La Chronique Agora

Que devient l’Américain moyen ?

Confronté à une inflation galopante et un Everest de dette, il devrait pouvoir se réjouir des annonces de millions d’emplois créés, et à une économie qui rebondit. Du moins… sauf si les chiffres ne disent pas toute la vérité.

Le marteau et l’enclume dont nous avons parlé dernièrement se sont rapprochés un peu plus.

Selon CNBC :

« L’inflation bondit à 7,5% sur une base annuelle, encore plus élevée que prévu, et c’est le taux le plus élevé jamais constaté depuis 1982… et il est même supérieur aux estimations de Wall Street. »

La marge de manœuvre de la Fed se réduit. L’inflation ou la mort. Soit la Fed laisse l’inflation persister (et s’aggraver)… soit elle tue l’économie de bulle.

La plupart des gens pensent que la Fed fera « la chose appropriée », après avoir épuisé les autres possibilités : elle relèvera ses taux directeurs, laissera s’installer un marché baissier à Wall Street et une récession partout ailleurs.

Nous en doutons. Les élites au pouvoir, en Amérique, comptent bien que la Fed fera ce qui est inapproprié : il est peu probable qu’elle les laisse tomber.

Mais ces derniers jours, nous nous sommes concentrés sur une autre partie de l’équation de l’inflation. La Fed produit de l’argent. L’économie produit des biens et des services. De plus en plus d’argent et/ou moins de « choses » = une hausse de l’inflation.

Nous avons observé les hommes et femmes qui produisent des choses… en nous demandant pourquoi ils n’en produisent pas plus.

Retour en arrière…

L’élite a été corrompue par le pouvoir et l’argent. A mesure que la Fed injecte encore plus d’argent sur le marché actions, les riches s’enrichissent encore plus.

Naturellement, les jeunes gens ambitieux veulent se joindre à eux. Mais la plupart ne deviennent que des esclaves de l’endettement, protégeant avec loyauté « le système » tant qu’il maintient des taux d’intérêt bas et qu’il les laisse emprunter encore plus.

Une détresse répandue

En attendant, grâce à des prestations sociales en constante augmentation, et face à l’écœurement grandissant qu’ils ressentent en se faisant plumer et mépriser, les travailleurs restent à la maison.

Voici ce qu’écrit Andrew Yang, à propos de la détresse de l’homme américain moyen :

« Les hommes représentent désormais 40,5% des étudiants, à l’université. Les inscriptions masculines à l’université ont baissé de 14,7% sur la seule année 2020, par rapport à 6,8% pour les femmes. Le salaire moyen des hommes a baissé depuis 1990, en termes réels. Environ un tiers des hommes sont soit au chômage, soit sortis de la main-d’œuvre. Un plus grand nombre d’hommes âgés de 18 à 34 ans vivent chez leurs parents plutôt qu’avec leur partenaire.

La transformation économique y a largement contribué. Plus des deux tiers des salariés du secteur manufacturier sont des hommes : ce secteur a perdu plus de cinq millions d’emplois depuis 2000. »

Les gens qui gagnent peu dépensent peu. On le constate dans les chiffres des ventes fermes. Bien que la presse parle d’une « vigoureuse reprise », ces chiffres n’ont progressé que de 0,08% au troisième trimestre 2021, et de 1,88%, seulement, au quatrième trimestre.

David Stockman nous dit également que les prix des voitures d’occasion ont continué à flamber : de plus de 85% sur l’année écoulée.

Malheureusement, c’est surtout dans des voitures d’occasion que le prolétariat se déplace. Et à présent, avec des mensualités de 500 $, voire plus, l’Américain moyen ne peut même plus s’offrir une voiture d’occasion.

Des gens oisifs et malheureux

Mais attendez… Joe Biden ne s’est-il pas félicité d’avoir créé (!) 6,6 millions de nouveaux emplois au cours de sa première année de mandat ? Bien entendu, il n’a pas créé un seul emploi. C’est l’économie qui les crée. Et dernièrement, elle en crée nettement moins que ce que l’on clame.

Un commentaire de James Dale Davidson :

« Selon ADT, le cabinet de recrutement qui fait ses calculs à partir de chiffres réels, la masse salariale des entreprises américaines a diminué de 301 000 employés, le mois dernier. C’est une preuve crédible du ralentissement économique, et non d’un rebond de la croissance. »

Les chiffres des « heures travaillées » sont plus clairs. Pas de tripatouillage. Il suffit de compter. L’indice des heures travaillées reste inférieur à ce qu’il était en 2019.

Selon nos calculs, cela donne environ 150 millions d’adultes – hommes et femmes – qui ont beaucoup de temps libre, dont 90 millions de chômeurs de plus qu’en 1970.

Que leur arrive-t-il ?

Selon Andrew Yang, à nouveau :

« Ce n’est pas une coïncidence si les ‘morts de désespoir’ – celles qui sont provoquées par le suicide, l’overdose et l’alcoolisme – ont bondi dans des proportions inédites chez les hommes d’âge moyen, au cours des 20 dernières années. »

Si Freud a raison, et que le travail et l’amour sont les principales sources du bonheur chez l’humain, alors il doit y avoir énormément de gens oisifs et malheureux.

Sans travail pour occuper son temps, peut-être que l’amour devient plus important ? Hélas, il semblerait qu’il soit hors de portée.

Selon Yang :

« Certaines études montrent qu’un emploi stable fait partie des facteurs importants que les femmes recherchent chez leur partenaire. A mesure que le chômage des hommes augmente, leurs perspectives sentimentales déclinent.  

Il n’est pas surprenant, dès lors, que selon une analyse réalisée par Pew Research Center sur des données couvrant la période de 1960 à 2010, la proportion d’adultes qui se marie sans avoir aucun diplôme universitaire se soit effondrée, passant d’un peu plus de 70% à environ 45%. »

Pas de travail. Pas d’histoire d’amour. « Pas de lait dans mon café. Pas de sucre dans mon thé », comme le dit la chanson. Alors que reste-t-il ?

Voici un gros titre de USA Today :

« Le Fentanyl tue plus de jeunes américains que le Covid… »

Se pourrait-il que trop de jeunes gens n’aient plus rien à faire, ni aucune raison de le faire ?

Nous l’ignorons. Mais l’histoire ne s’arrête jamais là… et cela doit en faire partie.

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