Ils semblent toujours prêts à croire les choses les plus farfelues. Qui pourrait croire que l’on peut stimuler une économie avec de la fausse monnaie et de faux taux d’intérêt ? Ou que l’on peut s’enrichir en s’endettant ? Peut-on vraiment redonner aux Américains des emplois bien rémunérés en interdisant aux Mexicains de travailler pour des salaires de misère ? Pouvons-nous vraiment contrôler le climat de la planète ? Ce qu’il se passe aux frontières de l’Ukraine ?

Plus grand que Dieu

Bien sûr, les frères Kennedy – Jack et Bobby – voulaient gagner les élections. Ils avaient une ligne de conduite conçue pour les mener là où ils voulaient aller. Ils l’avaient appris de leur grand-père, « Honey Fitz » Fitzpatrick, maire de Boston et membre du Congrès. Ils ont également appris les calculs politique… peut-être de leur autre grand-père, Joe Kennedy.

Mais il y avait quelque chose de plus. Riches, privilégiés, intelligents, beaux (et Jack était un héros de guerre !) – visaient-ils plus haut, vers le bien plutôt que vers la puissance ?

En règle générale, ceux qui souhaitent rendre le monde meilleur sont des personnes intelligentes. Ce sont de bons marketeurs, capables de se vendre et d’amener les autres à faire ce qu’ils veulent qu’ils fassent.

Hitler répétait ses gestes devant un miroir. Napoléon a compté sur ses propres actes, alors qu’il était à la tête d’une armée, pour prouver aux Français que le pays serait inarrêtable tant que le Corse était aux commandes. Les deux hommes, séparés par 130 années, ont chacun réussi à unir l’Europe, par la force… et à remodeler la société, pour un temps. Bonaparte est resté au sommet pendant 10 ans. Le Troisième Reich en a duré 12.

Mais les Kennedy avaient une autre idée en tête.

Bobby s’attaquait à la mafia, et Jack créait le Peace Corps en 1961. Les Special Olympics ont été fondés par leur sœur Eunice Kennedy Shriver en 1968.

Nous verrons lundi ce qu’ont accompli ces programmes…

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