La Chronique Agora

Les retraites, un merveilleux exemple de promesses non-tenues

Les banques centrales sont contraintes de colmater un nombre croissant de brèches de plus en plus larges ; tôt ou tard, l’inondation sera visible.

Je vous rappelle une évidence qu’aucun politicien ou média ne vous expliquera : un système économique est composé de deux parties — une partie « actif », ce que l’on voit, et une partie « passif », ce que l’on ne voit pas.

Le passif, grosso modo, c’est la réponse à la question « d’où cela vient-il ? ».

Pour simplifier, c’est l’origine des fonds, les dettes, les promesses. Est-ce que c’est gagné ou est-ce que c’est emprunté ? Est-ce que ce sont des ressources stables ou des ressources précaires ? Est-ce que les promesses qui sont contenues dans les « passifs » peuvent être honorées… ou non ?

Quand une économie entre en crise, comme cela se produit régulièrement, c’est parce qu’elle est faible, déséquilibrée, malade. C’est au niveau du passif que cela se passe, comme en 2000 ou 2008.

Dire que tout va bien, comme les politiciens le font, est une tromperie. Au contraire, tout se déséquilibre, tout est pourri car financé par de la dette que l’on ne peut plus rembourser.

On finance du long avec des ressources courtes, on finance des choses risquées avec de l’argent qui n’a pas vocation à prendre des risques. On fait des promesses que l’on ne pourra absolument pas tenir.

Facile de se renier, quand il s’agit des salariés…

Vous en avez un merveilleux exemple sous les yeux : les retraites. C’était des promesses, des dettes vis-à-vis des salariés, et on veut les renier. Mais c’est vrai qu’il est plus facile de renier les dettes que l’on a envers les salariés que celles que l’on a envers des capitalistes car eux peuvent vous faire chanter…

N’oubliez jamais que nos monnaies sont des monnaies de crédit, c’est-à-dire qu’elles ne valent que ce que valent les dettes qui ont servi de contrepartie à leur création. Ces monnaies créées sur de la dette non-solvable ne valent que tant que l’on ne s’en sert pas… tant que la confiance règne, en d’autres termes.

D’où l’intérêt d’entretenir la peur, la crainte : cela incite les gens à stocker leur argent (comportement de précaution) au lieu d’en exiger la contre-valeur. Rendre les gens peureux est un mode de gestion du système fondé sur la dette.

Cette confiance disparaîtra, c’est inéluctable. Le pot aux roses finit toujours par se révéler un jour ou l’autre, et tous les subterfuges, toutes les tromperies se donnent à voir. Le système devient de plus en plus fragile ; à force de le bétonner par des artifices, tout se dérègle, tout dysfonctionne. Il se surcharge.

Cela a déjà commencé et cela accélère.

Le besoin d’expédients enfle et se généralise. On vient de créer à partir de rien plus de 500 milliards depuis le mois de septembre. C’est pour cela que les Bourses montent : on injecte de plus en plus de monnaie bidon pour colmater les brèches… et cet argent qui va chez les déjà-riches qui ont accès au crédit, ils le spéculent. Ils le jouent à la roulette boursière.

Le système de John Law a suivi exactement le même schéma de détérioration, le même processus de pourriture, la même trajectoire de délitement. Il a tenu tant que les princes associés à l’expérience ont continué de spéculer en Bourse sur les titres de John Law… et puis un jour, l’un d’entre eux a cessé de jouer. Il a demandé qu’on lui rende son argent, il a retiré ses billes du jeu ; tous les autres ont suivi, ce fut la débandade, le système s’est écroulé.

C’est ce qui se passera : on n’invente rien, les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets – d’où l’absolue nécessité, pour les banques centrales, d’intervenir sans cesse pour éviter l’effondrement !

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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