La Chronique Agora

Tempête boursière : l'agriculture est-elle un bon parapluie ?

▪ Il ne vous aura pas échappé que la tempête qui souffle actuellement sur les marchés financiers est une tempête de force 5, soit entre 48 et 63 noeuds. Avec une tempête de cette force, rien ne résiste. Or s’il y a un secteur qui n’est pas habitué à être balayé avec le marché actions, c’est les matières agricoles.

Habituées à évoluer selon leurs propres règles, les règles météorologiques, les matières ont pourtant toutes été heurtées par le krach actions.

Ainsi, le blé baissait jusqu’à 15% sur le mois de septembre, le sucre à New York de 13,5% et le café arabica de 17,2% sur la même période. De leur côté, le soja à Chicago touchait un plus bas depuis 6 mois, et le cacao depuis plus d’un an. Le coton fermait la marche, avec une baisse de 16% seulement.

Que se passe-t-il sur les matières agricoles ? La Chine a-t-elle arrêté de consommer du boeuf, du soja et du chocolat ?

Rassurez-vous, la situation s’avère radicalement différente de celle des autres commodities, métaux en tête. Leurs fondamentaux n’ont tout simplement rien à voir. Sur un marché ravagé, les matières agricoles sortiront certainement la tête de l’eau avant les autres. Petit tour de piste de ces marchés, alors que la poussière retombe.

▪ L’agriculture est indépendante
L’intérêt de l’agriculture, c’est son côté rebelle. Début août, alors que les places avaient déjà connu un petit coup de froid, les matières agricoles ont continué leur hausse. Le blé a gagné 10% en août, alors que le LMEX (métaux) perdait 5% sur la même période. Aujourd’hui, les matières agricoles sont rentrées dans le rang. Pourtant rien n’indique que les fondamentaux soient en cause dans cette baisse.

Les explications s’avèrent beaucoup plus prosaïques. D’abord, les marchés du blé et du maïs ont commencé à se détendre dès la fin août, alors que les pronostiques de production de l’USDA redevenaient moins alarmistes.

Ensuite, il est courant qu’en plein krach, les spéculateurs aient besoin de liquidités pour faire face à leurs échéances. D’ailleurs, il s’est passé le même scénario avec l’or. Les spéculateurs ont vendu leurs actifs encore bénéficiaires : maïs et blé en tête. Ce tableau n’entrave en rien les bonnes perspectives pour certaines matières premières.

▪ La faim des émergents n’est pas prête d’être rassasiée
Rien n’indique que les émergents aient commencé à ralentir leur consommation. D’ailleurs, il est rare que la demande ralentissent brutalement dans le domaine de l’alimentaire. Quand on s’est habitué au boeuf bourguignon, il est difficile de revenir aux pousses de soja nature…

Plus sérieusement, Goldman Sachs a estimé récemment que la demande des pays émergents présentait de « solides perspectives ».

▪ Goldman Sachs confiante
De manière générale, la banque a exprimé sa confiance dans les matières agricoles. Pour elle, « les prix agricoles sauront traverser une période de ralentissement économique ». Les raisons sont simples :

– La faiblesse des stocks
– L’incompressibilité de la demande
– Sa corrélation avec la croissance des pays émergents (revenus et populations)

Même son de cloche du côté du Crédit Suisse, pour qui la baisse a été relativement « limitée ». Qui plus est, l’arrivée de La Niña, qui commence à prendre ses habitudes aux abords des plantations d’Amérique du Sud, risque fort de perturber plusieurs marchés.

▪ Céréales : des fondamentaux qui ne mentent pas
Alors que le blé tombait de 5% le jeudi 22, les cours à Chicago ont déjà repris 2,3% depuis. En cause, la demande chinoise robuste, La Niña que nous avons déjà évoquée plus haut, et les difficultés des producteurs dans l’Illinois et dans l’Indiana.

Si les prévisions sont bonnes à moyen terme, je resterai prudent à court terme. D’une part, si les cours ont corrigé, ils restent relativement hauts. D’autre part, je me méfie de la poursuite du ralentissement économique. Des mouvements brusques sur les marchés des matières premières ne sont pas à exclure dans les jours à venir.

Pour ceux qui veulent définitivement investir aujourd’hui, il demeure des opportunités : les producteurs de bétail devraient bénéficier d’une hausse des prix de leur production.

▪ Le bétail, le secteur à surveiller
Rentrer sur les secteurs des matières agricoles pourrait être une bonne manière de profiter du krach actuel. Encore faut-il savoir sur quoi investir.

Un des secteurs sur lequel les prévisions sont particulièrement intéressantes est le bétail. Alors que l’USDA prévoyait il n’y a encore pas si longtemps de bonnes estimations pour le mois d’août, son rapport publié récemment est venu doucher les investisseurs confiants.

L’USDA prévoyait une hausse du nombre de tête de bétail placé en feedlot (parc d’engraissement) de 7,7%. Finalement, le chiffre a été en baisse de 0,8%, à 2,25 millions de têtes. En cause, les sécheresses dans le sud des Etats-Unis et au Mexique qui ont réduit la taille des troupeaux.

Actuellement autour des 120 cents la livre, les prix pourraient rapidement monter vers les 130 cents dans les mois à venir.

Première parution dans l‘Edito Matières Premières & Devises le 29/09/2011.

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