Poutine n’est pas là pour rigoler. C’est la guerre, et il compte bien la gagner.
Je répète depuis le début du conflit que la Russie remportera l’affrontement militaire contre l’Ukraine et la guerre financière contre le risque reste du monde.
Cela ne signifie pas que je suis pro-russe ou que je cautionne l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Il s’agit simplement de mon analyse objective de la situation, laquelle repose sur des éléments factuels.
Bien sûr, le terme « victoire » est subjectif dans les deux contextes. Sur le plan militaire, le terme « victoire » ne signifie pas une conquête totale de l’Ukraine. Cela n’a jamais été l’objectif de Vladimir Poutine.
Cela signifie que la Russie contrôlera la région du Donbass, au sud-est de l’Ukraine et le long de son littoral, y compris la mer d’Azov et la mer noire. La Russie a déjà pris le contrôle d’un pont terrestre qui relie le territoire russe à la Crimée et a l’intention d’étendre son contrôle du littoral jusqu’à Odessa.
La Russie occupe notamment la ville de Kherson, qui permet d’accéder au fleuve Dniepr dans le centre de l’Ukraine, lequel est le principal accès à la mer depuis la capitale Kiev.
A quoi bon avoir des armes, s’il n’y a plus personne pour les utiliser ?
Rien de tout cela n’a été facile. Cela a été un processus lent, brutal et coûteux. Mais la Russie n’est pas en train de perdre l’affrontement militaire, contrairement à ce que laissent penser les nombreuses vidéos de chars russes détruits.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky admet désormais que l’Ukraine perd 100 soldats par jour, auxquels viennent s’ajouter de nombreux blessés. Les chiffres réels sont probablement bien plus élevés.
Les Etats-Unis et leurs alliés peuvent envoyer toutes les armes de pointe qu’ils veulent à l’Ukraine, mais compte tenu de l’ampleur des pertes ukrainiennes, il n’y aura personne au front pour les utiliser.
Puis, il y a les sanctions économiques…
Les sanctions aident Poutine
Sur le plan financier, la Russie gagne 25 Mds$ par mois grâce aux exportations de pétrole et de gaz naturel, en grande partie grâce à la hausse des prix causée par les sanctions économiques.
Les tentatives visant à saisir les yachts et les villas des oligarques russes jouent également en faveur de Poutine, car cela fait plus de dix ans qu’il s’efforce de leur mettre des bâtons dans les roues.
Le fait est que Poutine méprise les oligarques. Son pouvoir repose sur l’armée, les services de renseignement et l’église orthodoxe. Les Etats-Unis et leurs alliés font le sale boulot à la place de Poutine en s’en prenant aux oligarques.
La Russie a également mis la main sur 55 millions de tonnes de charbon dans la région du Donbass, ce qui lui offre davantage de levier concernant les sanctions liées au pétrole et au gaz naturel.
Les options sont limitées pour l’Europe
Les ministres de l’Environnement et du Climat du G7 se sont réunis à Berlin il y a quelques semaines pour abandonner progressivement le charbon. Cela semble être un objectif louable du point de vue des Cassandres climatiques. Le problème est que la plupart des pays de l’Union européenne (à l’exception de la France) ont d’ores et déjà commencé à abandonner progressivement l’énergie nucléaire.
Dans le même temps, des mesures sont prises pour interdire les exportations de pétrole et de gaz naturel de la Russie vers l’Europe à cause de la guerre en Ukraine. Si on élimine le nucléaire et le charbon, si l’on réduit les exportations de pétrole et de gaz naturel, que reste-t-il pour alimenter les foyers et les usines d’Europe ?
Les ministres affirment qu’ils trouveront une alternative au pétrole et au gaz russe. Mais il n’y en a aucune.
Le gaz naturel qatari est vendu dans son immense majorité à la Chine. La production de gaz naturel aux Etats-Unis a été mise à mal par les restrictions du gouvernement Biden en matière de concession gazière et de fracturation des sols. La production de pétrole américain diminue pour les mêmes raisons.
