La Chronique Agora

Un temps pour chaque chose

Il est évident que l’économie réelle a développé une sorte d’immunité aux effets stimulants de l’argent bon marché. La dette augmente, mais l’économie ralentit.

« J’ai entendu dire que vous mangiez des chats », nous a dit le sympathique garde-frontière de Dublin. Nous avons répondu : « Seulement dans l’Ohio. »

Quel été !

Au moins, notre ex-président a fait rire le monde entier.

Notre président actuel s’est révélé être mentalement fragile, en raison de son âge avancé. Puis, les démocrates se sont ressaisis et l’ont remplacé par une candidate que personne n’aimait. La presse s’est immédiatement mise au diapason, expliquant au public que c’était un jour « joyeux ». Ils ont choisi une femme pour qui presque personne n’avait jamais voté, pour être la prochaine présidente.

Les Américains n’avaient donc plus qu’à choisir entre un fou et une pionne.

Et puis, lors de leur premier débat, le fou a trébuché… et la candidate a pris de l’avance dans la course. Ni l’un ni l’autre ne semble s’intéresser aux véritables problèmes auxquels sont confrontés les Etats-Unis, et ils n’ont pas l’intention de faire quoi que ce soit pour y remédier.

Pendant ce temps, le marché boursier s’est envolé en attendant la baisse des taux d’intérêt de la Fed. La baisse des taux d’emprunt est présentée comme un moyen de stimuler l’économie. Mais après près d’un quart de siècle de « stimulation » – au cours duquel 30 000 milliards de dollars de déficits ont été ajoutés à la dette américaine – il est évident que l’économie réelle a développé une sorte d’immunité aux effets « stimulants » de l’argent bon marché. La dette augmente, mais l’économie ralentit.

La seule chose que le crédit bon marché stimule encore, c’est le marché boursier.

Mais l’or sait où nous en sommes réellement. Reuters rapporte :

« L’or atteint son plus haut niveau historique grâce aux perspectives de réduction des taux de la Fed. »

Entre-temps…

Après l’un des étés les plus animés de notre vie, nous avons quitté notre maison du Poitou en rangeant nos meubles et en fermant les volets. D’une certaine manière, nous avons passé tout l’été à préparer la maison pour l’hiver : peindre les fenêtres, les portes et les volets, ranger l’atelier, enlever les feuilles des canalisations.

Nous nous sommes rendu compte que la maison ne nous appartenait pas, c’est nous qui lui appartenions.

Il est dommage de partir en septembre, le mois qui est presque toujours le plus beau de l’année. Les matins sont brumeux et frais. Le soleil est chaud. L’herbe, rafraîchie par les premières pluies d’automne, est verte. Les fruits pendent encore aux pommiers et aux poiriers. La campagne française semble soupirer de soulagement. Les journées chaudes sont terminées. Les touristes, la famille et les amis, les enfants et leurs cris joyeux dans le jardin et leurs parents sont partis.

Il est temps de s’asseoir au soleil… et de profiter du calme.

Mais nous avons des endroits à visiter et des gens à voir.

Le plan était de charger quelques vieilles fenêtres dans un van, avec nos bagages habituels, et de le conduire (via le ferry) jusqu’en Irlande. Hélas, nous ne sommes pas allés plus loin que Le Mans lorsque notre van est tombé en panne.

Le camion a été remorqué jusqu’à un atelier de réparation. Mais le problème était d’ordre électronique.

« Je suis désolé, nous a dit le gentil monsieur du garage, mais nous ne pourrons pas l’examiner avant la semaine prochaine… ou la semaine suivante. »

La technologie, comme nous le savons tous, est la clé de la richesse et du progrès technique d’aujourd’hui. Elle est partout : elle fait fonctionner nos ordinateurs… nos systèmes de chauffage… nos vaisseaux spatiaux et nos automobiles. Même un grille-pain peut contenir une ou deux puces. Qu’une impulsion solaire ne vienne jamais perturber nos objets électroniques ; toute notre civilisation pourrait s’arrêter.

Autrefois, lorsque notre van tombait en panne au bord de la route, nous ouvrions le capot et jetions un coup d’oeil. Les bougies ? La pompe à essence ? Le carburateur ? Qu’est-ce qui n’allait pas ? Nous aurions pu le réparer et poursuivre notre route.

Souvent, les gens s’arrêtaient pour nous aider.

« Quel est le problème ? » Un type avec son nom brodé sur sa chemise de travail bleue s’approchait, en partie par curiosité, en partie pour donner un coup de main. Il y avait de fortes chances qu’il ait une solution… ou qu’il connaisse quelqu’un qui en aurait une.

Mais avec l’électronique, il n’y a pas de solution… ou du moins, pas de solution à notre portée. Au lieu de cela, nous nous en remettons aux experts, aux techniciens et au système.

Nous avons expliqué que nous étions en route pour le ferry et que nous ne voulions pas manquer notre correspondance.

« Désolé… mais nous n’avons personne pour travailler dessus cette semaine. Je ne sais pas non plus ce qu’il en sera la semaine prochaine. Vous pourriez essayer de l’emmener ailleurs, mais c’est la même chose partout… Nous sommes tous débordés de travail. »

C’est ainsi qu’à la fin de la semaine dernière, nous étions toujours en France, au lieu d’être là où nous aurions dû être, en Irlande.

La situation était compliquée par la nécessité de rester en mouvement. Nous devions assister à une conférence et à un mariage important. Après un retard de deux jours, nous avons donc loué une voiture, l’avons remplie de nos bagages et avons pris le bateau pour la traversée du vendredi soir.

Ici aussi, il y avait un peu de tranquillité. Il n’y avait pas d’enfants qui couraient partout. Pas de familles qui revenaient de vacances. Le pont était silencieux, presque fantomatique.

Il y a un temps pour inspirer. Et un temps pour souffler. Nous avons soufflé.

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