La Chronique Agora

Tous les symptômes de la folie boursière sont là

folie boursière

Le « ro-ro », qu’est-ce donc ? Rien de moins que ce qui fait tenir les marchés boursiers en ce moment – et les propulse même à des sommets records. Malheureusement, sa longévité n’est pas infinie…

Le S&P 500 a établi hier un nouveau record à 3 389,78 points. Il a comblé sa chute de 34% en quelques mois seulement.

Le fait que le Nasdaq ait été la locomotive des marchés est normal, il n’y a aucune raison que les marchés changent de chevaux puisqu’aucune nouvelle règle du jeu ne s’est manifestée : on est reparti sur les bases de la hausse antérieure. 

Le point fort de l’économie américaine n’a pas changé, ce sont les technos et les GAFAM. On a simplement ajouté les biotechnologies et l’emploi à domicile. Quand on joue les concepts comme on le fait en ce moment, c’est que ça y est, on est au coeur de la mania, la folie boursière. Un concept, cela n’a pas de prix.

La croissance est rare, donc elle est chère.

Je vous rappelle, juste pour la gloriole que j’ai été l’un des rares commentateurs à affirmer et réaffirmer sur mon service et dans La Chronique Agora que la pandémie n’allait pas provoquer l’éclatement de la bulle, et qu’au contraire elle allait repartir de plus belle. J’ai insisté et j’ai diffusé cette affirmation à plusieurs reprises.

Pourquoi cette certitude ? 

Ce n’était pas une prévision mais une simple lecture du présent : le mécanisme bullaire restait en place.

Parce que le mécanisme qui permet le gonflement des bulles, c’est le « ro-ro », le risk-on/risk-off.

Il maintient l’argent dans les marchés. Il fait que quand le risque se manifeste, on vend le risque et on achète les actifs sans risque : c’est-à-dire que les taux des fonds d’Etat chutent tandis que leur valeur monte – et c’est un phénomène rééquilibrant.

La demande de fonds d’Etat permet d’en créer plus, de créer plus de monnaie de base, ce qui fournit la base de la reflation du marché.

Les choses se sont passées exactement comme je ne cesse de le décrire. La pompe à gonfler les hernies boursières fonctionne bien… et cette pompe, c’est le ro-ro.

Tant que l’argent restera piégé dans le ro-ro, le système tiendra. La chute ne peut se faire que si le ro-ro arrête de fonctionner – c’est-à-dire si le couple banque centrale/gouvernement ne peut plus reflater, s’il y a révulsion sur les emprunts d’Etat et fuite de la monnaie hors des actifs papiers.

Un schéma bien connu

Bref, tant que la demande de fonds d’Etat subsistera, la mécanique de reflation et de soutien des Bourses fonctionnera. Le schéma est maintenant bien connu :

– chute des Bourses ;

– forte chute des taux sur les actifs sans risque ;

– injection et rachats d’actifs par la banque centrale et le gouvernement ;

– puis stabilisation ;

– et finalement, la faible rémunération des actifs sans risque re-provoque l’arbitrage en faveur du risque ce qui fait remonter les Bourses.

Ah, les braves gens !

Les valeurs technologiques, notamment, sont entrées en territoire inconnu au début de juin.

Le vrai fait nouveau, ce n’est pas le réel – c’est la prise de conscience par les opérateurs, par le public, par les garçons de café, par les traders Robinhood, de cette réalité : il n’y a qu’à mettre. Il n’y a plus qu’un sens pour les marchés, vers le haut. Nous sommes à nouveau dans la situation de la folie des dot-com… mais en plus grave, car :

– les autorités ne peuvent absolument pas prendre le risque de calmer le jeu ;

– la masse de pognon qui circule dans le monde est considérablement plus importante, elle a cru exponentiellement ;

– le cynisme des opérateurs est beaucoup plus grand. Il est alimenté par la certitude que c’est la fin, cela ne saurait durer, il faut donc en profiter ;

– le délitement de la morale et l’absence de leadership créent une ambiance de fin de règne où tout est permis.

Pour résumer : la hausse spéculative se fait sans scrupules, c’est un pillage.

Tous les symptômes de la mania sont là !

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