Alors que les Etats-Unis exportaient plus de pétrole et de gaz naturel qu’ils n’en achetaient, la situation s’est inversée ces deux dernières années. Par conséquent, les Etats-Unis ne constituent pas une source d’approvisionnement fiable pour l’Europe.
La Russie ne pâtit donc absolument pas de cette situation. Elle se contente de vendre son pétrole et son gaz à la Chine et l’Inde, à un prix légèrement inférieur à celui en vigueur sur les marchés internationaux.
Fantasmes verts
Le G7 et l’Union européenne rêvent de remplacer le pétrole, le gaz et le charbon par l’énergie solaire et l’énergie éolienne. Le problème est que les éoliennes et les panneaux photovoltaïques coûtent cher et sont non modulables. L’énergie qu’ils produisent doit être stockée dans des batteries gigantesques et ces batteries renchérissent le coût de l’énergie éolienne et solaire.
Il est également impossible d’alimenter un réseau électrique moderne au seul moyen de l’énergie éolienne et solaire car les sources sont intermittentes. Il est impossible de produire de l’énergie solaire pendant la nuit ou lorsque le ciel est nuageux et il est impossible de produire de l’énergie éolienne s’il n’y a pas de vent. L’éolien et le solaire peuvent compléter les autres sources d’énergie qui approvisionnent le réseau, mais ils ne peuvent pas alimenter à eux seuls le réseau.
Il faut donc utiliser du pétrole et du gaz naturel (ou du charbon), alors même que le G7 vient de décider de faire sans ces énergies. Cela n’a aucun sens. À l’heure actuelle, il n’existe aucune alternative au pétrole et au gaz naturel. L’énergie éolienne et l’énergie solaire ne peuvent pas alimenter le réseau électrique.
L’Europe a fait le choix du rationnement et des coupures de courant. Il ne s’agit en aucun cas d’un pacte vert.
Dans le pire des cas, si l’Union européenne et le G7 s’entêtent à poursuivre ces programmes absurdes et inutiles, l’Europe pourrait se retrouver sans chauffage ni lumière au prochain hiver.
Les Etats-Unis condamnent l’Afrique à la famine
De nombreux partenaires commerciaux de la Russie sont restés neutres dans le conflit. C’est le cas de la Chine, de l’Inde et du Brésil, qui constituent donc des marchés de premier plan pour les exportations russes de matériaux stratégiques et d’énergie et pour les importations de produits manufacturés.
Il semble que la Russie ait également mis la main sur 150 Mds$ de plutonium provenant des centrales nucléaires ukrainiennes. Un gramme de plutonium coûte environ 6 000 $ et les Russes en possèdent 30 tonnes. Cela représente un joli pactole pour la Russie face aux sanctions économiques.
Concernant les exportations de céréales, la Russie a détruit un site ukrainien d’exportation de céréales de premier plan à Mykolaïv, lequel jouait un rôle essentiel dans la distribution de céréales à l’international. Mais, après que l’Occident a saisi les actifs de la Banque centrale de Russie, à quoi vous attendiez-vous ?
Poutine n’est pas là pour rigoler. C’est la guerre et il compte bien la gagner.
Les Etats-Unis intiment aux pays africains de ne pas acheter les céréales sur lesquelles la Russie a fait main basse en Ukraine. Mais si les pays africains n’achètent pas ces céréales, leurs peuples connaîtront la famine. D’un côté, les beaux discours, de l’autre la famine. Les pays africains achèteront les céréales. Pourquoi s’en priveraient-ils ? Ce sera un nouvel échec dans les sanctions absurdes imposées par les Etats-Unis.
En Russie, tout ira bien.
Pourtant, les investisseurs qui croient à la propagande occidentale et ukrainienne, renforcée par les médias traditionnels comme le New York Times et le Washington Post se fourvoient lourdement.
Il serait possible de mettre un terme à la guerre en négociant un accord qui répondrait aux inquiétudes de la Russie en matière de sécurité, tout en garantissant l’indépendance de l’Ukraine.
Mais les Etats-Unis et leurs alliés veulent faire durer la guerre le plus longtemps possible afin d’affaiblir les forces armées russes.
Ils sont prêts à sacrifier jusqu’au dernier Ukrainien pour atteindre leur objectif.