La Chronique Agora

Un "siècle perdu" pour la croissance du PIB ?

▪ Les obligations deviennent plus chères. L’or, les actions et l’immobilier, eux, perdent du terrain.

Pour l’instant, ce ne sont pas encore des tendances. Il est trop tôt. Ce ne sont que des suppositions — mais elles pourraient se révéler être correctes.

Il y a une chose avec laquelle ce marché n’a pas encore complètement compté : la Grande Correction. Tous ces discours sur la « reprise » ont masqué la véritable tendance sous-jacente. Elle est la suivante : nous corrigeons la valeur de 60 années d’expansion de crédit. Jusqu’où ? Combien ? A quelle vitesse ? Nous n’en savons rien… mais les ménages ne dépensent plus comme autrefois. Il n’y a donc aucun sens à affirmer que les entreprises devraient valoir autant qu’autrefois… que les gens devraient avoir les emplois qu’ils avaient autrefois… ou que la politique économique devrait fonctionner comme elle a toujours fonctionné.

Jusque-là, tout est clair.

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Il n’est pas trop tard

Vous pouvez encore vous protéger contre la tempête qui menace d’engloutir les marchés… à conditions de prendre ces deux mesures avant le 30 juin.

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Mais nous avons démontré, la semaine dernière, que la Grande Correction faisait peut-être partie de quelque chose de bien plus grand. A partir de 1989, la croissance réelle du PIB a ralenti au Japon pour atteindre des niveaux dignes du Moyen Age ; aux Etats-Unis, ce phénomène s’est produit 10 ans plus tard. Le Japon n’a pas créé un emploi depuis 20 ans ; les Américains n’ont pas ajouté un seul nouvel emploi à plein-temps depuis plus d’une décennie.

Pourquoi ?

Eh bien, personne ne le sait vraiment. L’explication pourrait être simple. Après un grand marché haussier est arrivé un grand marché baissier. Au Japon comme aux Etats-Unis, les autorités ont décidé de lutter contre la baisse du cycle financier… en gâchant des milliers de milliards de dollars, et empêchant l’économie de guérir par elle-même. Cela a causé une longue période de stagnation.

Au siècle dernier, les autorités politiques en Russie et en Chine ont fait reculer leur PIB réel pendant 70 et 30 ans respectivement. La planification centrale financière pourrait-elle avoir les mêmes effets pervers aux Etats-Unis et au Japon aujourd’hui ? Peut-être.

▪ Ou peut-être est-ce quelque chose de plus profond. Nous avons mentionné que l’ère Internet avait été un flop économique total. Depuis l’arrivée de la Toile, les taux de croissance ont baissé, non grimpé. Le Web a rendu beaucoup de choses plus efficaces, et il a enrichi beaucoup de monde, mais il n’a pas mené à la croissance.

Ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Peut-être avons-nous eu assez de croissance. Peut-être sommes-nous désormais plus soucieux d’efficacité… de temps gagné… et de loisirs. Mais ça n’aide pas franchement les 25 millions de personnes qui n’ont pas d’emploi à plein-temps digne de ce nom aux Etats-Unis. Et ça ne fait pas beaucoup plus pour les millions d’Américains qui luttent pour payer leur prêt hypothécaire tandis que les prix de l’immobilier baissent tous les mois.

Internet est peut-être magnifique, mais il ne ressemble pas à la découverte du feu. Lorsque les hommes préhistoriques ont découvert le feu, ce dernier a ouvert des possibilités de croissance supérieure à la moyenne. Tout à coup, l’être humain pouvait utiliser des calories qui ne venaient pas de son propre système digestif. Il s’installa dans des zones plus froides. La population augmenta (nous le supposons, en tout cas).

Toutes les grandes avancées de l’humanité ont été rendues possibles par une utilisation accrue d’énergie. D’abord, l’homme a utilisé l’énergie des plantes sauvages et des animaux — il les a mangés, les transformant en calories utiles. Ensuite, il s’est aperçu qu’il pouvait cultiver les plantes qu’il souhaitait… et domestiquer les animaux les plus utiles. Cela augmenta encore le nombre de calories qui lui était disponibles. Les populations humaines se développèrent une fois de plus.

Ensuite, aux XVIIIe et XIXe siècles, est arrivée sa plus grande avancée. L’homme a découvert qu’il pouvait utiliser le charbon et le pétrole — exploitant ainsi de l’énergie qui avait été condensée et stockée par la terre elle-même. Cela lui donnait un gigantesque avantage par rapport aux autres animaux — et lui permit de se multiplier de façon exponentielle. Cela fit passer les taux de croissance du PIB de chiffres presque négligeables à plus de 5%. Il se multiplia de telle sorte qu’on aurait dit que même ces nouvelles avancées ne pouvaient pas suivre.

Mais il y a des limites à tout. Après deux siècles, il se pourrait que les sources de carburant fossile accessibles, faciles et bon marché — au moins en ce qui concerne le pétrole — aient été exploitées. Il se pourrait également que la population humaine se soit développée au point que de nouvelles avancées seront coûteuses et difficiles. Il se pourrait que les économies avancées — celles qui ont trouvé le pétrole les premières — en ont déjà extrait toute la croissance possible. C’est-à-dire qu’elles ont peut-être atteint le point où toute nouvelle croissance sera lente, incrémentielle et chère… exactement comme elle l’a été durant la majeure partie de l’histoire humaine.

Toutes les grandes avancées technologiques se sont produites il y a au moins un demi-siècle. Elles impliquaient toutes des moyens meilleurs — et nouveaux — d’utiliser les énergies fossiles. Depuis, la seule grande avancée a été Internet… qui semble être un ratage du point de vue de la croissance.

Si c’est le cas… nous ne sommes peut-être pas condamnés à une « décennie perdue », comme le disent les journaux. Peut-être que le siècle entier sera perdu.

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