La Chronique Agora

Trump, fasciste et agent de Poutine ?

Entre accusations de fascisme, de dictature et de collusion avec la Russie, l’ex-président est décrit comme une menace pour la démocratie.

Vous pouvez être à peu près certain qu’un débatteur – ou un candidat à une élection – est à court d’arguments rationnels quand il recourt au reductio ad Hitlerum.

Ce procédé rhétorique, identifié et décrypté par Leo Strauss au début des années 1950, consiste à disqualifier son adversaire, en démontrant qu’il partage certains comportements ou convictions avec Adolf Hitler, ce qui fait de lui un monstre ou un tyran potentiel… pour peu qu’on lui découvre d’autres traits communs (comme d’avoir cinq doigts à chaque main, ou de se gratter le nez après un éternuement).

Kamala Harris ne cesse d’affirmer que l’ancien président Donald Trump est un « fasciste » en quête de « pouvoir absolu », littéralement fasciné par Hitler, dont il ferait l’éloge en privé. Kamala ne s’embarrasse même pas comme nous du conditionnel : elle a déclaré mot pour mot qu’il est « profondément troublant et incroyablement dangereux que Donald Trump invoque Adolf Hitler ».

Elle reprend brut de décoffrage les déclarations au New York Times de John Kelly, l’ancien chef de cabinet du président à la Maison-Blanche, qui aurait entendu Donald Trump dire à plusieurs reprises : « Hitler a fait de bonnes choses », ou encore « J’ai besoin du genre de général dont Hitler disposait ».

Et voilà de quoi le suspecter de vouloir « mettre en péril la paix dans le monde et de plonger les Etats-Unis dans le chaos », ce qui laissera un peu sceptiques tous ceux qui voudront bien se souvenir que, contrairement à ses trois prédécesseurs (Clinton, Bush, Obama), il n’avait déclenché aucune guerre sur notre planète durant son mandat, mais avait au contraire signé quatre accords de paix au Moyen-Orient et participé au démantèlement de Daesh, ce qui ramena un semblant de paix en Syrie et en Irak.

Donc, pour résumer la version démocrate, Trump, c’est la dictature, la guerre et le chaos ?

Ce qui est assez croustillant, c’est que Kamala Harris et Tim Walz se sont eux-mêmes qualifiés de « guerriers joyeux » contre Donald Trump.

Et comme si Hitler ne suffisait pas à le diaboliser suffisamment, voilà que l’équipe de campagne de Kamala Harris ressort l’accusation d’être une marionnette de Poutine.

Selon un extrait du dernier livre du journaliste star Bob Woodward (double Prix Pulitzer pour avoir contribué à révéler l’affaire du Watergate), Vladimir Poutine et Donald Trump se seraient (c’est au conditionnel, même si cela provient de « sources bien informées » citées par Bob Woodward) entretenus par téléphone jusqu’à sept fois depuis son départ de la Maison-Blanche en 2021.

Pire, certains des biens immobiliers de l’empire Trump auraient été achetés par des Russes ces trente dernières années… si ça, c’est pas une preuve de collusion ! Ne manquerait plus qu’on apprenne que des touristes russes sont repartis des Etats-Unis entre 2016 et 2020 avec une casquette rouge dédicacée portant le logo « MAGA », et Trump serait bien démasqué comme un agent pro-russe.

Et Kamala Harris de renchérir : « Trump est de plus en plus dérangé, il est incapable de diriger le pays. » Là, en matière d’aptitude, elle a démontré qu’on peut lui faire entièrement confiance… puisqu’elle n’a jamais soupçonné que Joe Biden puisse être incapable de gouverner !

Au fait, quel régime totalitaire paranoïaque s’était fait une spécialité de psychiatriser ses adversaires, de les traiter de fous et de les faire interner ?

Nous pourrions faire avec cet axe de campagne de Kamala Harris du « réductio ad Stalinium » !

Pour résumer, il faut vraiment que le « staff » démocrate soit en panique face à la remontée de Trump dans les sondages pour actionner, avec l’énergie du désespoir, le levier de toutes les peurs (Trump, c’est Hitler et Poutine réunis, c’est le chaos et l’enfer totalitaire)… jusqu’à en oublier de défendre un programme qui évoquait une Amérique redevenue joyeuse, car elle était devenue triste et divisée sous l’administration Biden-Harris (sûrement une homonyme) selon la dernière déclaration de Barack Obama.

Le seul programme des démocrates, c’est de battre Trump… et à les écouter, on croirait que c’est lui qui gouverne les Etats-Unis depuis janvier 2021 !

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile