La pandémie de coronavirus finira par s’apaiser, voire s’éteindre. Mais qu’en est-il des dommages causés à l’économie dans son ensemble ?
Tout a une fin ; les crises en cours finiront également.
Il y a plusieurs crises. La plus évidente, c’est celle du virus. La plus opaque est celle de la finance spéculative. La plus grave est celle du système monétaire mondial et de la mondialisation.
La plus probable à l’avenir est celle de la confiance des peuples dans leurs dirigeants.
Je crains un gros regain de populisme. On aura un regain de dirigisme, d’étatisme et encore plus de socialisme au profit des ultra-riches.
Fin de pandémie ?
Si toutes les pandémies des différents pays avaient le même profil, la figure ci-dessous indiquerait comment cette pandémie prendra fin.
L’intervalle début/pic des infections au Covid-19 pour tous les pays serait de 40 à 50 jours. De nombreux pays sont encore loin du point culminant. Par ailleurs, rien ne garantit que ce point culminant se fera au même moment ou qu’il n’y aura pas de deuxième round de réinfection, si les méthodes de lutte contre le virus (tests, auto-isolement, quarantaine et verrouillage) ne fonctionnent pas de la même manière.
En fin de compte, cependant, il y aura un pic partout et la pandémie s’atténuera, ne serait-ce que pour revenir l’année prochaine, peut-être.
Ce qui est clair, c’est que les fermetures dans les économies majeures ont entraîné et entraîneront une chute vertigineuse de la production, des investissements, de l’emploi et des revenus. Le crédit ne remplace pas la production ! Au contraire, dans ses excès, il la fait disparaître. Il la tue.
Deux points de croissance en moins… tous les mois
L’OCDE résume correctement la situation : selon elle, l’impact des fermetures d’entreprises pourrait entraîner des réductions de 15% ou plus du niveau de production dans les économies avancées et dans les principales économies émergentes. Dans l’économie médiane, la production diminuerait de 25%…
« Pour chaque mois de confinement, il y aura une perte de deux points de pourcentage de la croissance annuelle du PIB. »
Dans cette pandémie, si les principales économies sont bloquées pendant deux mois et peut-être plus (le verrouillage de Wuhan en Chine aura duré plus de deux mois), alors le PIB mondial devrait se contracter, en 2020, plus qu’au cours de la grande récession de 2009.
Le consensus espère que les blocages seront de courte durée… mais ce ne sera probablement pas le cas. Le chômage va monter de façon vertigineuse et il ne se résorbera que lentement. Les taux de profit et les trésoreries vont être massacrés, ce qui augure mal des dépenses d’investissement.
Comme l’a déclaré le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurrìa :
« Nous ne savons pas combien de temps il faudra pour stabiliser le chômage et les fermetures de millions de petites entreprises – mais c’est un vœu pieux que de parler d’une reprise rapide. »
Le tout pour le tout
Il est clair que l’idée du président Trump, qui considère que les Etats-Unis pourront reprendre leurs activités le dimanche de Pâques, n’est pas réaliste.
Néanmoins, dans cet espoir que les fermetures seront de courte durée, les gouvernements ont tenté le tout pour le tout et abandonné toute prudence de gestion. Ils ont injecté des sommes considérables dans leurs systèmes afin d’éviter le pire.
On ne sait d’ailleurs pas très bien faire la part de ce qui est injecté pour éviter l’Armaggedon/apocalypse financière, et la part de ce qui est consenti pour les économies dites réelles.
Les banques centrales ont donc abaissé leurs taux directeurs à zéro ou en dessous. On a également annoncé une myriade de facilités de crédit et de programmes d’achat d’obligations qui éclipsent les plans de sauvetage et les mesures d’assouplissement quantitatif des dix dernières années.
On répond au choc comme à l’accoutumée : par l’inflationnisme monétaire, avec quelques compléments budgétaires.
La première priorité a été et est encore de sauver les marchés financiers, considérés comme le poumon du système du capitalisme financiarisé.
On peut le regretter et trouver cela immoral, mais le fait est que l’on n’avait pas le choix.
Quand le vin est tiré, il faut le boire – or le marché boursier/financier est au centre du système, c’est lui qui soutient tout l’édifice.
Je soutiens que certes on a brisé la chaîne de production des biens et des services, mais là où le dommage le plus important a été causé, c’est sur la chaîne du bonheur de la finance mondiale.
Nous verrons la suite dès demain.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]