La Chronique Agora

Risque chinois : non, ce n’est pas la guerre commerciale

Les rebondissements de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis masquent en fait une situation dégradée… très inquiétante pour l’avenir des marchés internationaux.

Je soutiens que le risque majeur pour les marchés internationaux, c’est la situation domestique chinoise. Non pas la guerre commerciale, mais la situation économique et sociale.

La finance chinoise est à l’épicentre du malaise des marchés internationaux. Si la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine n’est pas le principal risque mondial, elle a cependant le potentiel de devenir le catalyseur d’une instabilité plus forte.

En cas de dislocation chinoise, la probabilité est forte qu’une contagion du désordre chinois se répercute rapidement sur les économies et les marchés mondiaux.

L’accord dit de « phase 1 » est rédigé ; il sera signé par les présidents Trump et Xi le mois prochain au Chili. Peu de choses auront été résolues. Bon nombre des questions les plus critiques entre les deux superpuissances rivales du monde ont été exclues du compromis initial – elles ne seront ni évoquées ni présentées avant un certain temps.

Les marchés se contentent d’une « trêve », c’est ce que souhaitaient aussi bien Trump que Xi.

Le crédit explose…

La volonté de Pékin d’améliorer sa position de négociation a incité les responsables à appuyer à nouveau sur l’accélérateur de crédit. 1 000 Mds$ de dettes supplémentaires ont été créées cette dernière année chez les ménages chinois, sous forme hypothécaire. Les emprunts des ménages ont augmenté de 15,9% en un an, de 37% en deux ans, de 69% en trois ans et de 138% en cinq ans.

Le financement total agrégé (TAF) en Chine a augmenté de 2,293 milliards de yuans, soit 321 milliards de dollars en septembre. C’est près de 20% d’avance sur les estimations et une hausse de 5% sur septembre 2018.

Après un mois de juillet plus lent, la croissance du crédit s’est à nouveau accélérée, ce qui place l’expansion du crédit du trimestre légèrement au-dessus de celle de la période comparable de 2018.

Au total, la croissance totale du système de crédit de la Chine approchera les 4 000 Mds$ cette année !

… Mais la croissance ralentit

Le PIB chinois a progressé à un rythme de 6,0% en glissement annuel au troisième trimestre, ce qui est légèrement inférieur aux estimations et au « plus bas niveau depuis 1992 ».

Selon Bloomberg, « la contribution de la consommation est passée de 55,3% à 60,5%. La contribution de l’investissement a ralenti, passant de 25,9% à 19,8%. »

Cette croissance continue de ralentir.

Avec l’endettement croissant des ménages et les marchés du logement largement gonflés, le boom de la consommation en cours n’est pas une surprise.

L’investissement immobilier a progressé de 10,5% en glissement annuel, poursuivant le puissant élan créé par les mesures de relance prises par Beijing en 2016. Les ventes au détail ont augmenté de 7,8% en septembre, conformément aux estimations.

L’économie chinoise est accro au crédit ; elle est la fois déséquilibrée et instable. C’est une économie de bulle avec des signes évidents de distorsion des prix.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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