La Chronique Agora

Le Rêve américain a pris un sale coup de vieux

▪ Lorsque nous vous avons quitté hier, cher lecteur, nous tentions de relier les chevilles enflées, violacées et dévorées de chancres de l’économie américaine à l’orgie de sucre de son système monétaire post-1971 basé sur le crédit.

Aujourd’hui, nous passons à autre chose. Nous observons notre gouvernement. Il est plus âgé, marqué de pattes d’oie et de rides d’inquiétude. Et d’où vient cette mine pâle et hébétée ? Là encore, c’est le résultat d’une épizootie diabétique avancée qui a infecté la société tout entière.

Une fois le véritable argent et l’épargne réelle disparus de l’économie, le taux de croissance du PIB a chuté. Les salaires se sont atrophiés. Le nombre d’entreprises lancées — la colonne vertébrale de l’emploi et de la production — a été divisé par deux depuis les années 70 et 80.

Le corps économique dans son ensemble est devenu mou et spongieux, incapable de se tenir droit sur ses deux jambes. A partir de là, il a eu besoin de la béquille du crédit.

Le nouveau système monétaire signifiait que les Américains avaient moins de richesse réelle — mais jusqu’en 2007, ils pouvaient encore obtenir ce qu’ils voulaient en empruntant. Peu d’entre eux remarquaient qu’ils devenaient ainsi les esclaves des maîtres du crédit.

▪ Maîtres et esclaves
Personne n’a jamais découvert comment fabriquer de l’or. Les autorités ont donc changé le système monétaire, en deux étapes — en 1968 puis en 1971. Avec le nouveau dollar non-adossé à l’or, elles pouvaient créer tout l’argent qu’elles voulaient. Après les années 70, au lieu de gagner plus d’argent ou d’emprunter sur l’épargne de ses voisons, l’Américain moyen devait ramper devant l’élite qui le contrôlait.

Le gouvernement et ses potes du secteur bancaire ont créé de l’argent "sorti de nulle part"

Le gouvernement et ses potes du secteur bancaire ont créé de l’argent "sorti de nulle part". Cet argent ne leur coûte rien. Malgré ça, il a été prêté — comme s’il s’agissait d’épargne réelle. L’Américain moyen l’a pris. Il a acheté une maison. Il a acheté une voiture. Il s’est payé un bon steak-frites avec une carte de crédit. Il n’était plus libre de disposer de lui-même dans une économie libre avec du vrai argent en poche. Il était devenu l’esclave du système de crédit. Il devait travailler dur pour suivre le rythme. Souvent, il ne pouvait pas rembourser sa dette. Il est donc devenu asservi à la dette — dépendant de ses maîtres pour son logement, ses transports, son éducation, ses soins de santé et même sa nourriture.

S’il veut une maison, n’a-t-il pas besoin de Fannie Mae, l’agence gouvernementale, pour l’aider à l’obtenir ? S’il veut une voiture, n’a-t-il pas besoin des taux bas de la Fed pour l’aider à l’acheter ? S’il a besoin d’un emploi… n’a-t-il pas besoin des relances de la Fed — ou, à défaut, aux allocations chômage du gouvernement ?

▪ L’élégance de cette escroquerie est à couper le souffle
Les banques obtiennent de l’argent à taux zéro. Elles accordent un prêt à l’acheteur immobilier. Désormais, dans les faits, la banque possède la maison et le "propriétaire" lui paie un loyer tous les mois — sans jamais réaliser ce qui s’est passé. Il baise la main du prêteur — c’est tout juste s’il ne lui demande pas de coucher avec sa fille.

Ensuite, quand les élections arrivent, il est prêt à jouer son rôle — en fier citoyen et propriétaire, votant pour une nouvelle volée de coups.

De plus en plus d’Américains votent pour "quelque chose en l’échange de rien" — parce que "rien", c’est tout ce qui leur reste pour négocier. Voici les chiffres de la Sécurité sociale américaine :

52% de travailleurs américains gagnent moins de 30 000 $ par an

– 39% de travailleurs américains gagnent moins de 20 000 $ par an.
– 52% de travailleurs américains gagnent moins de 30 000 $ par an.
– 63% de travailleurs américains gagnent moins de 40 000 $ par an.
– 72% de travailleurs américains gagnent moins de 50 000 $ par an.

Ces chiffres paresseux sont eux aussi le résultat des nouvelles réglementations et de l’argent artificiel qui a été transfusé aux Américains ces 45 dernières années. Selon une estimation, si l’économie avait tenu le cap qu’elle suivait dans les années 50 et 60 — avant que la nouvelle devise et les restrictions paralysantes ne prennent effet — l’Américain moyen gagnerait 125 000 $ de plus par an actuellement. En réalité, le revenu n’est qu’une fraction de ce chiffre. Et ça empire. Les revenus des ménages US ont chuté depuis 2000, passant de 57 000 à seulement 52 000 $.

Mais nous sommes encore en train de parler d’argent ! Jetons un autre coup d’oeil au visage de notre nouveau gouvernement et prenons la mesure de son caractère. Le crâne est peut-être le même qu’en 1970 — la Constitution n’a pas changé — mais les traits lisses, jeunes et ouverts ont disparu. Au cours des ans, les rides amères se sont multipliées. Elles racontent une histoire bien laide.

Les riches, les intérêts particuliers, ceux qui ont de l’entregent et l’élite décident du cours de la partie

▪ Que s’est-il passé ?
Lorsqu’un groupe de gens peut contrôler la devise d’une économie entière, ces gens tendent à diriger l’argent là où ils le veulent — c’est-à-dire vers eux-mêmes, leurs amis et leurs projets favoris. Les riches, les intérêts particuliers, ceux qui ont de l’entregent et l’élite décident du cours de la partie — et comment faire en sorte qu’elle leur rapporte. Ils s’attribuent la part du lion et jettent quelques os au peuple. Le secteur financier, par exemple, a vu ses bénéfices passer de 15% environ des profits totaux des entreprises américaines dans les années 70 à 40% durant la période 2003-2007. Comment est-ce arrivé ? Facile : l’industrie financière prêtait de l’argent qu’elle n’a jamais eu à gagner.

La corruption du système gouvernemental a pris plus d’un demi-siècle. Mais c’est seulement lors des dernières décennies que le corps politique a pris une nouvelle forme grotesque. Dans un système monétaire basé sur le crédit, les gens qui contrôlent ledit crédit sont comme les gardes d’un goulag. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, ils se mettent à agir comme tels. Ils décident qui mange et qui a faim. Ce n’est pas qu’ils sont bons ou mauvais ; ils sont comme le reste d’entre nous — décidés à tirer parti des opportunités qui se présentent.

Disparue, l’illusion de démocratie. Par la fenêtre, l’espoir d’un marché libre. Oublié, le Rêve américain. Tout n’est plus que fraude, escroquerie et bons vieux tours de passe-passe.

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