La Chronique Agora

Tous à bord du Dette Express !

Dette Express

Le train fou de la dette accélère, le déficit passant de 587 milliards de dollars à 1 000 milliards de dollars sans croissance suffisante à mettre dans la chaudière du Dette Express. Mais ce train déraillera comme tous les autres.

Pour l’instant, les actions se tiennent… mais l’économie semble céder sous leurs poids. Selon l’économiste Gary Shilling :

« Les indicateurs de récession sont nombreux. Des politiques monétaires plus strictes de la part de la Réserve fédérale, qui s’inquiète désormais d’en avoir trop fait en la matière. La quasi-inversion de la courbe des rendements des bons du Trésor US. L’affaiblissement des actions en fin d’année dernière. Le ralentissement de l’activité immobilière. Les faibles dépenses de consommation. La minuscule augmentation de l’emploi — 20 000 créations de poste en février, par rapport au gain mensuel moyen de 223 000 l’an dernier. Il y a également les effets de la détérioration des économies européennes et la décélération de la croissance en Chine, ainsi que la guerre commerciale du président Trump contre ce même pays. »

Une récession à venir ? Sans aucun doute. Mais quand ?

Un budget qui relève du fantasme

Nous attendons de le savoir comme tout le monde. A ce moment-là, nous découvrirons aussi autre chose : les projections budgétaires du président Trump ne sont que pur fantasme.

Le budget présidentiel s’établit à 4 700 milliards de dollars, avec une augmentation de 750 milliards de dollars pour la défense et 8,6 milliards de dollars alloués à la construction du mur. Il s’appuie sur une hypothèse de croissance annuelle de 3% pour le PIB, sans récession. Ni l’un ni l’autre ne se réalisera.

Il y a un demi-siècle, tant les démocrates que les républicains avançaient en bon ordre, sur la base solide de budgets majoritairement équilibrés. Ils n’avaient pas vraiment le choix. Si les budgets avaient dérapé, les emprunts fédéraux auraient fait grimper les taux d’intérêt – étouffant les emprunteurs privés et déclenchant une correction générale.

Puis, afin d’éviter de se confronter aux conséquences des dépenses excédentaires durant la guerre du Vietnam et la Great Society, l’administration Nixon a changé de braquet. Elle a modifié le système monétaire.

Le nouveau dollar, qui n’était pas limité par l’or, a donné du grain à moudre aux ingénieurs financiers. Ils pouvaient ajouter du cash et du crédit quasiment à volonté. L’inflation des prix à la consommation est passée à 10%.

Le système tout entier se serait effondré si Paul Volcker n’avait pas passé la tête par la fenêtre, vu arriver le virage dangereux et engagé le freinage d’urgence.

Volcker augmenta les taux directeurs, les faisant passer à un sommet historique de 20% en 1980, battant ainsi l’inflation avant qu’elle ne prenne trop le mors aux dents.

Mais au lieu de retenir la leçon, Volcker fut remplacé par Alan « Bulles » Greenspan… tandis que démocrates et républicains montaient à bord du Dette Express. « Les déficits n’ont pas d’importance », ont-ils dit.

A présent, le train fou prend de la vitesse. Le déficit fédéral se montait à 587 milliards de dollars lors de la dernière année du gouvernement Obama. Le budget de M. Trump le fait passer à 1 000 milliards de dollars.

Une dette impossible à rembourser

 Hier, nous nous demandions qui rembourserait cette dette impossible à rembourser… mais aussi ce qui peut stopper une force inarrêtable et faire bouger un objet immuable – un sujet qui fascine les philosophes…

…Mais qui ennuie le public. La dette ? Il y a tellement de choses plus intéressantes : les murs, l’ingérence russe, le commerce chinois…

Le budget insouciant de Donald ajouterait 4 000 milliards de dollars à la dette nationale américaine sur les quatre prochaines années ; le budget ne serait pas rééquilibré avant 2030 – en partant du principe que l’économie sera favorable pendant les 11 prochaines années.

Selon nos estimations, à ce moment-là, la dette fédérale américaine atteindra près de 40 000 milliards de dollars. Qui paie ? Qui s’en soucie ?

Vient quand même un moment où quelqu’un s’en soucie. Et où quelqu’un paie. C’est pour cela que les voyages à l’étranger peuvent se révéler instructifs. En Argentine, par exemple, on sait très bien qui paie : le ménage moyen, par le biais de l’inflation. Son argent perd de la valeur comme le pain de la veille.

Le taux d’inflation en Argentine dépasse désormais les 50% par an. Comme nous le disions hier, la vie est encore agréable… surtout si vous avez des dollars que vous pouvez échanger à 44/1 contre des pesos.

« Oui, c’est bien pour les étrangers », a commenté notre avocat. « Mais beaucoup d’Argentins ont de gros problèmes. Le prix de l’électricité a augmenté de 300%. Le prix du carburant a plus que doublé au cours de l’année passée. Les agriculteurs ne peuvent pas joindre les deux bouts. »

Ce matin, tandis que nous traversions une petite ville en voiture, nous avons vu une longue file de gens devant une banque. Ils retiraient de l’argent – pour pouvoir le dépenser. Personne ne veut laisser d’argent en banque.

Vivre avec l’inflation est une compétence indispensable en Argentine ; elle pourrait se révéler plus utiles qu’un diplôme d’économie aux Etats-Unis aussi… et dans d’autres parties du monde. Jamais un Dette Express n’a manqué de dérailler. Celui-ci ne fera pas exception.

[NDLR : Descendez du train avant la catastrophe – protégez votre épargne en prenant ces mesures simples sans attendre.]

Attendez… ne peut-on rien faire pour empêcher l’accident ? N’y a-t-il pas de Volcker qui puisse prendre les commandes ? La dette ne peut-être pas juste être « effacée » ?

Demain… nous faisons un petit tour au Canada… pour voir ce qui s’y est passé.

 

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