Une limitation des déficits est cruciale pour préserver la confiance vis-à-vis du dollar. Un retour à l’étalon-or représente un moyen d’y parvenir.
J’ai récemment examiné les problèmes concernant la croissance mondiale en général et la croissance américaine en particulier. La croissance était tout simplement insuffisante pour soutenir les dépenses publiques, sociales et militaires, et la dette publique américaine a dépassé les 22 000 Mds$.
Une solution possible consisterait à rétablir un étalon-or, aussi bien pour limiter les dépenses que pour préserver la confiance vis-à-vis du dollar américain, tout en réglant lentement le problème de la dette.
Comme autre solution, les politiciens pourraient réduire progressivement les dépenses et prestations sur plusieurs décennies, tout en préservant les prestations des personnes les plus âgées et les plus nécessiteuses, en ramenant sur une voie plus soutenable les prestations destinées à toutes les autres, et en prenant le temps d’ajuster l’épargne et les investissements pour que ces personnes puissent bénéficier à la fois d’une retraite confortable et de soins de santé.
Les politiciens pourraient également augmenter les impôts à des niveaux astronomiques et offrir davantage de prestations sous le slogan de « l’assurance-maladie pour tous » (Medicare for All), d’un « revenu garanti pour tous » et autres programmes similaires.
Bien entendu, il est toujours possible de combiner ces trois programmes.
Les politiciens n’ont aucune réponse à la croissance molle
En fait, l’élection présidentielle américaine de 2020 promet des débats retentissants, voire des confrontations, précisément autour de ces thèmes.
Trump adopte l’approche en faveur de la croissance, même si les premiers signes montrent qu’elle ne fonctionne pas aussi bien que prévu. Il ne propose pas de coupes significatives en matière de prestations sociales. Son programme pourrait donc être décrit ainsi : « la croissance ou la faillite ».
Les candidats démocrates, notamment Kamala Harris, Elizabeth Warren, Cory Booker, Kirsten Gillibrand, Bernie Sanders et Julian Castro, se sont résolument embarqués dans un programme socialiste.
Ils ont exprimé leur soutien en faveur du plan Medicare for All, de divers programmes de revenu minimum garanti, et de la gratuité de l’université et autres cadeaux offerts par l’Etat. Quand on leur demande comment ils vont financer cela, la réponse est toujours : en augmentant les impôts et grâce à la planche à billets.
Kamala Harris a proposé d’alléger la fiscalité de la classe moyenne et d’augmenter celle des plus riches, ce qui creuserait les déficits de 3 400 Mds$ supplémentaires, outre ceux déjà provoqués par la baisse d’impôts accordée par Trump.
Elizabeth Warren souhaite instaurer un taux d’imposition de 70% sur les plus riches, ainsi qu’une taxe qui s’apparente à de la confiscation de biens (en plus des droits de succession). En ce qui concerne la fiscalité, les programmes des autres candidats sont similaires. Bernie Sanders a également annoncé qu’il était favorable à une forte hausse des impôts.
La croissance (programme de Trump) et les cadeaux financés par les impôts (programme des démocrates) ont une chose en commun.
Ils ne se matérialisent pas. Et ce pour différentes raisons.
Les freins à la croissance sont de nature démographique, et liés à la dette. Désormais, la croissance de la population américaine se situe à peine au-dessus du seuil de remplacement (nombre de naissances nécessaires pour que la population reste constante) ; les limites imposées par Trump sur l’immigration clandestine signifient que les Américains ne peuvent pas compter sur plus de travailleurs.
Quant à l’autre moteur de croissance, la productivité, elle a baissé de façon spectaculaire au cours de ces dernières années.
Le mythe de la « révolution technologique » qui alimenterait la croissance n’est… qu’un mythe… Nos iPhones offrent peut-être plus de gadgets que nos vieux téléphones fixes, mais un appel téléphonique reste un appel téléphonique. La productivité de l’appel dépend du contenu de la conversation et du talent des interlocuteurs, et non du nombre d’applications que possèdent lesdits interlocuteurs sur leurs appareils.
Que substituer à la croissance ? Encore plus de dettes
En l’absence d’augmentation de la population et de gain de productivité, il n’y a plus de croissance. C’est aussi simple que cela. Depuis 2000, pour propulser l’économie, les Etats-Unis ont substitué la dette aux facteurs de production manquants.
George W. Bush a fait doubler la dette publique. Obama l’a fait doubler à son tour en partant d’un niveau élevé. Au bout de deux ans, Trump est sur le point d’égaler Obama.
Aujourd’hui, la dette publique américaine s’élève à 22 000 Mds $, et le ratio dette/PIB des Etats-Unis est supérieur à 106%, non loin derrière des champions de l’endettement tels que l’Italie et le Japon.
Le problème de la dette ne se limite pas aux mauvais chiffres. Le problème le plus grave est que cette dette ne crée pas de croissance, lorsqu’elle atteint les niveaux enregistrés aux Etats-Unis.
Quand le niveau d’endettement est faible (disons 30% du PIB) et que l’économie est en récession ou qu’elle en sort juste, la dette peut être utilisée pour stimuler la demande, sortir l’économie de la récession et la remettre sur la voie d’une croissance tendancielle soutenable.
Mais il existe de solides preuves montrant que ce type d’impulsion financée par la dette commence à s’estomper dès lors que l’endettement atteint 60% du PIB. Les preuves sont encore plus solides à 90% du PIB : l’effet s’inverse et l’excès d’endettement retarde la croissance, en fait.
A 106% du PIB, la dette américaine agit comme un frein. Voilà la faille la plus importante du programme économique et fiscal de Trump.
[NDLR : Pour retrouver toutes les analyses de Jim Rickards et surtout appliquer ses recommandations à vos investissements, c’est par ici.]