L’Histoire se répète, encore et encore…
Il est facile de se laisser happer par les médias de propagande. Les titres racoleurs attirent toute notre attention ; ils sont fascinants et intrigants… mais, en fin de compte, faux.
Les médias font en sorte que les narratifs soient suffisamment simples pour être compris par les masses populaires. Vous êtes soit avec nous, soit contre nous. Vous faites soit partie des gentils, soit des méchants. Vous êtes soit pro-Israël, soit antisémite. Il n’y a pas de juste milieu, pas d’ambiguïté.
Les médias ne veulent pas que vous vous posiez des questions, mais que vous preniez parti… Que soyez derrière les locaux et que vous maudissiez les étrangers.
Plus d’informations sur l’Histoire
Mais l’Histoire n’est jamais aussi simple. Et dans le monde de la finance, c’est toujours la face cachée de l’Histoire qui est la plus importante. Ce que « tout le monde sait » a déjà atteint son prix maximum. Les investisseurs l’ont acheté ou vendu, en fonction de ce qu’ils ont lu dans les journaux. Ce que tout le monde ignore est sous-évalué ou n’a pas encore été découvert. C’est de là que l’on peut tirer les plus gros bénéfices.
Lors de la crise du crédit hypothécaire de 2008, par exemple, tout le monde était persuadé que les prix des logements allaient toujours augmenter. Sauf John Paulson. Il savait que cela ne pouvait pas toujours être le cas. Lorsqu’ils sont manifestement surévalués – à tel point que la famille moyenne ne peut plus se permettre d’acheter un logement moyen –, leur prix a tendance à baisser. Son fonds spéculatif a parié contre le marché immobilier et, alors que 4 millions de personnes ont perdu leurs maisons, son fonds a gagné 20 milliards de dollars.
Michael Burry est probablement plus connu, puisqu’il a été représenté dans le film The Big Short. Lui aussi a vu la partie cachée de l’histoire ; il a vendu à découvert des créances hypothécaires, et a gagné 100 millions de dollars pour lui-même, et 700 millions de dollars pour ses investisseurs.
En politique, la partie cachée de l’Histoire est celle que l’on ne veut surtout pas que vous sachiez. Des efforts considérables – soutenus à coups de milliards de dollars – sont déployés pour que vous ne puissiez pas la découvrir. Ceux qui pensent que l’Histoire est incomplète sont qualifiés de traîtres, d’espions russes (comme Hillary Clinton l’a dit de Tulsi Gabbard, l’ex-candidate aux primaires du parti démocrate pour l’élection présidentielle de 2020), de « racistes » ou, ce que l’on préfère aujourd’hui, « d’antisémites ». Et pour la plupart des gens – qui n’ont ni le temps, ni l’énergie de faire des recherches approfondies sur un sujet –, c’est tout ce qu’ils ont besoin d’entendre. Les efforts de manipulation sont habituellement couronnés de succès. La Russie, c’est le mal. L’Ukraine, c’est le bien. Israël, c’est le bien. Palestine, c’est le mal.
« Animaux humains »
Le scénario était le même lorsque les « terroristes » irlandais, menés par les Fitzgerald de Desmond, ont attaqué les Anglais au XVIe siècle. Les Anglais étaient les gentils. Les Irlandais, les méchants. Des milliers de personnes ont été massacrées, alors que les Irlandais tentaient de repousser les envahisseurs de la province de Munster. Jusqu’à un tiers de la population de la région a péri. Finalement, en 1583, le comte de Desmond est décédé, et la révolte a pris fin… pour un temps.
De retour à Londres, la partie cachée de l’Histoire était inutile et malvenue. Les Anglais ont été attaqués par le peuple irlandais. Les « terroristes » devaient être éradiqués, exterminés. Après tout, ils n’étaient guère plus que des sous-hommes. Certains disaient qu’ils étaient les vestiges des Néandertaliens qui peuplaient autrefois toute l’Europe. Et l’Angleterre avait le droit de se défendre !
Les terroristes irlandais constituaient une menace constante. Ils attaquaient les soldats anglais. On ne pouvait pas leur faire confiance. Ils n’étaient pas civilisés. Ils parlaient une langue barbare… et pour couronner le tout, ils étaient catholiques et prenaient exemple sur un pape européen hostile. Combien de temps se passerait-t-il avant qu’ils n’invitent les Français ou les Espagnols en Irlande… et qu’ils envahissent l’Angleterre ?
