La Chronique Agora

Trump a piégé tout le monde… et les marchés avec !

En quelques jours, Trump a soufflé le chaud et le froid sur les marchés comme jamais depuis 2008 : 6 000 milliards partis en fumée, puis 4 500 milliards recréés en quelques heures… Une volatilité délirante !

Ce n’est jamais agréable de devoir reconnaître que l’on a été manipulé dans les grandes largeurs par Donald Trump avec la séquence de « droits de douane », et que l’on a peut-être raté une opportunité d’achat comme il ne s’en présente qu’une par décennie.

Mais quand il est question de 6 000 Mds$ de capitalisation détruite en cinq séances, puis de 4 500 Mds$ repris en trois heures, il s’agit d’un mouvement parfaitement orchestré (à la baisse pour faire plier la Fed, qui n’a pas bougé), puis d’un rebond surprise, dans un contexte technique « impossible » et auquel seuls les initiés ont pu participer (et donc profiter du rallye).

De quoi alimenter tous les soupçons d’enrichissement indu, voire illégal, ce qui est justement reproché par Elon Musk à Nancy Pelosi et à Joe Biden.

Je balaye sans la moindre hésitation le reproche de la « frilosité », ou de n’avoir vu que le verre à moitié vide : le rebond de ce mercredi était injouable pour cause d’envolée de +60 points en 72H des taux US vers 4,50% pour le « 10 ans », et – tenez-vous bien – 5 000 % pour le « 30 ans », pire score depuis le 14 janvier dernier, ou fin octobre 2023.

Et le 26 octobre 2023, avec des taux à 4,97%, le S&P 500 était non pas à 4 950 points, comme ce mercredi matin, mais à 4 110 points (17% plus bas).

Et le Nasdaq ?

Facile : il était à 12 550 points et non à 15 300 points, c’est-à-dire 18% plus bas.

Et c’est sans compter la trajectoire des T-Bonds, c’est-à-dire une dynamique baissière sur 72H d’une intensité jamais vue depuis 2008… Un mini-krach obligataire, étayé par des volumes massifs (pas juste un défaut ponctuel de contrepartie comme du 12 au 18 mars 2020, avec +75 points, faute d’acheteurs).

Et on peut y rajouter, parce que c’est un argument massif : nous assistions depuis 72H à la plus spectaculaire décorrélation de l’Histoire entre les T-Bonds et des indices boursiers en phase de correction.

En règle générale, ce sont les marchés de taux qui « voient juste », et les marchés d’actions se montrent beaucoup plus « subjectifs » (avant d’être rattrapés par le réel).

Sur une semaine, Trump a provoqué l’effondrement des marchés boursiers – dès le 2 avril avec ses annonces des « tarifs réciproques » –, puis obligataires le vendredi 4 avril.

Sa stratégie à l’emporte-pièce (et au tableur Excel paramétré par un stagiaire) a fait craindre l’effondrement de la croissance mondiale.

Wall Street a très vite compris que jamais les Etats-Unis ne rembourseraient la dette nationale grâce aux milliers de milliards de dollars générés par des droits de douane, parce que le ralentissement économique induit allait considérablement réduire les recettes tirées des « tarifs » annoncés.

Après que la Maison-Blanche a démenti tout projet de suspendre les droits de douane vers 16H, lundi, Trump a rehaussé ceux infligés à la Chine de 54% à 104%, puis déclaré qu’il ne conclurait pas d’accord avec l’UE sur l’application réciproque de droits de douane nuls…

Blocage total.

L’annonce d’un déplacement de Giorgia Meloni à Washington, le 17 avril, faisait craindre que la situation reste effectivement figée au sein du cadre défini unilatéralement par Trump le 2 avril… jusqu’à ce que des tractations aboutissent, et huit jours de négociations ne semblaient pas de trop, afin de dégager un consensus au sein des 27 pays de l’UE.

Et voilà que toutes les affirmations de Trump lundi sont démenties, 12 heures seulement après l’entrée en vigueur des nouveaux « tarifs ».

Les trois séances que nous venons de vivre, notamment celle de lundi puis celle de ce mercredi, sont sans conteste les plus affolantes, les plus volatiles, les plus époustouflantes depuis 2008.

Avec des fortunes qui se font et se défont en quelques heures, pas seulement sur les actions, mais aussi sur les obligations, puis les matières premières, notamment le pétrole retombé sous les 59 $, au plus bas depuis 4 ans.

La volatilité de ce 9 avril s’impose – après le lundi noir d’octobre 1987 – comme la seconde plus intense de l’histoire : en effet, le Nasdaq a longtemps évolué en repli de 2% dans les transactions hors séance, avant d’afficher +12,2% en clôture (+14,2% en ligne droite).

Le S&P 500 bondit de +9,5% (repassant de -3,5% en préouverture mercredi matin, avec un test des 4 850 points) à 5 455 points, soit un écart positif linéaire de +12,5%.

Mais c’est presque modeste en regard des +18% de l’indice STOXX des semi-conducteurs, avec +27% sur Microchip, +24,2% sur ARM, +23,8% pour AMD, +18,7% pour Intel et Broadcom, etc.

Tesla s’envole de +22%, vers 272 $ (+160 Mds$ de capitalisation), soit +2 500 Mds$ rien que pour ce secteur (c’est équivalent au PIB de la France, sur une vingtaine de titres).

Le VIX s’est désintégré de -36% vers 33,6, contre 58 en début de journée.

Et Trump déclare, après la clôture, d’un air faussement innocent : « +3 000 points sur le Dow Jones, c’est pas un record de hausse ? Et tout ça grâce à moi ! »

Combien les « initiés » se sont-ils faits de milliards de dollars sur cette manipulation de marché, construite au moyen de mensonges officiels ?

Là, ce n’est pas une insulte commerciale qu’il adresse à la Chine, c’est une insulte à notre intelligence !

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