La Chronique Agora

Pourquoi l'or va continuer à grimper

** Pour autant que nous puissions en juger, la plupart des investisseurs pensent que le pire est passé. Après une correction, les actions grimpent. Idem pour le dollar. L’or, pendant ce temps, baisse. Bernanke, Bush et toute l’armée d’anges et d’archanges qui veillent sur l’économie mondiale gagnent, pensent-ils.

* Mais plus ils gagnent… plus vous perdez, cher lecteur. Parce que certaines erreurs doivent être corrigées. Certaines fautes doivent être punies. Certaines vérités doivent être découvertes.

* Et plus la correction est retardée… plus nous vivons dans l’obscurité et l’erreur… plus il en coûte de réparer les choses. Inutile d’être économiste pour le comprendre. C’est simplement comme ça que le monde tourne.

* Nous avons terminé notre dernière Chronique en nous demandant ce qu’est vraiment l’argent. Quand une banque effectue un virement électronique, les électrons sont les seuls à traverser la rue. Mais ces électrons représentent des billets de banque… qui eux-mêmes représentent de la richesse. Et qu’est-ce que la richesse
 ? Ce sont des ressources limitées… le potentiel de s’approprier une partie du charbon, du fer, du plastique de la planète… bref, tout, d’une tonne de blé à une Mercedes flambant neuve… en passant par le temps d’un travailleur. Le problème fondamental, c’est que l’expansion de crédit de ces 25 dernières années a donné à trop de gens trop de droits sur ces ressources limitées. Et lorsque les gens ont exercé ces droits — sur les revenus des actions dans les années 90… puis sur l’immobilier au début des années 2000… et désormais sur le pétrole, le riz et l’or –, les prix ont grimpé. Cette hausse a donné un faux signal. Elle a convaincu les investisseurs qu’il y avait plus demande pour les actions dot.com ou les maisons qu’il n’y en avait réellement. Aujourd’hui, la hausse signale une demande démesurée pour les matières premières et l’or. Alors que l’argent afflue dans le secteur en phase de bulle… de plus en plus de ressources — du temps, des capitaux, des biens — sont détournées des choses que les gens veulent vraiment, et dont ils ont besoin, pour être consacrées à la bulle. En fin de compte, la bulle éclate… les pertes sont encaissées… et la reconstruction peut repartir sur des bases plus solides.

* "Mais attendez" — nous anticipons votre question — "êtes-vous en train de dire que les matières premières vont s’effondrer aussi ?"

* Oui… évidemment. Tous les agriculteurs de la planète y travaillent dur. Attirés par la hausse des cours, ils ne pourront que produire à l’excès. Ils le font toujours. La surproduction est, par définition, une erreur. Elle devra être corrigée, à un moment ou à un autre… tout comme la surproduction de maisons est en train d’être corrigée aux Etats-Unis… tout comme le surinvestissement dans les dot.com devait être corrigé.

* Dans le cas des matières premières, cependant, comme le dit souvent Jim Rogers, c’est différent : les commodities peuvent corriger… mais elles n’atteindront jamais le zéro. La demande de choses nourrissant la planète ne disparaîtra jamais. Nous aurons toujours besoin de céréales… de sucre… de boeuf… de maïs. La clé de l’investissement en matières premières, nous dit Sylvain Mathon, un autre spécialiste du secteur, c’est de prendre des décisions informées et calculées — et il vous montre même comment y parvenir

** Restons-en aux matières premières, au pétrole et à l’or. Ce n’est pas parce qu’une correction finira par se produire sur ces marchés qu’elle doit nécessairement arriver demain. Prenons le cas de l’or, par exemple. Il baisse. Si nous avons raison, beaucoup d’investisseurs et de spéculateurs commencent à s’inquiéter. Nous avons acheté la majeure partie de notre or lorsque le prix était sous les 500 $. Mais bon nombre d’investisseurs sont entrés sur le marché de l’or à 800 $ et au-dessus. Certains ont déjà perdu de l’argent. D’autres s’inquiètent de préserver leurs gains. Certains des vétérans se rappellent même le terrible marché baissier de l’or entre 1980 et 1999. Ils l’ont vécu ; pas question de le revivre, se disent-ils.

* Même à 900 $… ou 1 000 $… l’or n’est pas encore dans une phase de folie. En d’autres termes, c’est un marché haussier… et non une bulle. Les graphiques montrent une augmentation régulière des cours, mais pas de pics verticaux.

* De plus, comme nous l’avons souligné à maintes reprises, il s’est passé beaucoup de choses depuis les années 80. Si on ajustait simplement son prix en 1980 à l’inflation, l’or devrait atteindre près de 2 500 $ en dollars actuels pour retrouver son précédent sommet. Mais l’inflation du dollar n’est qu’une partie de l’histoire ; une bulle sur les marchés du crédit a mené à des milliers de milliards de dollars de produits dérivés… des milliers de milliards de dollars de nouvelles dettes… des milliers de milliards de dollars de réserves en Chine, au Japon et en Russie… des prix vertigineux pour des "oeuvres d’art"… des projets immobiliers insensés au Moyen-Orient… une croissance à couper le souffle en Chine… et plus de dettes que la planète n’en a jamais vu. Bon nombre de ces prix et de ces projets doivent être des erreurs. Bon nombre devront être corrigées.

* La Fed devrait faire grimper les taux… et provoquer la correction. Ca n’arrivera pas, parce qu’il y a une autre différence très importante entre 1980 et 2008 : Ben Bernanke n’est pas Paul Volcker. Volcker a protégé le dollar — c’est la raison pour laquelle l’or est entré dans un marché baissier qui a duré deux décennies. Bernanke n’a aucun intérêt à protéger le dollar — et c’est la raison pour laquelle le marché haussier de l’or a encore de l’avenir. Au lieu de corriger les erreurs des 20 dernières années, la Fed de Bernanke est déterminée à aider les gens à en commettre plus encore.

** Ce dont les Etats-Unis manquent, l’Europe semble le posséder. Une balance commerciale positive, par exemple. De l’épargne. Une devise en hausse. Et un président de banque centrale qui ressemble plus à Volcker qu’à Bernanke.

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