En 1594, le comte de Tyrone, Hugh O’Neill, avait sollicité l’aide de l’Espagne. Longtemps promises, quatre mille troupes espagnoles ont finalement débarqué à Kinsale, dans le sud-ouest de l’Irlande… mais elles étaient mal équipées et mal préparées à l’hiver irlandais.
Pendant ce temps, les forces anglaises en provenance de Dublin sont arrivées et ont fait alliance avec un contingent irlandais sous les ordres de Donogh O’Brien. Les armées ont assiégé les Espagnols à Kinsale. Les Espagnols manquaient de nourriture, tandis que les armées irlandaises rebelles de O’Donnell et Maguire avançaient dans la boue automnale, espérant pouvoir les soulager.
La bataille finale s’est déroulée sur les collines aux frontières de Kinsale, alors que les Espagnols attendaient anxieusement l’issue de la bataille. La cavalerie anglaise a attaqué les fantassins irlandais, qui l’ont repoussée. Mais, malheureusement, lorsque les Anglais se sont retirés, la cavalerie irlandaise, montée sur de maigres chevaux, a cru qu’ils battaient en retraite. Elle a alors chargé sauvagement, espérant les abattre dans leur fuite. Or, les Anglais, qui disposaient de meilleurs chevaux, plus costauds, et d’une approche plus disciplinée de la guerre, se sont retournés et ont tenu bon, absorbant le choc sans broncher. Lorsque les Irlandais se sont retirés, ils n’ont pas pu empêcher les Anglais de leur infliger d’importants dégâts. Voyant sa cavalerie vaincue, le reste de l’armée s’est enfuie.
Pas de pitié
Peu après, les Espagnols se sont rendus et les Irlandais survivants se sont réfugiés dans les collines. A ce stade, les Irlandais étaient sans défense. Comme les Palestiniens à Gaza, ils pouvaient causer des ennuis, mais ne pouvaient pas mener d’opération à grande échelle. L’Irlande était à la merci des troupes anglaises, qui n’avaient aucune pitié.
La noblesse irlandaise était pourchassée. Il était interdit de parler l’irlandais. Les catholiques n’avaient pas le droit de posséder des terres. Le système judiciaire irlandais, ses lois et ses coutumes étaient proscrits. Beaucoup de nobles celtes ont fui le pays. « La fuite des comtes », comme on l’a appelée, a laissé l’île avec peu de chefs de file pour contrer les Anglais.
En 1641, les « terroristes » irlandais se sont à nouveau attaqués aux Anglais… et en particulier aux colons du Nord. Des dessins humoristiques montraient les rebelles empalant des bébés protestants sur leurs fourches – thème populaire de la propagande politique. Les fauteurs de guerre et les accapareurs de terres se trouvaient ainsi des excuses. Une fois de plus, de nouvelles terres irlandaises ont été confisquées et vendues, pour financer la campagne militaire.
Au milieu du XVIIe siècle, les Irlandais étaient confrontés à un choix cornélien : l’enfer… ou le Connacht. L’historien britannique John Morrill décrit cet épisode comme « la plus grande opération de nettoyage ethnique de l’Histoire européenne moderne ». Des milliers d’Irlandais survivants ont dû plier bagage et partir vers l’ouest, vers les terres les plus pauvres de la côte atlantique. (D’ailleurs, leurs descendants, qui cultivaient de petites parcelles dans l’ouest de l’Irlande, ont été les plus durement touchés par la famine, 200 ans plus tard.)
De nombreux Irlandais ont tenté d’échapper à la violence en s’enfonçant dans les montagnes. Lors de la première invasion, au XIIe siècle, les Irlandais se sont réfugiés dans les forêts. Au XVIIe siècle, ils étaient connus sous le nom de « tories » (brigands). Le fait d’être un « tory » était en soi passible de la peine de mort et la chasse aux tories était encouragée par les colons. Pendant ce temps, les troupes anglaises brûlaient les récoltes et les granges, s’emparaient des animaux et des réserves de nourriture. Il en est résulté une famine généralisée.
Mais la violence est efficace ! Les campagnes brutales – en particulier celle de la terre brûlée d’Oliver Cromwell – ont porté leurs fruits. L’Irlande a été pacifiée et gouvernée par un pouvoir anglo-protestant pendant les 300 années suivantes.