La Chronique Agora

Toujours plus de guerres

guerre économique

Au-delà des conflits armés traditionnels, des guerres ont été lancées contre la drogue, la pauvreté, le terrorisme, le racisme, le réchauffement climatique, le Covid… Ne reste qu’à se demander quelle sera la prochaine.

Le vicieux virus a lancé une offensive sur le foyer des Bonner, en ce début d’année. Les membres de la famille sont tombés malades les uns après les autres… Et votre correspondant a été pris en embuscade par une attaque surprise.

On a fait venir le médecin… un homme costaud à la moustache épaisse. Il est venu chez nous, a confirmé que nous étions malades et nous a prescrits des antibiotiques… en nous conseillant de l’appeler à nouveau si la maladie semblait s’aggraver.

Votre correspondant s’est assis dans son bureau avec une boîte de mouchoirs et une tasse de thé bien chaud pour panser ses blessures et songer à ce qu’il allait faire.

Mais il reste des points à relier… et il lui revient de le faire.

Alors voici…

Un manque de crédibilité

L’une des curiosités que l’on constate, en vivant en Amérique au XXIe siècle, est la suivante : peu importe le nombre de guerre perdues… les sommes qu’elles ont englouties ou le nombre de vie qu’elles sont détruites… les gens en veulent encore. Ou du moins les décideurs.

Un expert nous avertit que l’on doit défendre l’Ukraine… sinon, très bientôt, les Russes défileront sur les Champs-Elysées. Un autre nous dit que nous perdrons notre « crédibilité » si nous n’affrontons pas la Chine ou l’Iran.

Et, bien entendu, nous devons combattre le réchauffement climatique, le racisme, le Covid, la pauvreté, la drogue, etc.

« La santé de l’Etat, c’est la guerre », a dit Randolph Bourne. Nous ne condamnons ni ne glorifions cela. Nous prédisons simplement ceci : préparez-vous à ce qu’il y en ait d’autres.

Depuis le début de ce siècle, l’Etat américain poursuit ses guerres mal ficelées contre la drogue et la pauvreté. Il les a perdues toutes les deux mais continue à dépenser énormément d’argent, à mettre des milliers de gens inoffensifs en prison, et condamne les pauvres à une vie de dépendance aux aides sociales.

Des guerres sans victoire

Et puis il y a eu le gouvernement Bush, qui a lancé trois des guerres les plus idiotes de l’histoire : contre l’Afghanistan, contre l’Irak, et cette misérable « guerre contre le terrorisme ».

La première a duré 20 ans… et s’est terminée par la défaite des Etats-Unis.

La deuxième a contredit la première, dans la mesure où Saddam Hussein était l’ennemi des terroristes islamistes.

Et la troisième n’a jamais eu aucun sens. La guerre contre le terrorisme n’a été menée contre personne en particulier, ce qui a fini par coûter 8 000 Mds$, et personne en particulier n’a remporté une victoire, sauf, bien entendu, le complexe militaro-industriel et celui de la surveillance.

Ensuite, il y a eu le sauvetage de Wall Street par la Fed. Les actions étaient montées bien trop haut. Trop de gens devaient bien trop d’argent. En général, les marchés « corrigent » les erreurs et rectifient les déséquilibres. Mais dès que monsieur le Marché a liquidé Lehman Brothers, en faisant le ménage de la cave au grenier à Wall Street, la Fed a déclaré la guerre.

Mario Dragi – à la tête de la Banque centrale européenne à l’époque – a parlé au nom de tous ses camarades de l’establishment. Face à la chute des prix des actifs, et sur un ton presque churchillien, il a déclaré qu’il ferait « tout ce qu’il faudrait » pour l’emporter sur d’honnêtes marchés.

Aux Etats-Unis, les taux directeurs de la Fed, corrigés de l’inflation, ont chuté en territoire négatif. La Fed a également injecté quelque 4 000 Mds$ d’argent frais dans le système pour éviter à Goldman Sachs et d’autres grands acteurs l’embarras de devoir prendre leurs pertes sur des prêts douteux, de rembourser leurs dettes et de réduire leurs millions de dollars de bonus.

