La Chronique Agora

Plus d’Etat = moins de richesse !

Nous en arrivons à ce qui semble une conclusion irréfutable : plus les autorités fédérales s’immiscent dans le processus de création de richesse, moins il se crée de richesse.

Depuis longtemps, on sait que l’entreprise privée – où chacun a quelque chose à perdre – est bien plus productive qu’un système économique dirigé par l’Etat. Plutôt que de s’approprier une large part d’un mauvais système, les autorités fédérales prélèvent une petite part d’un bon système… et finissent ainsi par gagner davantage.

Art Laffer a poussé cette idée un peu trop loin. En 1980, il a affirmé que la baisse des taux d’imposition entraînerait une augmentation des recettes fiscales pour le gouvernement fédéral. A l’extrême, c’était certainement vrai. Si le gouvernement fédéral prenait 100 % de la production des citoyens, il pourrait obtenir plus en réduisant son niveau d’imposition à, disons, 90 %, laissant ainsi aux contribuables au moins une certaine incitation à produire.

Mais lorsque le gouvernement fédéral prélève 20 % de la production, réduire les impôts de moitié n’est pas susceptible d’être rentable. Même si la baisse des taux stimule l’économie comme annoncé, le gouvernement fédéral ne perçoit qu’une partie du PIB supplémentaire. Avec un taux d’imposition de seulement 10 %, par exemple, la production devrait augmenter de 100 % pour compenser le manque à gagner.

Reagan et Trump ont tous deux mis en avant les réductions d’impôts comme moyen de stimuler la croissance du PIB, affirmant que cette croissance compenserait la perte de recettes fiscales. Dans aucun des deux cas, cela n’a fonctionné ; au contraire, les déficits se sont creusés.

Au moins, l’idée derrière l’expérience de réduction d’impôts allait dans la bonne direction. Et s’ils avaient poursuivi leurs efforts en matière de réduction des dépenses, nous nous en serions mieux sortis.

Et tandis que Reagan réduisait les impôts, l’Union soviétique poursuivait sa propre expérience dans la mauvaise direction. Elle avait une économie planifiée et gérée par le gouvernement. Les résultats ont été si concluants qu’on aurait pu penser que la question était réglée. Les Soviétiques ont tout simplement abandonné en 1991.

Nous en arrivons donc à ce qui semble être une proposition irréfutable : plus le gouvernement fédéral s’implique dans le processus de création de richesse, moins il y a de richesse créée.

Mais malgré la clarté et le caractère définitif de cette leçon, à l’instar d’un magnat du cinéma hollywoodien entouré de starlettes en herbe, le gouvernement fédéral ne peut tout simplement pas s’empêcher d’intervenir. The New York Times rapporte :

« 10 milliards de dollars et ce n’est pas fini : l’administration Trump acquiert des participations dans des entreprises privées.

L’administration Trump échange des milliards de dollars provenant des contribuables contre des participations dans des entreprises. Cette pratique inhabituelle ne montre aucun signe de ralentissement. »

L’administration a pris une « action privilégiée » dans US Steel.

Elle a négocié une option sur Westinghouse Nuclear.

Une action de Vulcan Elements lui a coûté 620 millions de dollars.

Avec 400 millions de dollars, elle a acheté une participation de 7,5 % dans MP Materials ; 36,5 millions de dollars supplémentaires lui ont permis d’acquérir 10 % de Trilogy Metals Minerals ; 5 % de Lithium America ont coûté 182 millions de dollars en « paiements différés de la dette ».

Et ainsi de suite.

Voici la dernière idée de Daniel Kishi, d’American Compass :

« Les marchés ont déjà été considérablement faussés par les subventions chinoises et les efforts de Pékin pour monopoliser les industries mondiales… Nous avons besoin d’une politique industrielle qui nous soit propre pour lutter contre la prédation de nos partenaires commerciaux. »

Peut-être a-t-il raison… Ce serait une première, mais il n’est pas impossible que laisser les autorités fédérales prendre les décisions d’investissement stratégique fonctionne, cette fois.

Peut-être découvrirons-nous que si nous qualifions cette intervention de « motivée par la sécurité nationale », elle s’avérera plus efficace. Il est certain que pour l’équipe de Trump pense, elle permettra de régler un problème. Kush Desai, porte-parole de la Maison Blanche, a déclaré ceci :

« Si les politiques habituelles fonctionnaient, les Etats-Unis ne dépendraient pas des pays étrangers pour les minéraux essentiels, les semi-conducteurs et d’autres produits qui sont essentiels à notre sécurité nationale et économique… Les prises de participation ciblées de l’administration garantissent aux contribuables de faire une bonne affaire et font avancer les choses de manière significative pour encourager de nouveaux investissements du secteur privé. »

Pour nous, c’est surtout du bla-bla, mais il a peut-être raison. Peut-être que les investisseurs sur le marché sont des imbéciles. Et pour la première fois dans l’histoire, des bureaucrates avisés feront de vraies bonnes affaires.

Et peut-être que les initiés ne verront pas l’opportunité de devancer les autorités fédérales… peut-être qu’ils ne voleront pas les contribuables comme ils le font habituellement.

Peut-être que les entreprises, sous l’influence de l’intervention éclairée des bureaucrates fédéraux, nous surprendront. Contrairement à Amtrak, ou Fannie et Freddie, qui ont provoqué la plus grande crise immobilière de l’histoire des Etats-Unis… peut-être que ces nouvelles entreprises réussiront.

Peut-être que les fonctionnaires américains d’aujourd’hui sont plus intelligents que ceux de l’Union soviétique, de la Corée du Nord ou de Cuba.

Peut-être que les personnes qui n’ont rien à perdre… qui ne risquent pas leur propre argent… qui n’ont ni expertise ni compétence avérée… s’avéreront être d’excellents gestionnaires d’entreprise.

Peut-être que les PDG qui n’ont pas à rendre de comptes aux propriétaires d’entreprises seront capables d’adopter une vision à plus long terme.

Peut-être que les visionnaires de l’administration Trump sauront lesquelles parmi les milliers de nouvelles technologies… et de nouvelles entreprises… réussiront. Peut-être sauront-ils reconnaître parmi les génies technologiques d’aujourd’hui ceux qui deviendront les Jeff Bezos ou les Steve Jobs de demain.

Peut-être que oui, cela s’avérera être l’exception. Les bureaucrates dans les salles de réunion feront preuve de la sagesse de Buffett. Et cette expérience de planification centrale sera la première à ne pas être un désastre complet.

Ou peut-être que non…

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