La Chronique Agora

Prospérez grâce aux germes de la nouvelle agriculture (1)

▪ En vingt-cinq ans, les Etats-Unis n’ont construit qu’un seul nouveau dépôt d’exportations. Sa localisation est révélatrice d’un changement dans la demande mondiale en matières premières agricoles. En effet, ce nouveau dépôt se trouve sur la Colombia River, dans l’Etat de Washington, à environ 100 km de l’océan Pacifique. Situé dans le port de Longview, ce nouveau terminal va brasser huit millions de tonnes de céréales par an, et il est résolument tourné vers l’Asie, très exactement vers la Chine.

▪ Une carence aussi explosive que celle du pétrole
En théorie, le prix des matières premières agricoles devrait, à long terme, baisser, et ce pour une simple raison : les innovations technologiques doivent permettre d’améliorer les rendements et la qualité, ce qui fait chuter les prix. C’est en général le cycle habituel qui se produit dans de nombreux secteurs d’activité, dont celui de l’énergie.

Sauf avec le pétrole. Justement, la situation des matières premières agricoles (softs) rappelle étrangement celle du pétrole, comme l’explique Dylan Grice, de la Société Générale, dans sa note intitulée Popular Delusions. Il revient sur le choc pétrolier de 1973. En réponse à la guerre de Kippour, l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) avait décrété un embargo sur sa production de pétrole, entraînant une flambée des cours. Une fois cet embargo levé, les prix ont certes dégonflé mais n’ont jamais retrouvé leurs niveaux d’avant la guerre.

Dylan Grice explique cela par la dépendance accrue des Etats-Unis aux importations de pétrole, qui, au début des années 1970, sont passées de 20% à 40% de leur consommation totale. Résultat, puisque les besoins en pétrole ont augmenté, les prix ne sont jamais redescendus, depuis, au-dessous de leurs niveaux d’avant 1973, malgré les découvertes de nouveaux gisements et les améliorations technologiques permettant de nouvelles exploitations.

Quel rapport avec les softs ? D’après Dylan Grice, le secteur agricole serait sur le point de connaître le même virage que celui qu’a connu le pétrole : un changement majeur dans la demande poussera irrémédiablement les prix à la hausse. Il sera dû à la Chine. Le problème du géant asiatique tient à la disproportion entre ses capacités de production et ses besoins, afin de nourrir sa population.

▪ La Chine, un géant affamé
A mesure que la Chine s’industrialise, deux effets viennent tendre la situation du marché agricole. Tout d’abord, la modernisation du pays se fait aux dépens des terres agricoles : usines, villes, aéroports, routes se construisent sur d’anciens champs. Quant à la population, à mesure qu’elle gagne les villes et s’enrichit, son régime alimentaire change, se diversifie. Déjà, la Chine est passée du statut d’exportateur net de softs à la fin des années 1990 à celui d’importateur — elle importe en moyenne 10% de céréales, afin de répondre à ses besoins, explique le département de l’Agriculture US.

En effet, elle n’a à sa disposition que 7% des terres et de l’eau au niveau mondial pour nourrir 22% de la population sur Terre. Le gouvernement a donc décidé d’accentuer ses efforts pour accroître la productivité agricole. D’où l’intérêt de miser sur des entreprises agricoles chinoises.

Nous verrons la suite dès demain.

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