La Chronique Agora

Les taux bas ne font rien pour la croissance

▪ Dans l’église keynésienne, il est un dogme que nul ne doit remettre en cause sous peine d’être excommunié ou soumis à l’inquisition par un grand prêtre économiste : "des taux bas favorisent la croissance économique".

Ma première phrase est, vous l’avez perçu, pleine de vocabulaire religieux. C’est que l’économie, loin d’être une science, est une religion ou une politique — ce qui est presque la même chose. L’important n’est pas la réalité mais la foi, la confiance, la détermination à croire. Ne dit-on pas que la foi soulève des montagnes…

Les taux directeurs et la croissance ne marchent pas de concert, en tout cas pas dans le sens du dogme

La réalité nous dit tout autre chose, cependant. Elle nous dit que les taux directeurs et la croissance ne marchent pas de concert, en tout cas pas dans le sens du dogme. Les banquiers centraux ont du mal à déménager les montagnes.

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Le 16 octobre dernier, notre spécialiste vous recommandait une valeur en pleine fusion-acquisition… Le 21 octobre, le dossier a franchi une nouvelle étape… Les marchés se sont réveillés… Et le cours a grimpé de +40%.

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En fait, ce service en est déjà à trois gains en quasiment autant de semaines, alors… si vous avez manqué les dernières recommandations, ne ratez pas les prochains : cliquez vite pour tout savoir !

– Avec un taux directeur de 20%, les Etats-Unis ont connu une croissance supérieure à 4% en 1981.
– Avec un taux directeur de 5%, les Etats-Unis ont connu une croissance proche de 4% en 1999.
– Avec un taux directeur proche de zéro depuis 2009, la croissance a du mal à dépasser 3%.

Croissance et taux directeur de la Fed depuis 1972


Cliquez sur le graphique pour l’agrandir
Source : Tradingeconomics.com

En bleu et jaune la croissance en rythme annuel (échelle de gauche de -6% à +10%)
En gris, le taux directeur de la Fed (échelle de droite de 0 à 25%).

En fait, peu importe le taux directeur ; tout au long de ces vingt dernières années, vous pouvez constater que la croissance des Etats-Unis a décliné. Dans les années 1950 et 1960, la croissance moyenne s’établissait au-dessus de 4%. Dans les années 1970 et 1980, cette valeur est tombée à environ 3%. Ces 10 dernières années la valeur moyenne est tombée sous 2% et depuis le deuxième trimestre 2000, cette valeur n’a jamais atteint 5%.

Il n’y a aucun rapport évident entre le taux directeur et la croissance.

Il n’y a aucun rapport évident entre le taux directeur et la croissance. Le taux directeur détermine le "prix du crédit" ou encore "le loyer de l’argent" ; les autres taux se négocient à partir de celui-là. Mais ce n’est pas parce que vous pouvez emprunter pour pas cher que vous investissez intelligemment l’argent dont vous disposez.

▪ Peut-être même est-ce le contraire…
Comme le rappelait Bill Bonner, malgré 8 000  milliards de dollars surgis grâce à la politique de taux zéro, les investissements des entreprises ont diminué — passant de 400 milliards de dollars en 2007 à 300 milliards en 2014.

"Hoho", vous dites-vous, "mais pourquoi diantre et diable de doctes économistes me soutiennent-ils à longueur de commentaires que la politique de taux bas qui punit mon épargne est nécessaire à la croissance ? Pourquoi M. le Marché tremble-t-il de peur a l’idée que les taux puissent un jour remonter ?"

Ha, malheureux mécréant, vous êtes coupable du crime d’épargne ! Douteriez-vous par hasard de la toute-puissance miséricordieuse de l’Etat-Providence qui pourvoit à vos besoins de la crèche à la tombe ? Il est normal que vous soyez châtié de votre manque de confiance.

Des taux bas ne sont point faits pour les mécréants de votre espèce. En revanche, ils allègent le fardeau de la dette de ceux qui se sont mal endettés, à des fins stupides n’ayant rien à voir avec Sainte Croissance : lutte contre le terrorisme, guerre, financement de mesures de clientélisme politique, achats inconsidérés à effet de levier, crédit à la consommation, financement des rachats d’action par effet de levier. Les taux bas financent bonus, honoraires de négociation des fusions-acquisitions…

Hélas, la croissance saine ne dépend pas de taux bas et de la multiplication de ces crédits malsains. Le temple keynésien va bientôt être ébranlé par une avalanche de dettes ; il est bientôt révolu, le temps où il était facile de rembourser son crédit échu en en contractant un nouveau avec des intérêts toujours plus bas. Un jour, les manuels d’économie porteront peut-être la mention suivante : "les taux bas favorisent l’enrichissement des 1% de la kleptocratie politico-financière".
[NDLR : Plus d’analyses mordantes et de conseils sans langue de bois pour faire fructifier votre épargne ? C’est par ici…]

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