La Chronique Agora

La planification centrale, seule solution pour résoudre les problèmes environnementaux ? (1/2)

Les décideurs politiques de l’UE devraient envisager une nouvelle approche pour tacler le problème.

Par Pieter Cleppe, rédacteur en chef de Brussels Report, et Rod Richardson, président du Fonds Grace Richardson

Dans toute l’Europe, l’opposition aux politiques climatiques de l’UE augmente, en raison de leur coût exorbitant. Nombre de ces politiques sont définies dans le « Green Deal » européen, une vaste série de propositions présentées par la Commission von der Leyen.

Il y a la loi européenne sur le climat, qui impose des objectifs plus stricts en matière de réduction des émissions de CO2, un nouveau régime de planification centrale pour l’agriculture, baptisé stratégie « de la ferme à la fourchette », plus une couche supplémentaire de réglementation des produits avec le « plan d’action pour l’économie circulaire », ainsi qu’une nouvelle réglementation imposant la rénovation obligatoire des bâtiments. Au cas où cela ne suffirait pas, la nouvelle proposition de « loi sur la restauration de la nature » s’accompagne d’une nouvelle série de restrictions sur les endroits où l’on peut construire.

En outre, le système européen d’échange de quotas d’émission, de plus en plus lourd, a entraîné des poursuites judiciaires de la part de pays membres tels que la Pologne. Cependant, comme le système d’échange de quotas d’émission nuit à la compétitivité de l’UE et entraîne des fuites de carbone (les activités manufacturières à forte intensité de carbone sont simplement délocalisées), l’UE a mis au point un mécanisme d’ajustement frontalier pour le carbone afin de corriger ces faiblesses. Ce mécanisme crée un « tarif climatique » pour certaines importations dans l’UE.

Rien ne pourrait constituer un plus grand aveu d’échec que le CBAM lui-même. L’UE admet en fait que, par ses politiques, l’Europe s’est tiré une balle dans le pied.  La solution de l’UE ? Tirer une balle dans le pied de tous les autres.

Entre-temps, les politiques nationales en matière de climat et d’énergie ont dégénéré en un fouillis contradictoire de gouvernements qui choisissent chacun des gagnants et des perdants différents et qui interfèrent dans les marchés à tous les niveaux, avec des interdictions, des mandats, des monopoles sanctionnés par l’Etat, des subventions et des systèmes punitifs de fixation du prix du carbone. Résultat prévisible ? Des prix plus élevés, une faible compétitivité, une décarbonisation et des économies au point mort.

La caractéristique principale de toute cette législation est qu’elle vise à atteindre son objectif ultime – la protection de la nature – par la force technocratique, c’est-à-dire en imposant des charges et des barrières, des réglementations, un contrôle du haut vers le bas et, bien sûr, des transferts de richesses à grande échelle.

Une approche alternative

Il existe une alternative qui a fait ses preuves, une alternative qui ne force pas, qui lève les charges et les barrières, qui ne choisit pas les gagnants et les perdants, qui conduit à des prix plus bas, à une compétitivité plus forte, à une décarbonisation accélérée et à la prospérité.

Maintenant que la planification centrale, la réglementation et une approche punitive, avec des taxes sur le carbone, des tarifs sur le carbone et des droits d’émission négociables, perdent le soutien de la population, les décideurs politiques de l’UE devraient envisager cette nouvelle approche, une série de suggestions des membres de la Coalition internationale Climat & Liberté. Ce groupe d’économistes, de groupes de réflexion, d’universitaires et de décideurs politiques a élaboré un cadre politique, The Climate & Freedom Accord.

Cet accord, qui propose un cadre de traité international, commence par trois observations logiques.

Tout d’abord, étant donné que toutes nos technologies doivent être améliorées pour assurer à la fois l’absence totale de pollution et la prospérité, l’innovation est l’outil essentiel pour résoudre le problème du changement climatique.

Deuxièmement, la liberté étant le principal moteur de l’accélération de l’innovation depuis le siècle des Lumières, la liberté et les marchés libres constituent la politique clé nécessaire pour accélérer l’innovation indispensable à la résolution du problème du changement climatique.

Troisièmement, étant donné qu’il n’existe pas de solution nationale au changement climatique, nous devons trouver un moyen de diffuser rapidement les solutions climatiques du marché libre – libre-échange, concurrence, droits de l’homme classiques et politique fiscale axée sur l’offre – à l’échelle mondiale, pour une accélération maximale de l’innovation.

Cette approche est étayée par des études qui montrent non seulement que les économies les plus libres sont les plus propres, mais aussi que la concurrence elle-même accélère la décarbonisation. Par exemple, une étude, qui compare les marchés de l’électricité compétitifs et monopolistiques aux Etats-Unis, révèle que les marchés de l’électricité compétitifs se décarbonisent 66% plus rapidement que les marchés de l’électricité non compétitifs.

La raison est facile à comprendre : les marchés concurrentiels font baisser les coûts, permettent aux innovateurs d’accéder plus facilement au marché et permettent aux consommateurs d’exiger une électricité plus récente, plus propre, moins chère, plus saine et plus fiable. Les monopoles n’ont aucune raison économique d’innover, de se soucier des désirs des consommateurs ou de réduire les coûts.

D’autres études citées montrent que les politiques fiscales neutres du point de vue de l’offre technologique, telles que l’amortissement du capital, contribuent à accélérer l’innovation en matière de décarbonisation. Elles réduisent le coût de l’investissement dans de nouvelles immobilisations corporelles. Ce faisant, elles stimulent non seulement les nouveaux investissements, mais aussi l’emploi et la croissance (tout en réduisant l’inflation par l’augmentation de l’offre).

Adoptées par les Etats-Unis en 1981, ces politiques fiscales ont également favorisé la révolution de l’efficacité énergétique en rendant les investissements dans ce domaine moins coûteux et plus rentables. Il s’avère que lorsque les politiques réduisent le coût des nouveaux biens d’équipement, cela accélère l’adoption des technologies les plus récentes – toujours plus propres et plus efficaces que les anciennes technologies plus polluantes, qui sont rapidement abandonnées.

Nous verrons dans le prochain article qu’en supprimant les barrières, les charges, les coûts et les contrôles pour tout le monde – en particulier pour les innovateurs bénéfiques –, une décarbonation puissante pourrait être parfaitement envisageable.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile