La Chronique Agora

Le pic de l’endettement

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Le plus grand empire du monde – et le plus endetté – a perdu le contrôle.

« Les églises, pour être des églises, doivent avoir des clochers. Les rats doivent avoir une queue. Et les empires doivent agir comme des empires… jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus le faire. »
~ Bill Bonner

Vous vous demandez peut-être, cher lecteur, pourquoi nous continuons à écrire (avec insistance) sur le sujet de l’inflation. « Ne savez-vous pas que l’inflation est en baisse ? », nous diriez-vous.

Pas si vite !

Les prix peuvent augmenter. Ils peuvent baisser. Mais l’inflation n’est pas près de disparaître.  Certes, elle a été déclenchée par les chèques de relance de l’Etat fédéral en 2020. Mais il y avait beaucoup d’inflation déjà prête à éclater. En effet, l’inflation n’est pas un phénomène en soi. Elle fait partie d’un ensemble plus vaste, qui comprend les déficits fédéraux, les déficits commerciaux, les paiements de transfert, le déclin de la classe moyenne, une élite « extractive », la hausse des taux d’intérêt réels et le coût du maintien d’un empire mondial gigantesque.

Un véritable cluster.

Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur l’un des éléments les plus importants du problème : l’empire lui-même.

Plus petit et plus aveugle

Dans ce domaine, comme dans beaucoup d’autres, les Etats-Unis sont victimes de leur propre escroquerie. L’apogée (de l’escroquerie, pas de l’empire) a probablement été atteint lorsque Madeleine Albright, la secrétaire d’Etat américaine, a déclaré que les Etats-Unis étaient absolument « indispensables »… et que « nous sommes plus grands… et voyons plus loin » que les autres.

Depuis lors, nous sommes devenus plus petits… à presque tous les égards. Même au niveau de l’espérance de vie. Les autres nations « occidentales » et pleinement développées du G7 ont une espérance de vie moyenne de 83 ans. Aux Etats-Unis, nous vivons jusqu’à 76 ans… et l’espérance de vie diminue, tout comme les salaires, la productivité, la croissance du PIB, la confiance dans le gouvernement, l’innovation, le bonheur, et à peu près tout le reste.

Comme nous l’avons souligné dans notre livre écrit en 2006, L’Empire de la dette, l’économie américaine est devenue la plus importante du monde à la fin du XIXe siècle. A cette époque, le pays avait déjà acquis une grande expérience en prenant des terres à d’autres – celles des tribus indiennes et des Espagnols. Puis, alors que le pays chevauchait le continent d’un océan à l’autre, il s’est tourné vers l’étranger. Au début du XXe siècle, il était maître des îles du Pacifique (dont Hawaï) et des Caraïbes, ainsi que des Philippines.

Mais plutôt que de suivre le modèle éprouvé de l’empire – conquérir, voler, taxer – les Etats-Unis ont pensé qu’ils rendaient service au monde, qu’ils étaient un « bon empire », distribuant la démocratie et les droits LBQT comme des stupéfiants gratuits à un concert de rock.

Les pertes nettes dues à leurs guerres impériales s’élèveraient à environ 8 000 Mds$ depuis le début du siècle. Mais le coût total de l’existence de l’empire est bien plus élevé : il comprend l’aide étrangère, les prestations aux vétérans, les missions diplomatiques, le soutien à la Banque mondiale et à d’autres agences internationales, dont l’objectif principal est d’étendre l’influence des États-Unis au-delà de leurs propres frontières. Rien que cette année, le coût total de ces dépenses s’élèverait à environ 1 500 Mds$, soit au moins 20 000 Mds$ depuis 1999.

Et comme ils n’ont jamais eu beaucoup d’argent en trop, les fédéraux ont dû emprunter et imprimer… ce qui est maintenant ancré, comme un cauchemar récurrent, dans les 33 000 Mds$ de dette publique de l’Amérique.

Oui, il s’agit d’un nouveau type d’« empire »… embrouillé dans des raisonnements de pacotille et embourbé dans la dette. Oui, les Etats-Unis ont conquis. Et oui, ils ont tué – pas moins d’un million de personnes sont mortes au cours de ce seul siècle. Mais ils ont oublié d’envoyer leur facture !

Le fardeau de l’homme blanc

Inflation et empire vont de pair. Il est communément admis – bien que cela ne soit jamais débattu au Congrès, ni même dans la presse populaire – que l’empire est une chose nécessaire ou inévitable. Nous n’avons pas choisi d’être un empire – du moins, pas de manière délibérée ou consciente. Nous pensons plutôt que la grandeur nous a été imposée… comme une couronne de lauriers sur la tête de l’empereur Claude ; nous, les Américains, avons dû assumer le fardeau de l’homme blanc, que cela nous plaise ou non.

Mais ce fardeau est une arnaque… une escroquerie. Dépenser, emprunter, imprimer… bombarder, sanctionner… c’est un coup d’État dans le coup d’État. Et cela inclut de donner de l’argent à des groupes d’élite privilégiés. Comme le lobby « vert », par exemple. Fox News rapporte :

« En avril dernier, Joe Biden a déclaré que son administration s’efforçait de rendre ‘chaque véhicule’ de l’armée américaine ‘respectueux du climat’.

La secrétaire à l’Energie, Jennifer Granholm, a déclaré mercredi qu’elle soutenait les efforts de l’administration Biden visant à obliger l’armée américaine à mettre en place un parc de véhicules entièrement électriques d’ici à 2030, déclarant aux législateurs que ‘nous pouvons y arriver’. »

Oui, nous pouvons y arriver, mais cela n’a rien à voir avec la protection du pays ou la défense nationale. Cela pourrait se faire avec seulement 25% du budget actuel de l’empire. Peut-être même beaucoup moins. Après tout, les Etats-Unis n’ont pas d’ennemis que l’empire n’a pas lui-même créés.

En d’autres termes, pourquoi ne pas renoncer à l’empire, comme le propose le présidentiable RFK Jr. Le déficit américain pourrait être éliminé… et le principal moteur de l’inflation supprimé. La Suisse n’a pas de troupes stationnées dans le monde entier. La Suède n’a pas de budget pour maintenir un empire. L’Irlande ne consacre que 0,3% de son PIB à ses dépenses militaires (alors que le budget de l’empire américain représente 6% du PIB, soit 20 fois plus). Pour autant que nous puissions en juger, les Irlandais et les Suisses ne sont ni moins heureux ni moins prospères que les Américains.

Alors, pourquoi ne pas donner une chance à la paix ? La Russie a renoncé à sa désastreuse Union soviétique. La France s’est retirée du Vietnam et a renoncé à l’Algérie. La Grande-Bretagne a cédé l’Inde aux Indiens. Et chacune de ces nations s’en est trouvée mieux.

Et les Etats-Unis ? Pourquoi ne pas devenir une nation normale et décente, s’occupant de ses propres affaires et équilibrant son propre budget ?

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