L’urgence permanente

Ces démarches ont été présentées comme des « mesures d’urgence ». Mais en tenant compte de l’inflation, la Fed prêtait encore de l’argent à taux négatif en 2020, soit 11 ans après le sauvetage de Wall Street.

 

Et ensuite, lorsque la crise du Covid a surgi, les trompettes ont encore retenti. Une nouvelle guerre !

L’ennemi était microscopique – un virus – mais les enjeux étaient énormes… de même que les quantités de boniments et de capitaux mobilisés pour combattre le virus. En l’espace de deux ans à peine, la Fed a augmenté son bilan de près de 5 000 Mds$.

La dette américaine a bondi de près de 6 000 Mds$. Des populations entières ont été confinées chez elles. La production des biens et services réels s’est effondrée.

Mais certains secteurs s’en sortent toujours bien en temps de guerre. Et le secteur pharmaceutique doit avoir senti que son grand moment était venu, lorsque Donald Trump a exigé qu’un vaccin soit mis sur le marché « at Warp Speed » [NDLR : à la vitesse de la lumière, ou encore plus rapidement], quel qu’en soit le sens.

Mais à mesure que l’Etat retrouvait la santé, les gens qu’il était censé servir sont devenus de plus en plus pâles et gris, en revanche. Car c’était à eux de payer.

Les coûts se répartissent sur toute la population… sous forme de hausse des impôts, d’endettement supplémentaire et, enfin, d’augmentation des prix à la consommation. Bref, une part de plus en plus grande du budget familial sert à soutenir les nombreuses « guerres » que livre le gouvernement, et cela laisse de moins en moins de quoi mener une existence paisible.

Comment être à côté de la plaque

Il est difficile de chiffrer le phénomène. Et personne, au sein de l’élite n’a envie d’essayer. Ni même d’admettre que c’est un phénomène.

En ce qui concerne les décideurs, ils accomplissent l’œuvre de Dieu… qu’ils bâtissent des pyramides pour honorer la classe dirigeante, qu’ils envoient des gens au goulag pour protéger le paradis des travailleurs ou qu’ils installent des éoliennes pour préserver la planète.

Les questions ne sont pas les bienvenues. Qui peut bien douter, diraient-ils, que nous nous efforçons d’améliorer le monde ?

La croissance du PIB par habitant mesure très approximativement et imparfaitement le rythme auquel les gens obtiennent ce qu’ils désirent.

A mesure que les guerres se multipliaient, la croissance du PIB par habitant a chuté d’un taux historique de 2,2% par an – qui avait peu changé entre 1870 et 1999 – à 1,1%. Le PIB par habitant des Etats-Unis est désormais de 58 000 $.

Van Hoisington offre le commentaire suivant :

« Si le PIB par habitant avait progressé à son rythme antérieur à 2000, il serait proche de 73 474 $, soit une progression de 25,6%. Au quatrième trimestre 2019 – trimestre précédant la pandémie qui a bouleversé l’activité économique – le PIB réel par habitant se situait environ 17% en dessous de la ligne tendancielle du taux de croissance historique antérieur à l’année 2000.

Les dires selon lesquels le PIB réel aurait renoué avec son niveau pré-pandémique sont sérieusement à côté de la plaque. Comme cela a été correctement décrit à de nombreuses reprises, l’expansion qui s’est déroulée de 2009 jusqu’au début de 2020 est la pire de toute l’histoire des Etats-Unis.

La période de performance médiocre n’est pas de onze ans mais de près de vingt ans. Pendant cette longue période, les effets néfastes de l’endettement massif sur le bien-être économique des Etats-Unis ont spectaculairement augmenté. »

Pour simplifier, soit les gens obtiennent ce qu’ils veulent en échangeant des biens et services entre eux, soit ils obtiennent ce que quelqu’un d’autre veut grâce aux guerres, aux réglementations, aux taxes, à l’inflation, à l’endettement, etc., qui leur sont imposés.

A notre avis… en extrapolant simplement à partir des 20 dernières années… nous obtenons encore moins ce que nous voulons, et beaucoup plus ce que d’autres veulent.

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