Après l’échec du quai flottant, Donald Trump propose que les Etats-Unis prennent le contrôle de Gaza et la reconstruisent. Une initiative qui divise même son propre camp et suscite une levée de boucliers à l’international.
Quelques heures seulement après que la guerre commerciale s’est révélée être une fausse guerre, la presse s’est à nouveau déchaînée. Et les Américains ont trouvé une nouvelle façon de se faire détester par le monde entier. ABC News rapporte :
« Alors que la deuxième administration du président Donald Trump poursuivait sa refonte du gouvernement fédéral et de la politique étrangère américaine, le président et son diplomate principal ont publié une proposition étonnante, affirmant que les Etats-Unis ‘prendraient le contrôle’ de la bande de Gaza, et le reconstruiraient. »
La dernière tentative américaine d’aider Gaza a été son « quai flottant » en mai de l’année dernière. Construite par l’armée, elle a coûté 320 millions de dollars et s’est brisée 12 jours après sa mise en service. Mais s’emparer de Gaza pourrait bien être la jetée flottante de trop. Même pour les républicains. Reuters rapporte :
« ‘Je pensais que nous avions voté pour les Etats-Unis d’abord’ – Le plan de Trump pour Gaza divise son parti
Les législateurs sceptiques ont déclaré qu’ils étaient toujours favorables à la solution de deux Etats pour Israël et les Palestiniens, qui a longtemps été un fondement de la diplomatie américaine. Certains ont également rejeté l’idée de dépenser l’argent des contribuables américains ou d’envoyer des troupes américaines dans une région qui a été dévastée.
Les législateurs sceptiques ont déclaré qu’ils restaient favorables à la solution de deux Etats pour Israël et les Palestiniens, qui est depuis longtemps le fondement de la diplomatie américaine. Certains ont également rejeté l’idée de dépenser l’argent des contribuables américains ou d’envoyer des troupes américaines dans une région dévastée par plus d’un an de guerre.
‘Je pensais que nous avions voté pour les Etats-Unis d’abord’, a déclaré le sénateur républicain Rand Paul sur X.com. ‘Nous n’avons pas à envisager une nouvelle occupation qui condamnerait notre trésor et ferait couler le sang de nos soldats.’ »
Pauvre sénateur Paul. Les Etats-Unis d’abord ? C’était au menu d’hier. Aujourd’hui est un nouveau jour, et nous voici avec un nouveau moyen d’aliéner les Etats-Unis du reste du monde.
Si M. Trump avait besoin d’un projet de développement, d’une chance de revivre ses jours de gloire à Atlantic City, il n’aurait pas besoin d’aller jusqu’au Moyen-Orient. Une ville bombardée ? Un piège mortel ? Où la principale cause de décès chez les jeunes est l’homicide ? Il suffit de monter dans la limousine présidentielle et de faire 45 minutes de route jusqu’à West Baltimore.
Bien sûr, il n’y a pas de véritable comparaison entre Baltimore et Gaza. Ici, les quartiers les plus pauvres de la ville ont été des dommages collatéraux dans les guerres menées par les autorités fédérales contre la pauvreté, le racisme et la drogue.
A Gaza, la destruction a atteint un tout autre niveau : les bombes américaines ont été utilisées intentionnellement pour raser la ville et tuer des milliers d’enfants et d’adultes. Maintenant que la ville est presque invivable, une opportunité se présente. Le spéculateur immobilier à effet de levier ne peut s’en empêcher. Il veut créer la Riviera du Moyen-Orient.
Les étrangers n’apprécient guère son plan. Le Financial Times rapporte :
« Les alliés des Etats-Unis à travers l’Europe et le Moyen-Orient ont condamné les plans de Donald Trump pour que Washington ‘prenne le contrôle’ de Gaza, et toute tentative d’expulser les Palestiniens du territoire dévasté. Les pays de la région et au-delà ont dénoncé ces propositions dans les heures qui ont suivi l’annonce choc du président américain, mardi soir, selon laquelle Washington devrait prendre le contrôle de Gaza et que sa population palestinienne, de 2,2 millions de personnes, devrait être relocalisée. »
Mais à quoi faudrait-il s’attendre de la part des Européens ? Ils n’ont pas la vision entrepreneuriale des Américains, la ténacité des vrais combattants et les compétences professionnelles des fonctionnaires fédéraux américains.
Voyons voir… Pourquoi ne pas confier le nouveau projet à l’armée américaine ? Ou encore à Amtrak ? Malgré son monopole sur le corridor ferroviaire le plus fréquenté des Etats-Unis, qui relie Washington à Boston, Amtrak a perdu de l’argent chaque année depuis sa création, il y a 54 ans.
Attendez une minute… qui de mieux que Trump lui-même pour s’en occuper ? Il a appris les ficelles du métier à Atlantic City, il pourrait certainement transformer cette expérience en grande victoire. Benzinga rapporte :
« Au début des années 1990, la situation financière de l’empire casinotier de Trump est devenue critique. De nombreux dépôts de bilan ont suivi : le Trump Taj Mahal en 1991, suivi du Trump Plaza et du Trump Castle en 1992 et plus tard du Trump Hotels & Casino Resorts Inc. en 2004. Ces dépôts de bilan sont une indication claire de l’état désastreux de ses entreprises de casino.
En 2009, M. Trump a démissionné de son poste de président de Trump Entertainment Resorts, juste avant que la société ne soit à nouveau placée sous la protection de la loi sur les faillites. Cette décision s’inscrit dans le droit fil de ses stratégies passées, qui consistaient à se distancier des échecs financiers tout en préservant sa marque, et sa richesse. »
Selon les Nations unies, la reconstruction de Gaza coûtera 80 milliards de dollars. Il s’agira d’un travail sinistre, comprenant la découverte de nombreux corps d’enfants sous les décombres. En plus de la tâche qui entache déjà leur âme pour avoir permis la destruction et le meurtre à grande échelle, les Etats-Unis devraient également mener le nettoyage ethnique nécessaire pour débarrasser la région des Palestiniens survivants.
Et oui, c’est une chose étrange pour une nation qui a une dette de 36 000 milliards de dollars et qui a ses propres villes en ruine. « Un désastre pour les Etats-Unis », a déclaré l’ambassadeur Chas Freeman, sans qu’il se rende compte qu’il s’agissait là de l’essentiel.
Comment comprendre cela autrement ? Les Etats-Unis ont besoin d’être mis au pied du mur ; Trump est l’homme de la situation.
Mais les ventes des futurs appartements ne peuvent qu’être un succès. Après tout, qui ne voudrait pas vivre à Gaza ?