La Chronique Agora

Poulets, ânes et haut-le-cœur

Krach boursier, coronavirus, chute du pétrole… Ne vous inquiétez pas, les autorités sont « sur le coup ». Préparez-vous juste à avaler pas mal de couleuvres.

Dans l’Angleterre du XVIème siècle, un « artiste » chauffait la foule avant une pièce de Shakespeare en mangeant un poulet vivant – avec les plumes.

Nous avons sous les yeux un numéro encore plus consternant : les autorités avalent l’économie tout entière. C’est un phénomène que nous observons depuis deux décennies.

Les escrocs de la Fed ont avalé les sottises des universitaires. Ils ont affirmé qu’ils pouvaient gérer l’économie en falsifiant les taux d’intérêts… et la « stimuler » avec de la fausse monnaie. Le public, quant à lui, était prêt à tout gober s’il y avait de l’argent gratuit à la clé.

Ensuite, chaque fois que l’économie ou les marchés tentaient de corriger, les autorités intervenaient avec de nouvelles mesures de « relance ».

Cela causait inévitablement de nouvelles indigestions à l’économie… à qui ils devaient faire avaler quelque chose d’encore plus énorme pour tenter d’y mettre fin.

Prenons le secteur pétrolier comme exemple…

Avalé par la fausse monnaie

Nous avons rapporté il y a plus d’un an que le secteur du pétrole de schiste américain était une bulle créée par les taux d’intérêt ultra-bas de la Fed. Les producteurs ont emprunté de gigantesques quantités de capitaux, ont « fracké » de gigantesques parts des Etats-Unis et constamment perdu de l’argent !

Dans les faits, le secteur pétrolier US a été avalé par les politiques de fausse monnaie/taux d’intérêts factices de la Fed.

Tant que les pétroliers pouvaient emprunter de l’argent à bas coût… leurs pertes semblaient ne pas avoir d’importance. Comme les technos Tesla, Uber, Twitter et Snapchat, les frackers ont pu continuer à fracker.

Enfin, l’an dernier, OilPrice.com rapportait que le secteur allait peut-être bientôt être profitable :

« Selon le World Energy Investment Report de 2019, un flux de trésorerie disponible positive devrait être atteint grâce à trois facteurs, en partant du principe que le prix actuel du WTI [West Texas Intermediate], à 60 $ le baril, ne décline pas de manière significative. »

Sauf que cette semaine, le pétrole à 60 $ a cédé le pas au pétrole à 30 $. (Selon Goldman Sachs, il pourrait même aller à 20 $.) Bloomberg explique :

« La nouvelle réalité du schiste : quasiment tous les puits forés perdent désormais de l’argent. 

Les producteurs américains de pétrole de schiste avaient un problème de profitabilité. Il vient d’empirer. »

Le secteur du pétrole de schiste avait quelque 71 Mds$ de prêts à rembourser au cours des sept prochaines années. Ce sera impossible avec un prix du pétrole aussi bas qu’actuellement. Et le problème n’est pas limité au secteur du schiste…

Ces 71 Mds$ de prêts représentent un bon morceau du marché des obligations de pacotille. Si les obligations des producteurs de pétrole tournent mal… tout le marché vacillant des junk bonds devra lui aussi être avalé.

Ensuite, il ne faudra pas longtemps pour que de grandes banques et autres institutions financières – qui détiennent des junk bonds pour leurs rendements plus élevés – passent elles aussi dans le gosier de la Fed.

Fièvre d’endettement

Un gros titre de Bloomberg annonce :

« Le coronavirus expose le danger de la fièvre d’endettement contractée par les entreprises américaines. »

Mais ne vous inquiétiez pas, cher lecteur. Il n’y a pas de catastrophe naturelle que les autorités ne puissent pas aggraver.

Jamais elles ne lèveront les mains au ciel… admettant qu’elles n’auraient jamais dû déformer l’économie à tel point… avant de reculer.

Non. Les autorités vont dire que la sécurité nationale dépend de l’activité des producteurs de pétrole de schiste.

En ce moment même, l’équipe Trump débat avec les ronds-de-cuir habituel et développe des options politiques permettant de continuer à faire tourner l’escroquerie. Dans le New York Times :

« Trump va travailler avec le Congrès pour relancer l’économie. »

Ne riez pas tout de suite, cher lecteur – la plaisanterie ne fait que commencer.

Les agences de réglementation gouvernementales annoncent qu’elles vont collaborer avec les banques pour que l’argent continue de couler vers les secteurs clé. La Fed a pour sa part « sorti le bazooka » hier, avec une injection record de 1 500 Mds$ sur le marché des repos, répartis sur plusieurs jours… et ce n’est que la première d’un éventail de mesures prévues dans les semaines qui viennent.
Et puis le président a fait une nouvelle fois les gros titres, avec une nouvelle idée crétine :

« Trump lance l’idée d’une réduction de l’imposition sur la masse salariale après le plongeon des marchés suite aux craintes liées au virus. »

Nous le rappelons aux lecteurs : les autorités n’ont pas d’argent.

Elles ne peuvent fournir des baisses d’impôts qu’en empruntant plus de fausse monnaie – exactement la manière dont le système immunitaire de l’économie s’est retrouvé fragilisé à l’origine.

Alors vous voyez…

Il reste encore pas mal de poulets, moutons, ânes, éléphants et couleuvres à avaler. Les autorités réussiront à en ingurgiter un certain nombre… causant de nouveaux haut-le-cœur, indigestions et ulcères.

Cela permettra au spectacle de continuer pendant encore quelques années.

Ensuite, quand tous les poulets auront été avalés – les baisses d’impôts, les programmes de dépenses d’infrastructures, l’argent gratuit, les taux négatifs, les rachats directs de titres, la Théorie monétaire moderne (TMM), les déficits budgétaires à 2 000 Mds$…

… Quand la dette se sera envolée bien plus haut…

… Que les actions auront traversé des montagnes russes pour tenter de suivre le rythme de cette folie…

… Et que l’inflation des prix à la consommation aura enfin rattrapé la destruction du dollar par les autorités…

… Alors seulement, le système s’effondrera.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile