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Ridicule finance

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Alors que l’inflation s’envole, c’est la baisse des prix des actifs financiers qui surprend les marchés…

« Oh, je pourrais vous raconter bien des histoires sur la big house. »

En Irlande, une « big house » désigne généralement une demeure appartenant à « l’ascendance » des propriétaires terriens protestants, anglais ou anglo-irlandais. Lorsque l’IRA semait la terreur, ces grandes demeures étaient souvent prises pour cible. Bon nombre d’entre elles ont été saccagées, pillées ou brûlées.

Une histoire d’Irlande

La personne que nous avons reçue dimanche dernier connaissait bien le sujet puisqu’elle a vécu dans une grande demeure de ce genre toute sa vie.

« Vous savez, les deux classes ne se mélangeaient pas à l’époque. La situation s’est améliorée. Mais à l’époque, il y avait le propriétaire et le personnel de maison. Les gens qui travaillaient, cuisinaient, nettoyaient et s’occupaient des chiens et des chevaux étaient généralement des Irlandais du coin. Mais le propriétaire était quasiment tout le temps anglais ou avait un lien étroit avec l’Angleterre.

M. H était le propriétaire. Il était né en Irlande mais de parents anglais et avait hérité de la demeure. Il refusait de confier la gestion de la maison à des Irlandais. Il a donc fait appel aux services d’une femme écossaise pour diriger le personnel de maison. Mais il n’avait pas bien vérifié ses antécédents.

Elle était horrible. Autoritaire, dépourvue d’un sens de l’humour, et il s’est avéré qu’elle avait un problème d’alcool et qu’elle avait été licenciée de son précédent poste. De plus, elle ne pouvait pas faire grand-chose car elle avait mal aux hanches… ou de mauvais poumons… ou un mauvais quelque chose. Je ne me souviens plus. Elle avait un tiroir rempli d’analgésiques dans la cuisine.

Elle adorait les chats. Elle recueillait les chats de gouttière. Rapidement, la demeure s’est retrouvée envahie de chats, plus ou moins domestiqués. Plutôt moins, d’ailleurs…

Le tiroir de la cuisine contenait également des vermifuges pour les chatons.

M. H était au courant pour les analgésiques. Mais il ne savait pas pour les vermifuges. Un jour, il a retrouvé la gouvernante écossaise affalée sur une chaise, complètement saoule. La cuisine était dans un état déplorable. Il avait appelé les servantes en hurlant du premier étage, complètement ivre lui aussi. Il était tellement en colère à cause de l’état de la maison qu’il avait été gagné par une terrible migraine. Il alla chercher un analgésique dans le tiroir de la cuisine.

Vous avez une idée de ce qui s’est passé. Il fut le seul et unique homme du comté de Cork à être vermifugé. Lorsque nous avons appris cela, tout le personnel de maison a été saisi du plus gros fou rire que j’aie jamais entendu. »

Le spectre déflationniste

Revenons dans le monde de la finance et de la stupidité, où tout a changé. Tout est différent. Désormais, c’est le marché qui donne le ton. Et il est en train de purger l’économie des erreurs d’Alan Greenspan, Ben Bernanke, Janet Yellen et Jerome Powell.

Ce n’est plus l’inflation qu’il faut redouter. C’est la déflation.

C’est du moins ce que nous pensons. Les catastrophes inflationnistes se développent de manière chaotique et ambiguë. Si ça n’était pas le cas, nous n’aurions pas à redouter une éventuelle baisse des marchés ou un épisode d’inflation. Il suffirait de dénouer ses positions sur actions dès que les prix commencent à baisser ou à investir dans l’or dès que l’inflation accélère.

Mais il n’est jamais simple de savoir ce qui se passe exactement. Le marché nous teste. Il nous induit en erreur. Il joue avec les investisseurs et prend un malin plaisir à faire passer les dirigeants politiques pour des imbéciles. Et souvent, ce n’est qu’après une baisse substantielle des prix que l’inflation accélère de manière tenace.

Nous pensons que nous en sommes à ce stade, c’est-à-dire au début d’une crise déflationniste.

Pour comprendre cela, il faut mener une entreprise de déconstruction. Le gouvernement fédéral américain favorise l’inflation. Ils en ont besoin.  Ils en ont envie. Ils sont convaincus que l’inflation peut stimuler l’économie. Ils pensent pouvoir payer leurs dépenses en augmentant la masse monétaire. Et ils gonflent leur fortune en faisant monter artificiellement la Bourse.

Ce n’est pas un hasard si toutes les grandes monnaies ont perdu de la valeur depuis 1971. Face à l’or, le dollar a baissé de 98%. La livre sterling a perdu 99% de sa valeur. Le mark et l’euro ont chuté de 96%. Le dollar canadien s’est effondré de 99%.

Ce n’est pas un accident. C’est une question de politique publique. Les gouvernements des grandes puissances économiques préfèrent dévaluer leurs monnaies car c’est probablement la seule politique publique qui porte ses fruits.

L’effet de pauvreté

Mais attendez. Le marché ne se contente pas d’aller et venir. Il a ses propres objectifs. Désormais, il est puissant et c’est lui qui est aux commandes. Et son objectif est la déflation.

Les indices actions ont perdu 20% depuis le début de l’année. Les taux obligataires (l’inverse des prix des obligations) sont bien plus élevés qu’ils ne l’étaient il y a un an. Le taux le plus important au monde, le taux des bons du Trésor américain à 10 ans, a doublé.

Le marché de l’immobilier est un marché nettement plus local et particulier. Mais il affiche également des signes de ralentissement à cause de la forte hausse des taux immobiliers. Les promoteurs immobiliers sont frappés de plein fouet. Et le nombre de saisies revient à la normale. KNEWZ à Los Angeles :

« Il y a un an, grâce à divers programmes de report des mensualités de prêt immobilier, les saisies se faisaient peu nombreuses aux États-Unis.

En mai dernier, d’après ATTOM, les avis de défaut de paiement, les enchères programmées et les saisies immobilières par les banques ont englobé 30 881 biens résidentiels. Il s’agit d’une augmentation de 185% par rapport au mois de mai 2021. »

C’est le contraire de l’effet de richesse et le contraire de ce que veut le gouvernement fédéral.  Pour le moment, seuls les prix des actifs baissent. Le marché procède à une épuration. Il a commencé avec les cibles les plus évidentes : les cryptomonnaies et les valeurs technologiques, survalorisées. Désormais, il va délaisser le monde de la finance pour s’attaquer à l’économie réelle. En amont et en aval de la chaine commerciale, des détaillants aux grossistes, en passant par les producteurs, les fournisseurs de matériaux, les investisseurs, les entreprises, les ménages. Il va détruire des années de croissance inflationniste.

Mais la question est de savoir si la Fed le laissera terminer le travail.

La suite au prochain épisode…

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